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Introduction

L’objectif de cet article est d’effectuer un retour méthodologique sur des recherches antérieures menées au Centre de recherche sur l’intervention éducative et socioéducative (CRIÉSÉ). Au fil du temps, le recours à l’analyse du discours par l’entremise de l’analyse lexicométrique et des techniques d’analyse de la statistique textuelle fondée sur les travaux de Lebart et Salem (1994) s’est avéré un outil précieux pour nos recherches. Plusieurs avancées méthodologiques et statistiques sont dorénavant déployées afin de pallier aux lacunes identifiées par la documentation scientifique à l’égard de l’analyse du discours. Néanmoins, il nous apparaît important d’identifier l’intérêt de poursuivre dans cette voie, de revenir à l’essentiel des caractéristiques qui fondent les représentations sociales et surtout de préciser en quoi les méthodologies mises de l’avant permettent l’étude des représentations sociales. Quelles en sont les limites ? Les nouveautés introduites permettent-elles de mieux les étudier ? Que devrions-nous améliorer ou prendre en considération lors d’enquêtes futures ?

1. Rétrospective des recherches

Depuis plus d’une quinzaine d’années, les travaux de chercheurs membres du CRIÉSÉ et des autres centres de recherche qui l’ont précédé ont eu recours à la théorie des représentations sociales afin d’étudier les liens s’établissant entre ces représentations et les pratiques enseignantes. Un article de Lenoir, Larose, Grenon et Hasni (2000) s’intéressait à la stabilité des représentations de la stratification des matières scolaires au Québec. Dans cet article, les résultats provenant de six recherches menées depuis 1981 visaient à répondre à la question suivante : ces représentations sont-elles demeurées stables ou ont-elles évolué au cours des vingt dernières années ? En somme, le recours à des tâches de classement en ordre des matières scolaires par le biais de questionnaires d’enquête ainsi que d’entretiens semi-dirigés a permis, sur le long terme et dans le cadre de plusieurs recherches subventionnées, de dégager une certaine stabilité de la hiérarchisation des matières de la part des enseignants. Les justifications théoriques à l’égard de l’étude des représentations sociales et des choix méthodologiques de nos démarches de recours à la statistique textuelle se trouvent dans l’article de Larose et Lenoir (1998).

Notons simplement que le principe de base de l’utilisation des modèles factoriels en statistique textuelle appliquée à l’analyse des représentations sociales est fort simple. Le discours des individus, en ce qu’il porte sur un objet commun et qu’il se réfère à l’usage d’un vocabulaire contextualisé implique la présence de concepts stables représentés par le recours à des structures lexicales (mots) et syntaxiques (segments de phrases) récurrentes et communes [...]. Ils forment le fondement du regroupement des sujets, au regard de leur discours, autour du croisement des axes d’un plan factoriel. En fait, ces éléments discursifs constituent le contenu même du noyau central de la représentation.

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En ce qui a trait aux traitements des questions visant à hiérarchiser les matières scolaires, la justification des analyses en grappes (cluster analysis) se trouve dans Lenoir, Larose, Grenon et Hasni (2000).

Par la suite, d’autres recherches, principalement descriptives, ont suivi ces méthodes de recueil et de traitement des données afin d’étudier les représentations sociales. Mentionnons le mémoire de Lisée (2008) qui s’intéressait à décrire les représentations sociales des futures enseignantes au regard du domaine des sciences et de la technologie par le biais de questionnaires et d’entrevues. De plus, les recherches subventionnées associées aux textes de Bédard, Potvin, Couturier, Larose, Lenoir et Terrisse (2010), de Larose, Dirand, Gitzhofer et Bourque (2006), de Larose, Grenon, Bédard, Dezutter, Hasni, Lebrun, Morin, Samson, Theis, Thomas et Savoie (2008) et de Larose, Lenoir, Bacon et Ponton (1994) s’inscrivent dans cette tradition.

2. Avancées méthodologiques

Les plus récentes occasions de recherche ont amené les différentes équipes à recourir à des entrevues semi-dirigées menées auprès de plusieurs centaines de participants. Sur le plan de la pertinence scientifique, le fait d’obtenir des échantillons substantiels de répondants présente un avantage certain. Néanmoins, la gestion des intervieweurs pose un défi supplémentaire dans un contexte de recours aux entrevues en présentiel ou réalisées par téléphone. En effet, la rigueur dans la manière dont les intervieweurs gèrent les entrevues et surtout les moments où les interviewés répondent difficilement aux questions qui leur sont posées s’avère un élément difficile à contrôler. L’homogénéité tant recherchée entre les interviewers ne s’obtient pas simplement en formulant des questions claires, courtes et précises et en ayant un protocole d’entrevue préparé. Il faut prévoir des relances et/ou des reformulations en fonction des objectifs visés par les questions et surtout bien faire comprendre aux interviewers leurs rôles respectifs. Il est évident qu’un protocole bien préparé et sa validation auprès d’un échantillon restreint de répondants sont deux éléments incontournables. Il faut aussi prévoir des séances d’entraînement et se prêter aux jeux de rôles d’intervertir les rôles d’interviewer et de participant pour les assistants de recherche qui auront à intervenir en tant qu’interviewer. Malgré toutes ces précautions, comment savoir si les interviewers ont bel et bien suivi les consignes ? Des vérifications périodiques des enregistrements audio des entrevues peuvent constituer une voie à privilégier. En sus, l’analyse du discours en utilisant une variable interviewer pour partitionner le discours permet d’identifier des variations dans la manière de mener les entrevues. Sur les grands nombres, chaque intervieweur devrait obtenir un discours stable et une part de variance du discours. Le recours à une analyse factorielle des correspondances sur la table de contingence créée permet d’identifier facilement les interviewers qui se distinguent dans leurs manières de faire. Il est ainsi possible de corriger le tir en cours de route ou de décider d’éliminer certaines parties des réponses obtenues si elles ne satisfont pas à la rigueur exigée par cette méthode.

Les grands échantillons représentent des défis, mais les échantillons plus restreints comportent eux aussi leur lot de problèmes. L’analyse du discours auprès d’échantillons petits peut subir plus facilement l’influence de variations individuelles de la part des participants. De plus, puisque la richesse du vocabulaire y est généralement plus faible, le recours à des mots plus recherchés amène de la variance individuelle plus grande. En réponse à cette critique du recours à l’analyse lexicométrique auprès d’échantillons plus petits, les travaux de Lebart (2004) ont permis d’ajouter des procédures statistiques permettant de juger de la stabilité des positions des mots dans les plans factoriels. Dans un contexte d’étude des représentations sociales, nous cherchons à identifier les mots stables présents dans le discours en tant qu’éléments du noyau central. Selon la théorie du noyau central initiée par Abric (1987), la représentation est définie comme une structure hiérarchisée composée de deux systèmes : l’un central et l’autre périphérique. L’identification des éléments centraux et de leur stabilité représente un défi auquel la lexicométrie apporte plusieurs réponses. Néanmoins, il s’avère difficile de travailler avec des échantillons restreints puisque de faibles différences dans les profils de réponse peuvent engendrer de grands écarts dans les plans factoriels. Par conséquent, les variations dues à la faiblesse de l’échantillon de recherche se doivent d’être identifiées. La création d’intervalles de confiance suite à des procédures de rééchantillonnage des données permet de juger des perturbations aléatoires introduites dans les données et surtout de leurs effets sur les positions des mots (Lebart, 2004). À titre d’exemple de recours au rééchantillonnage, les travaux de thèse de Grenon (2008) permettent de visualiser les intervalles de confiance construits autour des positions originales des mots. Ces travaux, en contexte d’analyse du discours et non pas réalisés en contexte d’étude des représentations sociales, mettent en exergue les dangers de recourir à des échantillons faibles sans tenir compte des intervalles de confiance. En intégrant ces avancées statistiques (le rééchantillonnage du discours et les intervalles de confiance), il est ainsi possible de distinguer les mots qui représentent véritablement du discours commun partagé par les participants et de nuancer les positions de certains mots qui auraient des intervalles trop excentrés malgré une position jugée centrale sans tenir compte des intervalles.

À titre d’exemple, la figure 1 présente l’analyse lexicométrique du discours telle que nous la menions jusqu’en 2008. L’identification des éléments centraux s’effectuait par rapport au croisement des axes factoriels sans pouvoir connaître la stabilité des positionnements advenant une faible modification de la table de contingence.

Figure 1

Illustration lexicométrique antérieure à 2008

Illustration lexicométrique antérieure à 2008

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La figure 2, quant à elle, illustre les possibilités offertes par le rééchantillonnage des données auprès d’un échantillon de petite taille. Nous constatons que les intervalles de confiance (les zones tracées en bleu autour des mots ciblés) apportent un élément non négligeable à l’étude de la position des mots dans le plan factoriel Grenon (2008). Dans un contexte de tentative de détermination des éléments qui constituent le noyau central, la question de la stabilité des mots et de leurs positionnements relatifs est fort importante.

Figure 2

Illustration lexicométrique intégrant les intervalles de confiance à partir de 2008

Illustration lexicométrique intégrant les intervalles de confiance à partir de 2008

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Bien que nos méthodes d’analyse du discours se soient raffinées et qu’il soit possible de mieux gérer les entrevues réalisées par une équipe d’assistants de recherche, nous considérons important de nous questionner sur l’efficacité réelle de ces méthodes dans la détermination des éléments des représentations sociales. Nous considérons qu’un retour aux sources est nécessaire afin de bien nous positionner.

Revenir à la base des représentations sociales

Nous considérons, à l’instar de Dantier (2007), qu’il « sera toujours bon, en tout cas, dans toute enquête utilisant des questionnaires et des entretiens pour recueillir des informations issues (sic) de l’univers mental des individus, d’avoir à l’esprit les problématiques concernant les représentations et les théories que leur usage met en jeu. » (p. 5). Trop souvent, une méconnaissance des enjeux relatifs à l’étude des représentations sociales peut amener les chercheurs à négliger des éléments fondamentaux. Ceci entraîne des études peu approfondies sur ces phénomènes complexes que sont les représentations sociales. Jodelet (1994) rappelait qu’elles sont parfois étudiées de manière isolée en ciblant divers éléments tels que les éléments informatifs, cognitifs, normatifs, valeurs, croyances, attitudes, opinions, images, etc.

Bien qu’elles se distinguent des connaissances scientifiques, les auteurs du champ s’entendent sur une définition de la représentation sociale en tant que « forme de connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social. Également désignée comme “savoir de sens commun” ou encore “savoir naïf” » (Jodelet, 1994, p. 36).

La compréhension des représentations sociales s’avère importante puisqu’on reconnaît les représentations sociales « en tant que systèmes d’interprétation régissant notre relation au monde et aux autres [et qui] orientent et organisent les conduites et les communications sociales. De même interviennent-elles dans des processus aussi variés que la diffusion et l’assimilation des connaissances, le développement individuel et collectif, la définition des identités personnelles et sociales, l’expression des groupes, et les transformations sociales ». (Jodelet, 1994, p. 37). Abric (1994) insiste sur les fonctions des représentations sociales. Il en identifie quatre : (1) une fonction de connaissance de la réalité à travers un pré-codage et une intégration de l’information dans un cadre de référence commun et en cohérence avec les valeurs, normes et pratiques du groupe ; (2) une fonction identitaire permettant la définition et l’affirmation d’une appartenance ainsi que le positionnement par rapport aux autres groupes du champ social ; (3) une fonction de guide pour le comportement et pour les pratiques à travers la définition de la finalité de la situation, la production d’anticipations et d’attentes et la définition de ce qui est normatif ou contre-normatif au niveau de la conduite et (4) une fonction justificatrice des opinions et des actions à l’égard des objets, mais aussi de la différenciation sociale. Il va s’en dire que, de par leurs fonctions, l’identification des représentations sociales représente un atout pour la recherche en sciences de l’éducation.

3. Orientations théoriques

À partir du modèle initial de Moscovici (1961), plusieurs orientations théoriques ont vu le jour. Nous en retrouvons trois principales : (1) l’orientation ethnographique de Jodelet (1989) qui se centre sur l’origine de la représentation sociale (analyse plus qualitative) ; (2) la théorie des principes organisateurs de Doise (1992) où les représentations y sont définies comme étant des principes organisateurs des prises de position, elles mêmes déterminées par les positions de pouvoir liées aux insertions sociales des individus dans le champ social (analyse à l’aide de méthodes factorielles) ; (3) la théorie de noyau central d’Abric (1987) où la représentation est définie en tant qu’organisation structurée et hiérarchisée selon deux systèmes : un central et un périphérique (analyse par des techniques de mise en cause, analyse des similitudes, etc.).

Toutefois, il existe des risques inhérents à l›étude des représentations sociales. D›une part, être tenté de ramener l›étude des représentations à l›identification d›événements intra-individuels ou interindividuels. D›autre part, s›adonner à une forme de réductionnisme qui cherche à esquiver la complexité des processus en jeu dans cette notion.

3.1 L’étude des représentations sociales

En 1994, Jodelet insistait pour rappeler que les représentations sociales doivent être étudiées en articulant éléments affectifs, mentaux et sociaux et en intégrant à côté de la cognition, du langage et de la communication, la prise en compte des rapports sociaux qui affectent les représentations et la réalité matérielle, sociale et idéelle sur laquelle elles ont à intervenir (Jodelet, 1994). Elle rappelle aussi que les différents travaux menés sur le terrain se sont souvent centrés sur des aspects bien circonscrits des représentations. Ce faisant, on court le risque de les réduire à l’identification d’événements intra-individuels. Cette dérive réductionniste a longtemps freiné l’évolution de la théorie des représentations sociales. Il est bon de se rappeler que derrière la notion de représentation sociale se trouvent les processus individuels, interindividuels, intergroupes et idéologiques qui peuvent entrer en résonnance les uns avec les autres. C’est ce système complexe qui traduit le mieux cette réalité vivante que sont les représentations sociales.

3.2 La nécessité de recourir à des approches complémentaires

Il existe plusieurs modalités de recueil des représentations sociales, la plupart issues des sciences humaines et sociales. Bonardi et Roussiau (1999) nous en présentent les principales : (1) l’entretien non directif ou semi-directif (requiert une formation de l’intervieweur afin que l’information émane du seul interviewé sans participation active de l’intervieweur) ; (2) le questionnaire d’enquête qui est « l’outil d’analyse privilégié dans l’étude des représentations sociales » (p.35) qui permet une administration standardisée. On utilise généralement des questions à éventails de réponse pour lesquelles les participants doivent choisir les propositions qui leur conviennent ou en faire un classement ; (3) l’analyse documentaire qui s’avère être d’une grande richesse comme en témoignent les travaux de Moscovici (1961). À titre d’illustration, l’analyse de la presse peut renseigner sur les groupes et les catégories sociales qui se manifestent autour d’une thématique ; (4) l’association libre qui propose simplement un mot inducteur et qui demande d’y associer les termes qui leur viennent à l’esprit. C’est une méthode facile et rapide pour recueillir des informations sur les représentations sociales. Elle est d’un « grand intérêt pour les recherches de terrain où les participants ont peu de temps à consacrer au chercheur » (p. 39) ; (5) les planches inductrices qui, à partir de dessins, permettent d’aborder de manière verbale les réactions des sujets aux images présentées.

Plusieurs auteurs, dont Abric (1994) et De Rosa (1994), s’entendent pour dire que l’étude des représentations sociales devrait nécessiter des approches pluriméthodologiques tant quantitatives que qualitatives. Le croisement des données issues d’un entretien et d’un questionnaire est souhaitable et est fortement recommandé.

4. Retour sur notre démarche

La démarche que nous proposons repose sur l’analyse d’entretiens semi-directifs auprès d’un échantillon (le plus large possible) de répondants. Cette analyse s’effectue par une approche lexicométrique du discours ; elle repose sur l’identification d’éléments centraux associés au noyau central de la représentation sociale. Les mots excentrés étant généralement associés aux structures périphériques de la représentation.

À l’instar de Moliner et Martos (2005) qui considèrent que « les éléments centraux se caractérisent par un potentiel sémantique plus élevé que les éléments périphériques. Cela signifie donc que les premiers sont polysémiques parce qu’ils peuvent s’appliquer à un grand nombre de cas (ou expériences sources) tandis que les seconds sont plus univoques parce qu’ils désignent des cas particuliers » (p. 93), nous estimons retrouver ces constats dans nos propres recherches. Suite à leurs observations, ceux-ci indiquent trois fonctions du noyau central : (1) une fonction de dénotation qui repose sur les propriétés symboliques du noyau. De ce fait, « le noyau fournirait ainsi des étiquettes verbales permettant aux individus d’évoquer ou de reconnaître l’objet de représentation en faisant l’économie de longs discours et d’analyses approfondies » (p.94). Cette première fonction servirait à situer leur discours plutôt qu’à produire une signification intrinsèque ; (2) une seconde fonction l’agrégation serait directement liée au « potentiel sémantique des éléments centraux. De fait, ces éléments, relativement flous sur le plan de leur signification propre, permettraient aux individus de rassembler, sous un même terme, des expériences disparates et contextualisées » (p. 94). À ce propos des études empiriques, utilisant les techniques factorielles, permettent d’illustrer cette fonction. On y fait le constat que « les éléments centraux ne se regroupent jamais sur un même facteur ou dans une même classe. Au contraire, ils occupent généralement l’ensemble des espaces factoriels ou des espaces de classification mis en évidence. Tout se passe donc comme si les liens qui unissaient certains éléments centraux à des grappes d’éléments périphériques étaient plus forts que ceux unissant les éléments centraux entre eux » (p. 94) ; (3) une fonction de fédération. En « offrant au groupe des éléments de définition flous, le noyau fournirait une matrice commune permettant à chacun d’évoquer l’objet de représentation, tout en autorisant la cohabitation d’expériences individuelles variées » (p. 94). Ceci permet de fournir un cadre qui génère une certaine forme de consensus et qui permet aussi de rallier les différences individuelles générées par les exemples contextualisés. Inspirés de la théorie du noyau central et visant l›identification du noyau et de ses structures périphériques, nos propres travaux renvoient aux constats faits par Moliner et Martos (2005) sur le potentiel sémantique des éléments centraux. Bien entendu, les avancées méthodologiques sur les intervalles de confiance à intégrer aux analyses permettent de mieux départager les éléments stables des autres. De plus, il serait bon de demeurer prudents quant aux conclusions à tirer d›enquêtes n›utilisant qu’un seul mode de recueil. Nous devrions nous assurer de pouvoir croiser différentes méthodes de recueil des représentations en cohérence avec les recommandations d›Abric (1994). Nous reconnaissons que des questionnaires accompagnent nos recueils de données, mais qu’ils fournissent des informations différentes et ne concourent pas toujours à documenter la structure des représentations sociales étudiées. Néanmoins, certaines études menées sur le long terme (Lenoir, Larose, Grenon et Hasni, 2000) ont compensé des recueils de données utilisant un seul mode de recueil par la documentation de la représentation sur une base temporelle longitudinale permettant ainsi d›étudier la stabilité du noyau central.

En somme, nous reconnaissons que l›étude des représentations sociales dans les différentes recherches menées au CRIÉSÉ ou antérieurement, ont, pour la plupart, suivi les principales recommandations de la documentation scientifique. Lors que les objectifs centraux des différentes recherches ciblaient expressément les représentations sociales en tant qu’objet permettant de mieux comprendre les pratiques enseignantes, nous avons eu recours à de multiples modes de recueil des données. Force est d›admettre que lorsque les représentations occupaient un rôle secondaire, une attention moins soutenue leur a été accordée. Ainsi, à la lecture des recommandations présentes dans la thèse de Bouhon (2009), il nous apparaît important d›insister sur l’ajout de techniques complémentaires potentiellement utiles telles que l›évocation hiérarchisée qui « consiste à demander à chaque personne de s›exprimer à propos de l›objet étudié, et ce, en deux temps : un temps d›association libre et un temps de hiérarchisation » (Bouhon, 2009, p.107) ainsi que le questionnaire de caractérisation qui consiste à demander aux sujets de se positionner par rapport aux items qui représentent le mieux l›objet représentationnel. Par ailleurs, lorsque qu’il est possible de le faire, nous insistons sur l›importance de pouvoir recueillir des données sur le long terme. Ceci permet de mieux saisir la stabilité des représentations et apporte une crédibilité supplémentaire à la description des données.