Abstracts
Résumé
Dans cet article, les auteures s’intéressent aux pratiques et aux perceptions de jeunes québécois engagés politiquement de diverses façons. Partant des résultats d’une recherche qualitative menée auprès de 50 jeunes qui militent au sein de collectifs (partis politiques et associations aux enjeux divers) et auprès de 30 jeunes consommateurs et consommatrices engagés, elles proposent une analyse sur les caractéristiques des nouvelles formes d’engagement politique. Elles montrent que ces jeunes, au-delà des différences dans les modes d’action politique, partagent des objectifs semblables, en plus d’avoir vécu un parcours de vie similaire qui les a conduits, les uns vers le militantisme, les autres vers des formes plus individualisées d’engagement. Cet engagement est marqué par un souci de cohérence éthique et par l’importance accordée à la responsabilité individuelle.
Abstract
In this article, the authors are interested in the diverse forms of political commitment of young adults (18-30 years old) in Quebec. Joining a new thought regarding political commitment terms (more individualized, distanced), they present the results of a qualitative research done among 50 young adults engaged in different political parties (20) and associations (30), and among 30 young adults individually concerned by fair trade issues. The authors start by reviewing the activist trajectory followed by these young adults and explain the characteristics and meaning of their involvement. Then, they show that these young adults have similar objectives (act to change the world, participate in the founding of a better world). Their commitment also expresses a sense of responsibility (altruism) towards « Others » (future generations, society, health of the planet, etc.).
Download the article in PDF to read it.
Download
Appendices
Notes
-
[1]
Du côté des États-Unis, voir, entre autres : Jeffrey Jensen Arnett, 1997, « Young People’s Conception of the Transition to Adulthood », Youth and Society, vol. 29, no 1, p. 3-23 ; Judith Torney-Purta et Jo-Ann Amadeo, 2003, « A Cross-national Analysis of Political and Civic Involvement Among Adolescents », PSOnline, [www.apsanet.org] ; Stephen E. Benett, 1997, « Why Young Americans Hate Politics and What We Should Do About It », Political Science and Politics, vol. 30, no 1, p. 47-53 ; et, pour le Québec : Raymond Hudon et Bernard Fournier, 1994, Jeunesses et politique. Tome 1 : Conceptions de la politique en Amérique du Nord et en Europe, Sainte-Foy, Presses de l’Université Laval ; Madeleine Gauthier et Pierre-Luc Gravel, 2003, « La participation des jeunes à l’espace public au Québec, de l’associationnisme à la mobilisation », dans Regard sur la jeunesse au Québec, sous la dir. de Madeleine Gauthier, Québec, Presses de l’Université Laval et Éditions de l’Institut québécois de recherche politique ; Anne Quéniart et Julie Jacques, 2004, Apolitiques les jeunes femmes ?, Montréal, Éditions du remue-ménage ; Michel Venne, 2005. « Jeunes et lucides », dans Jeunes et engagés, sous la dir. de Miriam Fahmy et Antoine Robitaille, Montréal, Fides, p. 6-8.
-
[2]
Voir, entre autres : Olivier Galland et Bernard Roudet, 2001, Les valeurs des jeunes :Tendances en France depuis 20 ans, Paris, L’Harmattan, coll. « Débats Jeunesse » ; Pierre Bréchon, 1995, « Politisation et vote des jeunes », Agora débats/jeunesse, vol. 2, 3e trimestre, p. 9-21 ; Anne Muxel, 2001, L’expérience politique des jeunes, Paris, Presses de Sciences Po ; Bernard Roudet (dir.), 1996, Des jeunes et des associations, Paris, L’Harmattan ; Valérie Becquet et Chantal De Linares, 2005, Quand les jeunes s’engagent. Entre expérimentations et constructions identitaires, Paris, L’Harmattan.
-
[3]
Voir Anne Milan, 2005, « Volonté de participer : l’engagement politique chez les jeunes adultes », Tendances sociales canadiennes, Statistique Canada ; et Élections Canada, 2005, Estimation du taux de participation par groupes d’âge à la 38e élection générale fédérale (28 juin 2004), [http ://www.statcan.gc.ca/pub/11-008-x/2005003/article/8965-fra.pdf], consulté le 21 août 2006.
-
[4]
Michel Venne, 2005, « Jeunes et lucides », dans Jeunes et engagés, sous la dir. de Fahmy et Robitaille, op. cit., p. 6-8.
-
[5]
Nadia Bellaoui, 2005, « L’engagement bénévole des jeunes et des étudiants », dans Quand les jeunes s’engagent…, sous la dir. de Becquet et De Linares, op. cit., p. 127-138.
-
[6]
. Roch Beaudet et Frédéric Lapointe, 2001, Lumière sur la place des jeunes dans les lieux décisionnels sur l’île de Montréal, Forum jeunesse de l’île de Montréal et Conseil régional de développement de l’île de Montréal.
-
[7]
Madeleine Gauthier, 2000, « La participation des jeunes à la vie civique emprunte des voies différentes », dans Être jeune en l’an 2000, sous la dir. de Madeleine Gauthier, Luce Duval, Jacques Hamel et Bjenk Ellefsen, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, p. 50-54.
-
[8]
Roudet, Des jeunes et des associations, op. cit.
-
[9]
Nathalie Rossini, 2005, « Les jeunes engagés dans les conseils locaux : des acteurs à part entière ? », dans Quand les jeunes s’engagent…, sous la dir. de Becquet et De Linares, op. cit., p. 139-154.
-
[10]
Milan, « Volonté de participer : l’engagement politique chez les jeunes adultes », op. cit.
-
[11]
. Dietlind Stolle, Marc Hooghe et Michele Micheletti, 2005, « Politics in the Supermarket : Political Consumerism as a Form of Political Participation », International Political Science Review, vol. 26, no 3, p. 245-269.
-
[12]
Notamment ceux de Jørgen Goul Andersen et Mette Tobiasen, 2003, « Who Are These Political Consumers Anyway Survey Evidence from Denmark ? », dans Politics, Products, and Markets. Exploring Political Consumerism Past and Present, sous la dir. de Michele Micheletti, Andreas Føllesdal et Dietlind Stolle, New Brunswick, Transaction Press.
-
[13]
Stéphanie Giamporcaro-Saunière, 2005, « L’émergence des ‘invest’acteurs’ : un concept séduisant à l’épreuve de l’enquête de terrain », dans Pour une « autre » consommation. Sens et émergence d’une consommation politique, sous la dir. de Judith Ferrando Y Puig et Stéphanie Giamporcaro-Saunière, Paris, L’Harmattan, p. 17-26.
-
[14]
Alain Borredon, 1997, « Les jeunes et le changement social », Futurible, no 219 ; et Bréchon, « Politisation et vote des jeunes », p. 9-21.
-
[15]
Muxel, L’expérience politique des jeunes, p. 47.
-
[16]
Voir Pascal Perrineau (dir.), 1994, Engagement politique. Déclin ou mutation ?, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques ; et Jacques Ion, 1997, La fin des militants ?, Paris, Éditions de l’Atelier.
-
[17]
Jacques Ion et Bernard Ravon, 1998, « Causes publiques, affranchissement des appartenances et engagement personnel », Lien social et Politiques, no 39, p. 59-71, à la p. 64.
-
[18]
Jacques Ion, 2005, « Quand se transforment les modes d’engagement dans l’espace public public », dans Quand les jeunes s’engagent…, sous la dir. de Becquet et De Linares, op. cit., p. 23-33, à la p. 27.
-
[19]
Didier Lapeyronnie, 2005, « L’engagement à venir », dans Quand les jeunes s’engagent…, sous la dir. de Becquet et De Linares, op. cit., p. 50-51.
-
[20]
Dan Ferrand-Bechmann, 2000, Le métier de bénévole, Paris, Anthropos.
-
[21]
Francine Labadie, 2005, « Modernité et engagement des jeunes », dans Quand les jeunes s’engagent…, sous la dir. de Becquet et De Linares, op. cit., p. 62-70, à la p. 68.
-
[22]
Ion, « Quand se transforment les modes d’engagement… », p. 26.
-
[23]
Recherche subventionnée par le Programme PAFACC (Programme d’aide financière aux chercheurs et aux créateurs) de l’UQAM et par le CRSHC (Conseil de recherches en sciences humaines du Canada) (2004-2007).
-
[24]
Corinne Gendron, 2006, « La consommation comme mobilisation sociale : l’impact des nouveaux mouvements sociaux économiques sur la structure normative de l’industrie forestière », dans Pour une « autre » consommation…, sous la dir. de Ferrando Y Puig et Giamporcaro-Saunière, op. cit., p. 73-87.
-
[25]
Équiterre, 2007, Le marché de l’ASC au Québec. Rapport final, Étude de marché réalisée par la firme Darvida Conseil.
-
[26]
Anne Macey, 2006, « Production biologique certifiée au Canada en 2005 », Rapport préparé pour Canadian Organic Growers, Agriculture et Agroalimentaire Canada.
-
[27]
Équiterre, 2007, Le marché de l’ASC au Québec. Rapport final, op. cit.
-
[28]
Pierre Paillé, 1994, « L’analyse par théorisation ancrée », Cahiers de recherche sociologique, n° 23, p. 147-181.
-
[29]
Anne Laperrière, 1997, « La théorisation ancrée (grounded theory) : démarche analytique et comparaison avec d’autres approches apparentées », dans La recherche qualitative. Tome 1. Enjeux épistémologiques et méthodologiques, sous la dir. de Jean Poupart, Jean-Pierre Deslauriers, Lionel Henri, Groulx, Anne Laperrière, Robert Mayer et Alvaro P. Pires, Montréal, Gaëtan Morin éditeur, p. 309-340.
-
[30]
Voir Bruno Maresca, 2001, « La mobilisation écologique, conscience individuelle ou collective ? », Économie et Humanisme, n° 357, p. 33-37 ; et Tristan Lecompte, 2004, Le commerce équitable, Paris, Eyrolles.
-
[31]
Au moment de notre recherche de terrain auprès des jeunes qui militaient au sein d’un parti politique, l’ADQ (Action démocratique du Québec), qui n’avait pas l’importance politique qu’elle a aujourd’hui (un seul député élu, Mario Dumont), ne possédait pas de comité de jeunes au sein duquel nous aurions pu recruter des membres de ce parti.
-
[32]
Le groupe SalAMI ! est né avec la tenue d’une campagne d’actions citoyennes contre l’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI, d’où vient d’ailleurs le nom à SalAMI !).
-
[33]
Pour des détails sur les caractéristiques des groupes retenus, voir Quéniart et Jacques, Apolitiques les jeunes femmes ?, op. cit. ; et Anne Quéniart, Chantal Bayard et Julie Jacques, 2006, Trajectoires et sens des pratiques des jeunes québécois militant au sein de partis politiques et de groupes associatifs : une analyse qualitative, rapport de recherche, Département de sociologie, UQAM.
-
[34]
Voir Paillé, « L’analyse par théorisation ancrée », op. cit.
-
[35]
Pour plus de détails sur les critères de validité et de fiabilité de la recherche qualitative en sociologie, voir Anne Laperrière, 1997, « Les critères de scientificité des méthodes qualitatives », dans La recherche qualitative. Tome 1…, sous la dir. de Poupart et al., op. cit., p. 365-389.
-
[36]
Gregor Stangherlin, 2006, « L’approche biographique de l’engagement public dans la modernité avancée », Recherches sociologiques et anthropologiques, vol. 37, no 1, p. 143-158.
-
[37]
Anne Muxel, 1993, « Seuils d’entrée en politique : entre héritage et expérimentation », dans L’allongement de la jeunesse, sous la dir. d’Antoine Cavalli et Olivier Galland, Paris, Actes-Sud, p. 153-164.
-
[38]
Muxel, L’expérience politique des jeunes, op. cit.
-
[39]
Sur cet aspect, voir aussi Muxel, L’expérience politique des jeunes, op. cit.
-
[40]
Rappelons qu’en 1982 le Québec s’était opposé à une nouvelle loi constitutionnelle, l’excluant du coup du cadre constitutionnel canadien, et qu’en 1987 « L’accord du lac Meech » était signé dans le but d’y remédier ; cet accord a été rejeté en 1990, à la suite de nombreuses oppositions partout au Canada. Enfin, l’« Accord de Charlottetown », une autre tentative de réforme constitutionnelle, a été rejeté par référendum en 1992.
-
[41]
Organismes génétiquement modifiés.
-
[42]
Marc Poncelet (dir.), 2005, Un commerce équitable et durable entre marché et solidarité : Diagnostic et perspectives. Part I. « Sustainable Consumption and Production Patterns », Rapport final, Politique scientifique fédérale, Bruxelles.
-
[43]
Perrineau, L’engagement politique : déclin ou mutation ?, p. 13.
-
[44]
Érik Neveu, 2000 (nouvelle édition), Sociologie des mouvements sociaux, Paris, La découverte, p. 9-10.
-
[45]
Pour plus de détails, voir Anne Quéniart et Julie Jacques, 2004, « Political Involvement Among Young Women : A Qualitative Analysis », Citizenship Studies, vol. 8, no 2, p. 177-193 ; et Quéniart et al., Trajectoires et sens des pratiques des jeunes québécois…, op. cit.
-
[46]
Neveu (Sociologie des mouvements sociaux, p. 78) reprend ici l’analyse de Daniel Gaxie, 1977, « Économie des partis et rétributions du militantisme », Revue française de science politique, vol. 27, no 1, p. 123-154.
-
[47]
Jacques Ion, 1994, « L’évolution des formes de l’engagement public », p. 33.
-
[48]
Claude Dubar, 2000, La crise des identités, Paris, Presses universitaires de France, p. 20.
-
[49]
Id., p. 11.
-
[50]
Selon le titre de l’ouvrage de Laure Waridel, 2005, Acheter, c’est voter. Le cas du café, Montréal, Les Éditions Écosociété, Équiterre et Laure Waridel.
-
[51]
Nous avons développé cette idée ailleurs. Voir, entre autres, Anne Quéniart, Julie Jacques et Catherine Jauzion, 2007, « Consommer autrement : une forme d’engagement politique chez les jeunes », Nouvelles pratiques sociales, vol. 20, no 1, p. 181-195.
-
[52]
Le système des paniers biologiques de l’Agriculture soutenue par la communauté (ASC) repose sur un partenariat entre le producteur qui s’engage à offrir des fruits et des légumes certifiés biologiques à prix abordable et le consommateur qui devient partenaire de ce dernier en acceptant de le payer à l’avance, partageant ainsi les risques liés à la production.
-
[53]
Citée dans Caroline Mailloux, 2005, « Le consumérisme politique, un nouvel outil politique ? », Bulletin Oeconomia Humana, vol. 3, no 8, p. 10.
-
[54]
Anne Marchand, Pierre De Coninck et Stuart Walker, 2005, « La consommation responsable. Perspectives nouvelles dans les domaines de la conception de produits », Nouvelles pratiques sociales, vol. 18, no 1, p. 39-56, à la p. 42.
-
[55]
Notamment Équiterre, Greenpeace, Word Animal Foundation, Réseau québécois pour la simplicité volontaire, Oxfam, groupes écologistes collégial et universitaire….
-
[56]
Nous avons développé cette idée de la spirale dans Anne Quéniart, Julie Jacques et Catherine Jauzion, 2008, « Le commerce équitable : un moteur de transformation chez les consommateurs », Économie et solidarité, vol. 37, no 2, p. 57-73.
-
[57]
Nous ne pouvons développer dans cet article cette idée d’un engagement centré sur le primat de l’action « ici et maintenant » plutôt qu’un engagement axé sur la défense d’une seule grande « cause » ou idéologie et visant une transformation globale et à long terme, qui ressortait dans toutes les entrevues.
-
[58]
Henri Lamoureux, 1996, Le citoyen responsable. Éthique de l’engagement social, Montréal, VLB éditeur, p. 14.
-
[59]
Claude Martin et Jean-Claude Martin, 1998, « Présentation. Liens personnels, liens collectif », Lien social et Politiques, no 39, p. 5-13, à la p. 9.
-
[60]
Vincent Caradec et Danilo Martucelli (dir.), 2004, Matériaux pour une sociologie de l’individu. Perspectives et débats, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Le regard sociologique », p. 12.
-
[61]
Ion, « Quand se transforment les modes d’engagement… », p. 24.
-
[62]
Michelle Dobré, 2002, L’écologie au quotidien. Éléments pour une théorie sociologique de la résistance ordinaire, Paris, L’Harmattan.
-
[63]
Jacques Ion, Spyros Franquiadakis et Pascal Viot, 2005, Militer aujourd’hui, Paris, Éditions Autrement.
-
[64]
Voir Michèle Charpentier et Anne Quéniart, 2004, « Les femmes aînées et l’engagement social : une analyse exploratoire du cas des Mémés déchaînées », Lien social et Politiques, no 51, p. 135-144. « Les mémés déchaînées » est un mouvement alternatif réunissant des femmes préretraitées et retraitées. S’inspirant du groupe anglophone des Raging Grannies qui a pris naissance à Vancouver en 1990, il rassemble « des femmes militantes sans association partisane ; dévouées à la défense et à la sauvegarde de la beauté du monde ; décidées à le proclamer lors de manifestations, d’événements publics ou dans les médias », peut-on lire dans leur dépliant.
-
[65]
Ion, La fin des militants ?, p. 12.