Introduction

Les acteurs de l’éducation et de la formation face aux défis des savoirsEnjeux de recherche, enjeux de pratique[Record]

  • Philippe Maubant and
  • Stéphane Martineau

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  • Philippe Maubant
    Institut de recherche sur les pratiques éducatives, Université de Sherbrooke, 2500 boul de l’Université Sherbrooke, Québec, Canada, J1K 2R1
    Philippe.Maubant@USherbrooke.ca

  • Stéphane Martineau
    Laboratoire du développement et d’insertion professionnelle en enseignement, Université du Québec à Trois-Rivières, C.P. 500 Trois-Rivières, Québec, Canada, G9A 5H7
    stephane.martineau@uqtr.ca

Le phénomène de globalisation des échanges ne constitue plus aujourd’hui l’apanage exclusif de l’économie, il pénètre progressivement la culture et l’éducation. En effet, tous les secteurs d’activités sociales sont touchés par cette réalité. Si la globalisation est souvent perçue comme un phénomène inéluctable, elle contribue, selon ses défenseurs et partisans, au développement économique. Derrière cet adage néolibéral, les zélateurs de la globalisation mettent en évidence le bien-être des peuples et des individus. Or force est de constater les effets redoutables et redoutés de cette globalisation et dont les signes visibles sont le plus souvent l’inégalité sociale, la précarité et la pauvreté (Laroche, 2012). Ces faits génèrent des crises sociales dont la fréquence est de plus en plus grande et dont les conséquences se traduisent en conflits locaux, en particulier dans les pays dont l’instabilité politique est le corrolaire de l’instabilité économique. Les argumentaires cherchant à démontrer les bienfaits de la globalisation ne manquent pas. Dans ce village planétaire, les discours sur la globalisation visent à révéler certaines valeurs ajoutées comme l’augmentation des richesses, la diminution des inégalités, le rapprochement entre les peuples et entre les cultures, l’accroissement des échanges économiques, culturelset scientifiques entre les individus et les collectifs. Les politiques de droite comme celle d’une nouvelle gauche, à l’image du blairisme en Grande-Bretagne, soutiennent ces argumentaires. Les peuples et les sociétés doivent-ils adhérer à ces discours ? Qu’en est-il vraiment des bienfaits supposés de la globalisation ? Les populations les plus fragiles bénéficient-elles des bienfaits de la globalisation ? Les inégalités se sont-elles réduites ? Les signes d’équité et de justice sociale sont-ils plus nombreux ? Les peuples et les cultures dialoguent-ils davantage ? Un récent rapport (IPP, 2012) de l’Institut français des politiques publiques met en évidence combien la globalisation, soutenant différentes formes de retrait de l’État dans le fonctionnement social, se traduit par une fiscalité au service des revenus du patrimoine et non au service des revenus du travail. Aujourd’hui, la globalisation semble être la figure emblématique d’un modèle et d’une logique néolibérale cherchant à diminuer le rôle et la responsabilité de l’État dans ses domaines traditionnels d’intervention : la culture, la santé et l’éducation. Or, en contexte de crise, ce sont ces trois secteurs qui maintiennent et renforcent le lien social et évitent le risque d’une société-puzzle où les logiques individuelles l’emportent sur la recherche du bien commun. Ce nouveau credo de la globalisation est présenté comme une chance, voire comme un salut dans des contextes de crises toujours plus intenses et répétées conduisant souvent à des désastres humains irréversibles (Stiglitz, 2010). Selon le dogmenéolibéral, le savoir se réduit à une marchandise, marchandise qu’il faut vendre sur un marché globalisé (Freitag, 2008). L’éducation n’échappe pas à ce phénomène de globalisation (Lamarche, 2006). Or, dans ce domaine d’activités, la globalisation a pris différents aspects et a touché directement tous les niveaux des systèmes éducatifs : alignement de plusieurs systèmes d’éducation sur des valeurs, des finalités et des missions similaires, homogénéisation des situations de formation et des modèles didactico-pédagogiques, homogénéisation et transformation des curriculum pour y intégrer de nouveaux contenus axés sur les enjeux mondiaux et sur l’adaptation des individus aux besoins « des » marchés du travail, modèles comparables organisant la formation initiale des enseignants dans les différents pays de l’OCDE, discours sur l’incontournable et indispensable professionnalisation des universités, encouragement à la compétition entre les universités et/ou les établissements d’enseignement supérieur sur un marché mondial d’offres de formation de plus en plus concurrentielles, etc... (Tardif, Lessard & Gauthier, 1998) À cela, convient-il d’ajouter aussi la multiplication et la circulation à large échelle de savoirs de toute nature, de …

Appendices