Abstracts
Résumé
Cet essai porte sur le séminaire La vie la mort (1975-1976) et sur la notion double de « programme » qui l’informe. Dans ce séminaire, Derrida juxtapose en effet une lecture de la notion de « programme », utilisée par le biologiste français François Jacob dans sa description du fonctionnement de l’ADN, à une réflexion sur le « programme » d’agrégation en France qui avait cette année-là pour thème « Vie et mort ». Cet article commence donc par examiner le rôle crucial joué par l’examen d’agrégation dans la production, voire la reproduction, de la philosophie en tant que discipline en France. Il analyse ensuite la lecture de La logique du vivant que fait Derrida dans ce séminaire à partir de ces deux notions supposément distinctes de « programmes » : un programme soi-disant inflexible et partagé par tous les êtres vivants, celui de l’ADN, et un programme soi-disant plus libre et plus souple, celui de la culture et des institutions humaines comme celles de l’agrégation. En résulte une refonte complète des formes de production et de reproduction en jeu aussi bien du côté de notre compréhension de la génétique que de l’éducation.
Abstract
This essay focuses on Derrida’s 1975-1976 seminar Life Death and the dual notion of “program” that informs it. In this seminar, Derrida juxtaposes a reading of the notion of “program” used by French biologist François Jacob in his depiction of the workings of DNA with reflections on the “program” of the agrégation exam that had set as its topic for that year “Life and Death.” The paper thus begins by looking at the critical role played by the agrégation exam in the production or reproduction of philosophy as a discipline in France. It then analyzes Derrida’s reading of Jacob’s La logique du vivant in terms of two supposedly distinct programs, the putatively inflexible program of DNA, a program shared by all living beings, and the freer, more flexible program of human culture and institutions, including pedagogical institutions such as the agrégation. The result, I argue, is a complete rethinking of the forms of production or reproduction at stake in both genetics and education.