Abstracts
Résumé
On dit de la langue de Guyotat qu’elle est iconoclaste ou, plus proprement, logoclaste, puisqu’elle ne se contente pas de détruire les « images » qu’elle suscite, dans son refus de toute mimesis, mais s’immole aussi en tant que langue, à quoi elle substitue cette sous-langue ou cette langue en miettes qu’incarne l’idiolecte où elle se réinvente. Loin d’être la ruine du langage humain, cette parole vive, matricielle et génératrice, qu’on trouve dans Progénitures et dans l’ensemble de son oeuvre, est peut-être la chance inespérée d’une nouvelle histoire de la langue parlée, qui ne s’appuie plus sur la lutte des identités linguistiques (des propriétés ethniques, sociales et religieuses du discours) mais sur la conscience ravivée du mélange dont toute langue est faite. Chaque idiome est « entrelangue » dans la mesure où il s’inscrit entre deux états de langues comme les organes de la copulation et de la génération prennent sens dans un entre-corps, où se mélangent le même et l’autre en un monde « prostitutionnel » que Guyotat décrit en détail pour montrer que l’homme et sa parole n’existent que dans une progéniture ou une pro-genèse sans fin, bien plus que dans une Histoire dont on a dit qu’elle était finie.
Abstract
Guyotat’s language is said to be iconoclastic, or more acutely logoclastic since it does not merely ruin the “ images ” it produces in its strong denying of all mimesis, but also sacrifices itself as language for which it substitutes an infra or shattered language, which the idiolect it is reinventing itself in embodies. Far from ruining human language, this matricidal and generative discourse found in Progénitures, as well as in all of Guyotat’s works, could well be the opportunity for a new history of spoken language, a history that would no longer stress the fight between linguistic identities (ethnic, social and religious dimensions of discourse), but rather rely on a renewed awareness of the mixture every language is made of. Every idiom is an “ interlanguage ” because it lies in between two states of language just as the copulation and generation organs assume their full meaning in between two bodies, as an “ inter-body ”, one might say, where same and other get mixed in a “ prostitutionnal ” world. Guyotat details this world in order to show that man and its language live only in a progeny or an endless pro-genesis rather than within a History which, it was said, has come to its end.