Abstracts
Résumé
Dans Trois ans avec Derrida, le biographe Benoît Peeters notait que le séminaire de Jacques Derrida était construit « comme un feuilleton théorique qui, par-delà les longueurs et les passages à vide, entretient une sorte de suspense et ménage de réelles surprises d’une séance à l’autre » (Peeters, 2010). Peut-on vraiment rapprocher un séminaire d’une forme romanesque comme le récit différé ? Voilà la question qui nous occupe dans cet article, et nous l’abordons dans une perspective double : à la fois historique et formelle. Nous nous interrogerons ainsi sur ce qu’est un séminaire et comment, dans le cas particulier du séminaire derridien, il fait oeuvre. Le tout nous mène à une réflexion sur l’idée de « pensée différée » à partir du concept central de différance dans l’enseignement derridien.
Abstract
In Trois ans avec Derrida (Three Years with Derrida), his biographer, Benoît Peeters, notes that Jacques Derrida’s seminar was designed “like a theoretical serial which, aside from its slumps and convolutions, nonetheless maintained a kind of suspense and featured genuine cliff-hangers at the end of each session” (Peeters, 2010). Can one truly compare a seminar to a novelistic device like that of deferred narrative ? Such is the question to which I devote my attention in this article, a question which is discussed here in a dual — historical and formal — perspective. I thus ask “what is a seminar ?” and how, in light of Derrida’s seminars in particular, it becomes a work. In closing, I meditate on the notion of “deferred thinking” in Derrida’s teaching, using the central concept of différance as my starting point.