Abstracts
Résumé
Cet article vise à rapprocher le regard européen que Perec et Bober posent sur l’un des symboles de la nation américaine – Ellis Island – et le médium de l’album qui propose un « voyage » entre texte et photographies. À cheval sur deux plans temporels – historique et contemporain –, le texte oscille entre le marquage de l’énonciation présente et l’effacement de celle-ci, tandis que les photographies font alterner les photographies de Lewis Hine et celles de Perec et Bober qui photographient « ce qui reste » du centre d’immigration. Ce faisant, Perec se demande comment témoigner du passé. C’est précisément dans l’espace intermittent du livre d’images, dans le passage du noir et blanc à la couleur, dans le dialogue entre photographies et texte et dans la nécessité même de « tourner la page » qu’il parvient à faire apparaître le lieu insaisissable du passage du temps et de la disparition du passé.
Abstract
This paper sets out to link the European point of view that Georges Perec and Robert Bober have on Ellis Island with the picture book they made after their documentary film about the American Immigration Center. This album invites one to “ hop around ” from text to photographs. Overlapping two temporal levels – one is historical while the other is contemporary to the making of the documentary – the text either inscribes marks of enunciation or obliterates them, whereas the photographs alternate between Lewis Hine’s portraits of freshly arrived immigrants and Bober’s pictures of what is left of the former Immigration Center. On that basis, Perec wonders if it is possible to bear witness to the past, and how. It is precisely there that the picture book distinguishes itself. The contrast between old and contemporary photographs, the interaction between text and images and the mere possibility to “leaf through” the album enables it to circumscribe the indiscernible place of time passing by and vanishing away.