Que la formation des ingénieurs ne se réduise pas aux sciences et techniques et comprenne aussi une formation en sciences humaines, sociales et économiques (SHSE) se comprend dès lors que l’on prend en considération les activités réelles des ingénieurs et leurs fonctions dans les entreprises. Celles-ci ne se limitent pas au calcul scientifique et la conception et fabrication technique, l’ingénieur est aussi chef de projet, responsable d’équipe, manager, dirigeant d’entreprise… Il peut être confronté à des prises de décision à forts enjeux sociétaux, à d’autres cultures et valeurs que les siennes. Il est pris dans des relations professionnelles où le comportement stratégique des acteurs est souvent central … Mais la question de cette formation ne va pas sans dire. Par qui est-elle assurée ? Comment est-elle assurée ? Repose-t-elle sur des champs scientifiques ? Est-elle adossée à la recherche ? La formation des ingénieurs ouverte sur les SHSE Positionnement de la formation des ingénieurs, par rapport à cette question en France L’intérêt que les Écoles d’ingénieurs en France portent à la formation en sciences humaines, sociales et économiques pour les élèves ingénieurs ne date pas d’aujourd’hui. Ainsi l’INSA de Lyon (Institut National des Sciences Appliquées) avait dès sa création en 1957 ouvert un « centre des humanités », en 1991 le directeur de l’enseignement supérieur des télécommunications crée le groupe « Humanité pour les ingénieurs », en 1992, la journée organisée par la Conférence des Grandes Écoles s’intitule « Sciences humaines et métiers d’ingénieurs , en 1996 avait lieu à Lyon une colloque intitulé « Humanités et Grandes Écoles »… et l’on pourrait continuer à citer des événements et des déclarations marquant l’importance d’une telle formation pour les ingénieurs. Mais son organisation concrète est plus problématique. Si quelques postes statutaires en SHSE existent dans certaines Écoles, le plus souvent les enseignements en SHSE sont confiés à des consultants et intervenants extérieurs qui ne font pas partie du corps des enseignants titulaires des Écoles. N’est-ce pas une façon de dire que malgré les affirmations de bonne intention, on estime que ces enseignements ne font pas partie des mêmes types d’enseignements que les sciences et techniques ? Ces dernières sont aujourd’hui toujours adossées à la recherche qui confère la légitimité scientifique aux enseignements. Qu’en est-il pour les SHSE ? Il serait sans doute « contre-productif » de dire que les ingénieurs ne doivent pas être ouverts aux questions économiques, humaines et sociales, mais comment former à ces questions qui engagent le comportement, la relation à l’éthique, le rapport aux autres ? La façon dont l’enseignement et la formation en SHSE sont assurés dans les Écoles indique sans doute la conception que celles-ci se font de leur légitimité et de leur valeur. La question reste ouverte. Positionnement de la formation des ingénieurs, par rapport à cette question au Québec Au Québec, la profession d’ingénieur est sous l’égide d’Ingénieur Canada, qui est l’organisme centralisateur qui appuie les ordres provinciaux et territoriaux dans la régulation de la profession d’ingénieur. Il représente les ingénieurs canadiens par rapport à de nombreux enjeux touchant notamment le développement durable, la reconnaissance et la mobilité nationale et internationale des ingénieurs. Ingénieur Canada délivre aux ingénieurs leurs permis d’exercice de la profession. À cette fin, Ingénieur Canada a institué en 1965 le Bureau canadien d’agrément des programmes de génie (BCAPG), qui édicte les principes et les normes d’accréditation des programmes universitaires de premier cycle en génie au Canada. Ces normes constituent un cadre général qui assure la qualité de l’enseignement du génie et les compétences des étudiants en regard des enjeux sociaux du moment. La première norme en matière d’études complémentaires, …
La place de la recherche en sciences humaines, sociales et économiques dans les écoles d’ingénieursBilan et perspectives[Record]
…more information
Michel Sonntag
INSA, Strasbourg, FranceFrançois Gitzhofer
Faculté de génie, Université de Sherbrooke, CanadaMichel Lejeune
École polytechnique de Montréal, Canada