Volume 28, Number 1, 2000 Variations sur l’origine Guest-edited by Jacques Cardinal
Table of contents (10 articles)
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Présentation
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Origine, provenance et surgissement. La recherche de la cause originale dans le platonisme grec
Georges Leroux
pp. 7–18
AbstractFR:
La conception philosophique grecque de l’origine s’amorce avec la recherche présocratique des causes premières et se développe dans la métaphysique de Platon. La doctrine platonicienne intègre les éléments narratifs de la physique et des cosmogonies antérieures, mais elle entreprend de les transformer par la position d’une origine du monde qui soit hors du temps. Cette étude examine plusieurs aspects de cette conception, en particulier dans le texte du Timée et dans le néoplatonisme postérieur.
EN:
The greek philosophical conception of the origin begins with the presocratic research of ultimate causes and it gains it’s full expression in the metaphysics of Plato. The platonic doctrine builds in the narrative elements of ancient physics and cosmogonies, but it works towards a transformation, by the theory of an extra-temporal origin of the world. This essay studies several aspects of this doctrine, mainly the theory exposed in the Timaeus and in posterior neoplatonism.
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Des origines de la peinture
Éric Méchoulan
pp. 19–29
AbstractFR:
Les discours sur l’origine de la peinture (ceux de Pline l’Ancien, d’Alberti, mais aussi ceux de la théologie chrétienne) permettent de saisir trois manières par où affleurent la source et la production de la peinture : l’ombre, le miroir, l’empreinte.
EN:
Different authors of treatises on the origin of painting (Pliny the Old, Alberti, christian theologians) give us the opportunity to apprehend three ways of understanding what painting produces : shadows, mirrors and prints.
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Suspensions… (Tableaux et dessins d’Andrée Marchand)
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L’incipit esquivé
Jean-Pierre Vidal
pp. 37–44
AbstractFR:
Si tous les commencements humains sont rétrospectifs et émergent comme des projections largement fantasmatiques, encore que logiques, à partir d’un présent arbitrairement immobilisé, nulle part mieux que dans un incipit de roman ce paradoxe temporel ne peut s’observer comme le véritable vortex de production sémiotique qu’il constitue. C’est ainsi qu’après avoir brièvement revisité le célèbre incipit du Voyage au bout de la nuit de Céline tel qu’en lui-même enfin celui du Voyeur de Robbe-Grillet le change, le présent article s’attache à montrer comment le personnage peut naître littéralement du paysage incipital en prenant pour exemple Le Neveu de Rameau de Diderot.
EN:
Discursively, beginnings are always retroactive. They are just backward projections from an everflowing present that has been stopped by an arbitrary decision, which lays it as some kind of milestone. Nowhere more than in the incipit of a novel can such a backward narrative surge be observed. After briefly looking at Céline’s Voyage au bout de la nuit, and Robbe-Grillet’s Le Voyeur, this article analyzes Diderot’s most famous incipit, the one present in Le Neveu de Rameau, showing for instance how the character of Rameau’s nephew literally comes from this initial vortex as from a semiotic ground.
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« Rien de nouveau sous les soleils ». Répétition et origine de l’histoire dans L’Éternité par les astres de Blanqui.
Jean-François Hamel
pp. 45–58
AbstractFR:
L’Éternité par les astres de Louis-Auguste Blanqui est révélatrice de la posture critique et ironique des écrivains modernes face aux philosophies de l’histoire du XIXe siècle. Le projet est à forte connotation politique, puisque Blanqui cherche à symboliser l’horizon des événements historiques sans réduire le déploiement du devenir à une Origine ou à une Finalité. L’aporie surgissant dans le texte ne peut toutefois que ramener la question de l’origine à l’avant-scène, puisque sa propre pragmatique doit nécessairement désigner le lieu et le moment de son avènement : comment s’engager dans la description du plan d’où procède toute historicité sans y laisser la marque de sa propre inscription historique ? Comment, sinon par la répétition, refuser à sa propre prise de parole une origine ?
EN:
Louis-Auguste Blanqui’s L’Éternité par les astres reveals the modern writers’ critical and ironic attitude towards nineteenth century philosophy of history. Blanqui’s project is politicallyoriented, since it tries to symbolize the horizon of historical events without reducing it to an Origin or an Ending. The aporia that appears in his text nevertheless reintroduces the question of origin because his own pragmatics necessarily designates the place and time of its event. How can one pursue the description of a plane, from which all historicity proceeds, without leaving the marks of his own historical inscription ? How, except by repetition, can one refuse to acknowledge the origin of his own speech ?
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L’ombilic de Dieu. Le fou et le cabaliste
Anne Élaine Cliche
pp. 59–74
AbstractFR:
L’auteur fait ici une relecture du cas Schreber et de ses troublants rapports à Dieu. Le Dieu de Schreber est un dieu de langage, et le système complexe de rayons et de nerfs qui le rattache à Schreber a une consistance verbale. Cette merveilleuse construction vient répondre à une origine défaillante entrevue par le psychotique comme un trou sans bord provoquant l’effondrement des mondes. L’analyse compare cet aspect du système schreberien avec la logique du cabaliste Abraham Aboulafia et son émanation du « dibbour », projection et contemplation des lettres de l’alphabet hébraïque comme ombilic de Dieu. Le fou et le cabaliste se rencontrent sur cette question de l’origine.
EN:
This article presents a rereading of the Schreber case, especially of its disturbing relationship to God. Schreber’s God is a God of language, and the complex system of rays and nerves, which connects him to Schreber is of a verbal nature. This incredible construction appears to be an answer to a failing origin, glimpsed at, by the psychotic subject, as a hole without edge, which provokes a collapse of all worlds. This analysis compares the schreberian system with the cabbalist work of Abraham Aboulafia and his creation of “ dibbur ”, a projection as well as an interpretation of the Hebraic alphabet’s letters as God’s umbilicus. On this question of origin, the insane and the cabbalist somehow seem to meet.
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Le bon ange de la certitude. À l’origine du sujet et du nom chez Proust
Jacques Cardinal
pp. 75–93
AbstractFR:
La question de l’origine de la conscience se pose chez Proust depuis une expérience singulière de la mémoire. En analysant la poétique, l’imaginaire et l’enjeu symbolique de la nomination, l’auteur montre que l’origine n’est pas que vertige et oubli, mais expérience de la consistance et de quelque ponctuelle certitude. L’analyse permet d’expliciter aussi la logique du signifiant, c’est-à-dire ce qui, depuis l’origine de ces premières traces de désir, ne cesse de hanter la parole du sujet.
EN:
This article investigates the origin of consciousness in Proust’s À la Recherche du temps perdu. An exercise in close reading, it will show the function of the name in the Narrator’s quest for knowledge, memory and identity. It will also reveal the importance of the signifier (and its logic) which is, at the origin, not only a letter, but the body of the subject. Reading Proust involves therefore the initial recognition of this body of desire.
Hors dossier
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Laïcisation de la littérature québécoise et tradition rhétorique. Un cours de littérature à l’École normale de Chicoutimi (1912-1913)
Fernand Roy
pp. 94–104
AbstractFR:
Cet article présente puis commente la théorie inhérente à un cours de littérature donné en 1912-1913 à l’École normale de Chicoutimi par un ex-professeur de Rhétorique. L’auteur y met en évidence que la croyance religieuse du professeur y sert d’explication justificative de la vision monologique du langage – et de la dyade « fond / forme » – que véhiculait, depuis Aristote, la tradition rhétorique. Et il propose que la laïcisation de la littérature québécoise ne se serait pas faite en réaction à l’idéologie cléricalo-religieuse, mais en continuant de cautionner une vision pré-dialectique du langage.
EN:
This article presents then comments the literary theory inherent to a literature course, one thought in 1912-1913 at Chicoutimi’s École Normale, by Rhétorique’s professor. It will show that this teacher’s religious beliefs worked as a justifying explanation for a monologic vision of language – and the “ content/form ” opposition – which, since Aristotle, has been conveyed by rhetorical tradition. It will finally show that, while the secularization of Quebec literature was indeed accomplished in reaction against the clerical religious ideology, it nevertheless went on supporting a predialectic vision of language.
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Microlecture et macro-enjeux de la narration graphique. L’arpentage de Jan Baetens
Philippe Sohet
pp. 107–112
AbstractFR:
Dans le domaine de la narration graphique comme ailleurs, la crise généralisée des pratiques culturelles aura souvent stimulé le redéploiement de l’appareil théorique. Depuis quelques années, les travaux de Jan Baetens s’attachent notamment à décrire la complexité du dispositif propre aux récits en images. Privilégiant la méthode des microlectures, son dernier ouvrage, Formes et politique de la bande dessinée, analyse finement certains des paramètres expressifs (couleur, dynamique icono-linguistique, enjeu narratif) tout en s’interrogeant sur les conditions de production et la mise en circulation des oeuvres. Au-delà du domaine de la narration graphique, les perspectives évoquées constituent un outil précieux pour revoir le champ culturel dans son ensemble.
EN:
In the field of “ visual and graphic narratives ”, as in other arts, the recent crisis in cultural practices has stimulated a new vitality in theoretical thinking. Jan Baetens has proposed, these last few years, in depth analyses of the parametric ressources of graphic narratives. In his last essay, Forme et politique de la bande dessinée, he has described meticulously aspects of these ressources (color, iconic and linguistic codes, the impact of the narrative form), as well as the conditions of production and circulation of these graphic works. His reflexions constitue a wonderful point of view, from which to question the cultural field as a whole.