Abstracts
Résumé
La poésie de David Gascoyne est tiraillée entre réinterprétation de symboles alchimiques et paysages en voie de désymbolisation, dilemme lié au caractère irreprésentable de la Deuxième Guerre mondiale. S’il est tentant de fabriquer de nouveaux schémas symboliques pour rendre compte de l’horreur à venir, de telles architectures ne donnent finalement lieu qu’à des jeux stylistiques où se désassemblent les composantes mythiques. En ce sens, elles préfigurent un autre aspect de la poésie gascoynienne, où les paysages européens sont peu à peu vidés de toute résonance symbolique, voire de toute signifiance. La situation ainsi dépeinte s’apparente aux friches de la modernité où « la perte de toute valeur mesurée par l’homme » suscite une nouvelle herméneutique tributaire de la réévaluation subjective. Dès lors, la déconstruction des symboles alchimiques sert de pont entre les intonations élégiaques héritées du modernisme et le rejet postmoderne des principes essentialistes.
Abstract
At the core of David Gascoyne’s poetry lies a tension between reinterpreting alchemical symbols and depicting desymbolized landscapes, a crux derived from the difficulty of envisioning The Second World War. While it may be tempting to devise new symbolic patterns so as to make sense of the coming horror, all such constructs ultimately boil down to stylistic interplays disassembling their mythical components. As such, they prefigure a different aspect of Gascoyne’s poetry in which European landscapes are gradually emptied of all symbolic resonance. The situation thus depicted is akin to the modernist wastelands where “the loss of all man-measured value” triggers a new hermeneutics dependent on subjective revaluation. In this respect, Gascoyne’s deconstruction of alchemical symbols acts as a bridge between elegiac intonations inherited from modernism and the post-modern rejection of essentialist tenets.
Appendices
Références bibliographiques
- Agamben, G. [(1995) 1997] : Homo Sacer, tome 1 (Le Pouvoir souverain et la vie nue), trad. M. Raiola, Paris, Seuil.
- Breton, A. [(1962) 1979] : Manifestes du surréalisme, Paris, Gallimard, coll. « Folio ».
- Duclos, M. (dir.) [1984] : Cahiers sur la poésie, no 2 (numéro spécial David Gascoyne), Université de Bordeaux III, Groupe d’études et de recherches britanniques.
- Gascoyne, D. [1970] : The Sun at Midnight, Londres, Enitharmon Press ;
- ———— [1984] : Journal de Paris et d’ailleurs, trad. C. Jordis, Paris, Flammarion ;
- ———— [1988] : Collected Poems 1988, Oxford, Oxford University Press ;
- ———— [1994] : Selected Poems, Londres, Enitharmon.
- Jung, C. G. [1970] : Psychologie et Alchimie, trad. H. Pernet et R. Cahen, Paris, Buchet/Chastel.
- Lienhardt, R. G. [1944] : « The Ultimate Vision », Scrutiny, vol. 12, no 2 (printemps), 140.
- Platon [(v. 385 av. J.-C.) 1967] : Cratyle, trad. É. Chambry, Paris, Garnier-Flammarion, coll. « GF ».
- Remy, M. [1984] : David Gascoyne ou l’Urgence de l’inexprimé, Nancy, Presses universitaires de Nancy.
- Ricoeur, P. [1975] : La Métaphore vive, Paris, Seuil.
- Suhamy, H. [1994] : Stylistique anglaise, Paris, PUF.