Comptes rendus

Silvia Benso, Viva Voce. Conversations with Italian Philosophers, New York, SUNY Press, 2017, 308 pages[Record]

  • Firmin Havugimana

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  • Firmin Havugimana
    Université Paris-8 Vincennes-Saint-Denis

Dix ans après Contemporary Italian Philosophy. Crossing the Borders of Ethics, Politics, and Religion, Silvia Benso convie à nouveau dix-sept philosophes contemporains, italiens et italiennes, à partager leurs contributions théoriques avec le lectorat anglophone. La collection d’entretiens que constitue Viva Voce signe ainsi une décennie de vie éditoriale pour la collection des SUNY Press consacrée à la philosophie italienne actuelle, et note dès son introduction la reconnaissance croissante que cette dernière a pu gagner dernièrement. Le panorama offert par Benso maintient la focale sur la philosophie dite continentale, mais l’autrice consacre cette fois-ci une section à des acteurs dont les recherches relèvent plutôt de la tradition analytique (Evandro Agazzi, Giulio Giorello et Paolo Parrini dans « Rationalité, Sciences, Expérience »). Après tout, dans sa préface de 2007, Silvia Benso reconnaissait déjà l’incontestable diversité de la philosophie transalpine : pour les xxe et xxie siècles, on avait répertorié une cinquantaine de philosophes, dans des champs aussi variés que le néopositivisme, le néoidéalisme, l’herméneutique, le marxisme, l’existentialisme, l’histoire de la philosophie, la phénoménologie, l’esthétique ou encore la philosophie du langage et des sciences. Dans le cadre de ce compte rendu, nous proposons toutefois de nous limiter aux entretiens de la philosophe Adriana Cavarero et de l’herméneute Gianni Vattimo, ainsi que sur certaines observations critiques de Benso quant au nouvel intérêt porté à la philosophie italienne. Bien que Cavarero et Vattimo soient classés au sein de la même section thématique (« Histoire, Justice, Communautés »), ce choix de notre part est simplement un compromis fait aux écueils évidents qui attendent une introduction globale à la philosophie italienne qui se voudrait en même temps exhaustive. Il nous apparaît alors plus pertinent de céder la parole à la seule contributrice du recueil d’entretiens et au plus traduit, en français du moins, des philosophes participant à ces interviews. Notons tout de même que les cinq autres sections thématiques touchent autant à la philosophie de la religion (« Êtres humains, Mal, Transcendance »), à la métaphysique (« Être, Néant, Temporalité, Lieu »), qu’à l’esthétique (« Imagination, Art, Technologie »), ou à l’éthique (« Éthique, Passions, Pratiques »). Les interviews menées par Benso invitent les philosophes convoqués à dresser un portrait d’eux- et elles-mêmes, et suivent la même structure. Leur parcours universitaire et militant, les textes et les thèmes philosophiques qui ont pu les marquer, ainsi que la plus représentative de leurs oeuvres selon eux, sont tout autant abordés dans les entretiens. Dans le cas d’Adriana Cavarero, la discussion l’amène à rappeler comment l’esprit soixante-huitard était présent en 1971 lorsqu’elle obtint son diplôme de l’Université de Padoue. Après qu’elle eut reçu une éducation classique qui l’avait initiée aux textes de Platon, Hobbes et Hegel, c’est la propagation d’une culture antiautoritaire et en rupture avec la tradition au sein des universités italiennes qui semble l’avoir le plus stimulée. Cette « contre-culture » passait par la découverte de Foucault, Beauvoir, et l’École de Francfort, mais aussi par la relecture de Gramsci et de Luckács. Le « vent révolutionnaire » qui soufflait au cours des années soixante-dix accompagna ainsi son implication au sein d’associations féministes, et c’est dans les années quatre-vingt qu’elle créera à Vérone, avec Luisa Muraro, la Comunità filosofica di Diotima. Luce Irigaray est alors une grande inspiration pour les membres de Diotima, et la question de la différence sexuelle est au coeur de leurs préoccupations. Aux yeux de Cavarero, c’est son Nonostante Platone qui témoigne du travail intense fait au sein de la communauté philosophique véronaise. Aux côtés de Platon, l’autrice reconnaît également Hannah Arendt comme inspiration majeure, ne serait-ce que pour sa …

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