Abstracts
Résumé
Cet essai cherche à montrer comment et pourquoi la philosophie africaine, telle qu’elle est élaborée à partir de 1970 après le rejet de l’ethnophilosophie, n’a pas développé un courant de philosophie sociale ou de théorie critique. Après les débats sur les méthodes et les conditions de possibilité d’une philosophie africaine rigoureuse, une nouvelle génération de philosophes africains a voulu remédier au théoricisme en faisant de la philosophie politique normative la voie royale. Au risque de reconduire autrement ce à quoi elle voulait échapper, elle a aussi laissé en veilleuse la voie de l’analyse sociale de la société à sauver de la souffrance sociale. Ainsi, faute d’avoir développé des outils d’analyse appropriés, la philosophie africaine fait silencieusement face à la crise sociale qui frappe nombre de sociétés africaines où les inégalités sociales s’aggravent, où les revendications d’une vie bonne nourrissent des mouvements sociaux, et où l’humanitaire semble être la seule réponse à la souffrance sociale. Une complémentarité entre philosophie politique et philosophie sociale semble être le nouveau défi à relever pour ceux qui veulent contribuer à imaginer de nouvelles institutions sociales et économiques susceptibles de répondre aux aspirations des sociétés dans leur diversité.
Abstract
The aim of this essay is to show why African philosophy, as elaborated from 1970 after the rejection of ethnophilosophy, did not develop a recognizable trend of social philosophy or critical theory. After the debates on methods and conditions of possibility of a rigorous African philosophy, a new generation of African philosophers wanted to remedy the “theoricism” by making normative political philosophy the royal way. At the risk of renewing otherwise what she would escape, she also left on the sidelines the path of social analysis and theory. Thus, without analytical tools, African philosophers are silently facing the social crisis affecting many African societies, where social inequalities are worsening, the demand of good life feed social movements, and where humanitarianism seems to be the only answer to social suffering. Complementarity between political and social philosophy seems to be the new challenge for African philosophers who want to contribute to imagine new social and political institutions likely to meet the aspirations of the society in its diversity.