Abstracts
Résumé
Le Séminaire La peine de mort de Jacques Derrida est hanté, depuis ses marges, par la question de l’euthanasie. Si Derrida y fait allusion à plusieurs reprises au fil des séances, il ne la laisse pas moins en suspens, nous indiquant par là qu’il s’agit d’une problématique à part entière. Or dans « Survivre », texte de 1979 sur L’Arrêt de mort de Maurice Blanchot, Derrida évoquait déjà le « double bind qui fait de toute mort un crime », déjouant ainsi cette distinction, censée garantir la frontière éthique entre l’euthanasie et la peine capitale. À travers une relecture de L’Arrêt de mort qui prend appui sur le Séminaire La peine de mort, cet article analyse la porosité des différentes déclinaisons de la mort lorsqu’elle est pensée comme crime, à commencer par l’arrêt, la peine et la sentence (ou « death sentence »).
Abstract
Jacques Derrida’s Death Penalty seminar is haunted, from its margins, by euthanasia. Yet even as he alludes to this question throughout the seminar, he puts it on hold, no doubt because it calls for a standalone analysis. In “Living On,” however, Derrida’s 1979 reading of Maurice Blanchot’s Death Sentence (L’Arrêt de mort), he refers to “a ‘double bind’ that makes every death a crime,” thus subverting this very distinction, which is meant to ensure the hard ethical border between euthanasia and capital punishment. Through a rereading of Blanchot’s Death Sentence that takes its cues from Derrida’s Death Penalty seminar, this article analyses the porous nature of death’s various instantiations when it is conceived as a crime, beginning with the “arrêt” (simultaneously a stop and a judgment), the penalty and the sentence.