Recensions

Realizing Hope : Life Beyond Capitalism de Michael Albert, New York, Zed Books, 2006, 198 p.[Record]

  • Simon Tremblay-Pépin

…more information

  • Simon Tremblay-Pépin
    Université du Québec à Montréal

Michael Albert démarre son dernier ouvrage, Realizing Hope : Life Beyond Capitalism, avec cette traditionnelle citation de Keynes qui apparaît déjà dans de nombreux livres sur l’économie participative : « [Le capitalisme] n’est pas un succès. Il n’est pas intelligent, il n’est pas beau, il n’est pas juste, il n’est pas vertueux – et il ne tient pas ses promesses. Bref, nous ne l’aimons pas et nous commençons à le mépriser. Par contre, quand nous nous demandons par quoi le remplacer, nous restons extrêmement perplexes » (p. vii). Cet appel a certainement l’avantage de bien mettre la table aux propos et au projet de recherche de l’écopar – abréviation de l’expression « économie participative » proposée par Normand Baillargeon – que lui et son collègue Robin Hahnel ont développé. Si l’introduction propose un rapide survol de ce modèle économique, le reste du travail qu’il accomplit est plus ambitieux et combien plus risqué ! En effet, dans Realizing Hope, M. Albert va là où ni lui ni son collègue R. Hahnel n’ont jamais osé aller. La vision de la société sur laquelle se basent leurs travaux est une théorie sociale appelée l’holisme complémentaire et développée dans un ouvrage précédent (Michael Albert et al., Liberating Theory, Cambridge, South End Press, 1986, 194 p.). Selon cette théorie, la société est composée de différentes sphères (la sphère politique, la sphère économique, la sphère communautaire et la sphère affinité-parentalité) qui sont régulées par des systèmes institutionnels (la hiérarchie, le capitalisme, le racisme et le patriarcat). Par exemple, dans la société américaine, la sphère économique est régulée par un système appelé le capitalisme et est composée de différentes institutions. L’économie participative est précisément une alternative à ce système économique et propose de nouvelles institutions pour la sphère économique. Dans Realizing Hope, au lieu de perfectionner ce modèle économique ou de répondre à des critiques formulées contre lui, M. Albert se lance plutôt dans la description de systèmes pour les autres sphères de la société et même dans la conception d’institutions précises pour voir comment pourraient être créées d’autres structures sociales compatibles avec l’écopar. Cette décision rompt avec une habitude de réserve qu’avaient prise les deux concepteurs de l’économie participative en affirmant très clairement qu’ils laissaient à d’autres, mieux informés dans ces domaines précis, le soin de mettre sur pied de nouveaux systèmes compatibles avec l’économie participative. Dans un peu moins de 200 pages, l’auteur présente 18 chapitres qui touchent des thèmes très diversifiés, dont voici quelques exemples : la politique, la famille, la communauté, le système international, l’écologie, la science et la technologie, l’éducation, l’art, le journalisme, l’athlétisme et le crime. Cela laisse fort peu d’espace pour aborder des sujets aussi vastes : le système international est traité en douze pages, l’écologie en dix et l’éducation en six. En matière de système politique, M. Albert s’appuie sur les travaux de Stephen Shalom qui a jeté les bases d’un système politique compatible avec l’économie participative. Les recherches de S. Shalom servent surtout à faire la démonstration qu’un autre système politique est possible. M. Albert n’approfondit pas la description du système, se contentant de pointer les avancées intéressantes et les arguments centraux des thèses de Shalom. L’ensemble des autres thèmes est traité à partir des réflexions de l’auteur, qui suit un modèle défini. Il entame d’abord une critique des institutions en place et fait la démonstration qu’elles ne respectent pas les valeurs de l’économie participative. Comme le holisme complémentaire utilise les concepts de domination, d’exploitation et d’émancipation dans un rapport de causalité avec les institutions sociales en place, la deuxième partie de ses …