Volume 42, Number 1, Spring 2015 La philosophie à l’Académie de Berlin au XVIIIe siècle Guest-edited by Christian Leduc and Daniel Dumouchel
Table of contents (17 articles)
Hommage à Yvon Lafrance, fondateur de Philosophiques
Dossier. La philosophie à l’Académie de Berlin au XVIIIe siècle
Articles
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La métaphysique de la nature à l’Académie de Berlin
Christian Leduc
pp. 11–30
AbstractFR:
Dans le présent article, je montre que Maupertuis et Euler proposent une conception contrastée de la métaphysique de la nature. Il s’agit principalement pour eux de repositionner la cosmologie par rapport aux sciences de la nature. Au lieu de considérer la métaphysique comme étant au fondement des théories scientifiques, comme le supposent Descartes, Wolff et, d’une certaine manière, Kant, ou simplement d’interdire l’idée même d’une cosmologie, comme le stipulerait à la même époque d’Alembert, Maupertuis et Euler, renversent l’ordre des disciplines pour donner aux sciences physiques une primauté sur la métaphysique. Ce repositionnement entraîne évidemment plusieurs questions : d’abord, de quelle manière les théories scientifiques peuvent-elles valider ou infirmer un principe métaphysique ? Plus important encore, quel rôle incombe à la métaphysique de la nature, étant donné que les sciences possèdent non seulement une autonomie théorique, mais même une priorité sur les réflexions ontologiques. Il semblerait d’ailleurs que la métaphysique se réduise, pour ces deux philosophes, au seul domaine du cosmologique, en particulier aux questions qui concernent la force et le principe de moindre action, au statut ontologique de l’espace et du temps et aux déterminations de la matière que sont l’étendue, l’inertie, l’impénétrabilité et le mouvement.
EN:
In this paper, I show that Maupertuis and Euler offer a contrasting conception of metaphysics of nature. It consists mainly for them in repositioning cosmology in relation to natural sciences. Instead of considering metaphysics to be at the foundation of scientific theories, as was assumed by Descartes, Wolff, and, in a certain way, Kant, or simply prohibiting the very idea of a cosmology, as d’Alembert would stipulate at the same period, Maupertuis and Euler invert the order of disciplines to give priority to physical sciences over metaphysics. This repositioning leads of course to several questions : first, how does scientific theories validate or deny metaphysical principles ? Even more important, which role falls to metaphysics of nature given that sciences not only possess a theoretical autonomy, but also a priority over ontological reflections ? Besides, it seems that metaphysics would be reduced, for these two philosophers, to the realm of cosmology alone, in particular to questions concerning force and the principle of least action, the ontological status of space and time, and the first constituents of matter, such as extension, inertia, impenetrability, and motion.
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L’économie de la nature — Maupertuis et Euler sur le principe de moindre action
Ansgar Lyssy
pp. 31–50
AbstractFR:
Le principe de moindre action fut découvert dans le domaine de l’optique (Maupertuis) et dans celui de la mathématisation du corps en mouvement à l’intérieur d’une structure de forces (Euler). Aussi bien Euler que Maupertuis prennent appui sur une compréhension métaphysique de la nature pour justifier l’extension de ce principe à un principe général de physique. Dans le présent article, je soutiens que les deux croient que la nature elle-même ne saurait employer de moyens inutiles pour ses fins, et est donc économique. Le principe de moindre action peut être compris comme une tentative d’intégrer l’idée métaphysique d’une « économie de la nature » à l’intérieur du domaine de la science.
EN:
The principle of least action was discovered in the realm of optics (Maupertuis) and in the mathematical properties of a body moving within a framework of forces (Euler). Both Euler and Maupertuis rely on a metaphysical understanding of nature to justify the expansion of this principle into a general principle of physics. In this paper, I argue that both believe that nature itself uses no unnecessary means for its ends, thus is economical. The principle of least action can be understood as the attempt to integrate this metaphysical idea of an “economy of nature” into the realm of science.
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Entre métaphysique et esthétique : sentiment et beauté dans les Mémoires de Johann Georg Sulzer
Daniel Dumouchel
pp. 51–72
AbstractFR:
Le nom de Johann Georg Sulzer reste attaché à la naissance de l’esthétique philosophique en Allemagne, principalement à travers son oeuvre majeure, la Théorie générale des beaux-arts (1771-1774). Il s’agira de montrer ici comment ce membre influent de la classe de philosophie spéculative de l’Académie de Berlin, fortement influencé par la pensée de Leibniz et de Wolff, mais également très attentif aux particularités psychopathologiques de l’esprit humain et aux composantes corporelles de l’activité psychique, prétend fournir une assise métaphysique à la théorie du beau en la fondant sur ce que, depuis Wolff, on appelle la psychologie. À partir de l’étude d’une série de Mémoires dont la rédaction s’étend de 1751 à 1763, on portera une attention particulière au projet de déduction des sentiments agréables et désagréables, que Sulzer entend opérer à partir du principe d’activité de l’âme, pour mieux saisir la nature des plaisirs que nous procure la beauté. Sur cette base, on reviendra en fin de parcours à la question de la fonction des beaux-arts dans la pensée de Sulzer, pour soutenir l’idée que l’énergie de l’art ne peut être réduite à la question de la beauté.
EN:
Johann Georg Sulzer’s name is associated with the birth of philosophical aesthetics in Germany, above all through his major work, General Theory of the Fine Arts (1771-1774). The paper will show how this influential member of the division of speculative philosophy at the Berlin Academy, who was deeply influenced by the thought of Leibniz and Wolff but who was also attentive to psychopathological particularities of the human mind and to the corporeal components of psychic activity, claims to present a metaphysical foundation for the theory of beauty, by basing it on what, since Wolff, was called psychology. Starting from a study of a series of ‘Mémoires’ composed between 1751 and 1763, we will focus our attention on the project of the deduction of pleasant and unpleasant feelings, something that Sulzer understands to proceed from the principle of activity of the soul, in order better to grasp the nature of the pleasures that beauty affords us. On this basis, we will return at the end to the question of the function of the fine arts in Sulzer’s thought, in order to defend the idea that the energy of art cannot be reduced to the question of beauty.
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« L’oeil ne se voit pas voir » : Sulzer sur la contemplation et le sentiment de soi
Stefanie Buchenau
pp. 73–88
AbstractFR:
Johann Georg Sulzer participe d’une tradition allemande et wolffienne qui conjugue réflexion épistémologique et esthétique. L’originalité de Sulzer au sein de cette tradition consiste à développer un nouveau modèle de la connaissance comme contemplation (qewrei`n, speculatio). Selon ce modèle spéculatif qui emprunte des éléments à l’esthétique de Du Bos, la distance et l’extériorité du spectateur par rapport à son objet est loin d’être le réquisit d’une bonne vision. Celle-ci dépend tout au contraire de l’appartenance du spectateur au monde qu’il contemple, de sa réceptivité, de sa sensibilité et de son humanité. Car l’âme ne peut déployer son activité de pensée qu’à condition de s’attacher d’abord à son objet : un tel attachement est la condition de son détachement. La mise en place de ce nouveau modèle spéculatif répond à l’injonction de Mérian qui est de repenser la conscience ou l’aperception à partir d’un sentiment a posteriori. Car « l’oeil ne se voit pas voir » (Mérian), et l’aperception primitive, cet acte par lequel l’esprit se pense, lui échappe. Il éprouve néanmoins des sentiments — de plaisir et de déplaisir — qui le contraignent à faire retour sur lui-même et sur son état d’être affecté ; des sentiments dont Sulzer considère qu’ils ancrent sa connaissance dans la réalité et lui permettent de la rapporter à soi-même. C’est ainsi qu’au fil des mémoires académiques des années 1750 à 1770, Sulzer élabore une nouvelle conception tripartite des facultés (connaissance, sentiment et méditation), et une distinction entre domaines théorique et pratique qui marquera la philosophie de Kant. Ce débat au sein de l’Académie berlinoise au sujet de la connaissance de soi donne une nouvelle orientation anthropologique à la philosophie allemande de la seconde moitié du xviiie siècle.
EN:
Johann Georg Sulzer belongs to a German and Wolffian tradition that closely associates theory of knowledge and aesthetics. Sulzer’s originality within this tradition consists in introducing a new model of contemplation (qewrei`n, speculatio). This model borrows elements from Du Bos and leads him to revise the traditional paradigms of cognition and self-cognition : more than the spectator’s distance and exteriority to her object, good vision requires her involvement and inclusion into the world she contemplates, that is her receptivity, sensibility and humanity. For her soul cannot unfold its activity unless it is attached to its object. Such attachment is the condition of its detachment. Sulzer elaborates his model of speculation in response to issues recently raised by his colleague Merian within the Berlin academy. Merian had emphasized the necessity to rethink consciousness or apperception on the basis of some posteriori feeling. For “the eye does not see itself seeing” (Merian) and the primitive apperception, the act of thinking itself, necessarily escapes the soul’s aperception : it nonetheless has feelings — of pleasure and displeasure — which make the soul reflect on itself and its state of affection ; For Sulzer, these feelings are what grounds knowledge in reality and establishes a relation to the self. In his writings from the 1750’ies to the 1770’ies Sulzer develops these insights and elaborates a new division of faculties (knowledge, feeling and contemplation) and of the theoretical vs. practical that will shape Kant’s psychology and philosophy. This debate within the Berlin academy confers a new anthropological orientation to the German philosophy of the second 18th century.
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Nicolas de Béguelin et les fondements d’une philosophie de la nature
François Duchesneau
pp. 89–105
AbstractFR:
Nicolas de Béguelin, philosophe et scientifique, membre de l’Académie de Berlin, entreprit de concilier des thèses contrastées sur les fondements de la philosophie de la nature, qui semblaient suggérer une antinomie irréductible entre les principes leibniziens-wolffiens et les principes newtoniens. Dans une série de mémoires consacrés à ce projet, il tente d’établir qu’une philosophie expérimentale reste incertaine de ses hypothèses, si elle ne les confronte aux réquisits qu’imposent certains des principes architectoniques dérivant du principe de la raison suffisante. Au coeur de l’argument figure une analyse visant à rattacher le concept de loi de la nature à la catégorie des vérités contingentes. Illustration en est fournie par la « déduction » des lois fondamentales de la mécanique : celles-ci ne sauraient être réduites à des propositions abstraites relevant de la seule nécessité géométrique. C’est en se fondant sur le réquisit de l’harmonie universelle que Béguelin propose des hypothèses sur l’intégration de forces motrices, intégration qui serait sous-jacente à l’inertie des corps, et sur l’espace comme ordre de coexistence des corps qui dépendrait de l’interrelation entre des éléments monadiques.
EN:
Nicolas de Béguelin, philosopher and scientist and a member of the Berlin Academy, undertook to conciliate such conflicting views concerning the foundations of natural philosophy as seemed to suggest an irreducible antinomy between the Leibnizian-Wolffian and the Newtonian principles. In a series of memoirs, he argued that experimental philosophy would remain unsettled about the validity of its hypotheses as long as it failed to check them against requisites arising from architectonic principles and their source in sufficient reason. At the heart of his argument, one finds an analysis of the relationship that holds between laws of nature and contingent truths. Case studies were provided relative to the “deduction” of the fundamental laws of mechanics : these should be in no way equated with abstract statements featuring geometrical necessity. Relying on the requisites of universal harmony, Beguelin framed up hypotheses concerning the integration of motive forces underpinning inertia, as well as concerning space as an order of coexistent bodies that would depend on the interrelation between monadic elements.
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La méthode philosophique en question : l’Académie de Berlin et le concours pour l’année 1763
Tinca Prunea-Bretonnet
pp. 107–130
AbstractFR:
Cet article se propose d’analyser les courants et les doctrines méthodologiques représentés à l’Académie de Berlin entre 1746 et 1761 en prenant en compte les deux orientations principales qui s’y affrontent : d’une part, le wolffianisme soutenu en premier lieu par Formey, qui argumente l’emploi d’une méthode d’inspiration mathématique en philosophie, et, de l’autre, le camp newtonien et anti-wolffien, représenté notamment Maupertuis et Béguelin, qui affirme l’hétérogénéité de la mathématique et de la philosophie et la nécessité d’en tenir compte sur le plan méthodologique. Ce débat est intimement dépendant des prises de position de Crusius et de Wolff et leur analyse s’avère indispensable. Il formule également le cadre conceptuel de la Preisaufgabe pour l’année 1763, jouant un rôle déterminant dans l’élaboration des réponses, ainsi qu’en témoignent les mémoires de Mendelssohn et de Kant, discutés dans la dernière partie du texte. L’Académie de Berlin apparaît ainsi comme un acteur décisif dans les controverses philosophiques de l’époque et dans la redéfinition méthodologique amorcée.
EN:
This paper aims to analyze the methodological doctrines articulated and promoted at the Berlin Academy between 1746 and 1761 by taking into account the two major opposing positions : on the one hand, Wolffianism, endorsed by Formey who argues in favor of the use of a mathematics-inspired method in philosophy, and, on the other hand, the Newtonian and anti-Wolffian faction, represented principally by Maupertuis and Béguelin, which asserts the heterogeneity of mathematics and philosophy and the necessity to mirror this heterogeneity on the methodological level. This debate is closely related to Wolff’s and Crusius’ conceptions and their analysis hence appears as crucial. It also offers the conceptual frame of the Preisaufgabe for 1763 and plays an essential role in the composition of the answers, as shown in Mendelssohn’s and Kant’s essays discussed in the last part of the article. The Berlin Academy thus emerges as a decisive actor in the philosophical controversies and the meditations on methodology of the time.
Varia
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La réponse naturelle : une solution inadéquate au dilemme darwinien
Félix Aubé Beaudoin
pp. 131–151
AbstractFR:
Le dilemme darwinien, formulé par Sharon Street, somme les réalistes moraux d’expliquer pourquoi de nombreux jugements qui sont des candidats au statut de vérités morales indépendantes sont aussi ceux qui ont une grande valeur sélective. Les réalistes peuvent soit nier, soit affirmer l’existence d’un lien entre pressions évolutionnistes et vérités morales. Selon Street, la première option mène au scepticisme tandis que la seconde est indéfendable sur le plan scientifique. Peter Singer et Katarzyna de Lazari-Radek optent pour la première branche de ce dilemme. Dans cet article, la stratégie argumentative qu’ils adoptent — la réponse naturelle — sera soumise à un examen critique. Deux objections seront formulées. La première est d’ordre épistémologique : l’intuitionnisme philosophique défendu par les auteurs fait face à des difficultés majeures. La seconde, plus fondamentale, est que leur solution ne permet pas d’expliquer autrement que par un heureux hasard l’alignement entre les vérités morales et les jugements ayant une valeur sélective.
EN:
According to Sharon Street’s Darwinian Dilemma, moral realists must explain why many judgments that are likely to be independent moral truths are those it would be evolutionarily adaptive to hold. Realists can either deny or assert the existence of a relation between evolutionary influences and moral truths. The first option leads to skepticism, while the second is unacceptable on scientific grounds, says Street. Peter Singer and Katarzyna de Lazari-Radek take the first horn of this dilemma. In this article, the argumentative strategy they adopt — the Natural Reply - is submitted to critical scrutiny. Two objections are raised. The first objection is epistemological : philosophical intuitionism, as defended by the authors, is an untenable position. The second objection is that their solution must appeal to unlikely coincidences to account for the overlap between independent moral truths and evolutionarily adaptive attitudes.
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Les générations, le fleuve et l’océan
Axel Gosseries
pp. 153–176
AbstractFR:
À la suggestion de Jefferson, nous nous proposons de prendre au sérieux la comparaison entre nations et générations dans le cadre d’une théorie philosophique de la justice et de la démocratie préoccupée par nos devoirs envers les membres d’autres générations. Nous nous concentrons ici sur trois des caractéristiques propres aux relations intergénérationnelles, à travers une comparaison avec des situations internationales spécifiques. La première a trait à l’immobilité temporelle des personnes au delà de la période s’étendant de leur naissance à leur mort. Cette immobilité rend certaines ressources qui sont spécifiques à des périodes données, inaccessibles aux générations des autres périodes, ce qui peut importer pour certaines théories de la justice. Nous nous intéressons ensuite au caractère enclavé de chaque génération. La transmission intergénérationnelle des biens dépend alors de la collaboration tant passive qu’active des générations de transit. Nous montrons en quoi cela importe pour la définition de nos obligations de justice intergénérationnelle. Enfin, nous insistons sur le caractère unidirectionnel de l’écoulement du temps — cette fois à travers l’analogie avec les nations riveraines d’un fleuve — et son effet sur la distribution temporelle des coûts et bénéfices, et des vulnérabilités. Nous en examinons les implications normatives possibles pour la définition de la juste distribution du pouvoir entre générations. À travers ces trois illustrations, nous espérons montrer la pertinence de cette approche anatomico-analogique pour la compréhension de ce que nous devons aux autres générations, et en particulier aux générations futures.
EN:
Following Jefferson’s suggestion, I take seriously the promises of a comparison between nations and generations, as part of a philosophical theory of justice and of democracy concerned with our obligations towards members of other generations. I focus here on three of the features that are specific to intergenerational relations, through a comparison with corresponding international situations. The first feature has to do with people’s temporal immobility beyond the lapse of time that extends from their birth to their death. Such immobility renders some period-specific resources inaccessible to generations from other periods, which may have implications for some theories of justice. The second feature that I look into is the period-locked nature of the members each generation. The intergenerational transfer of goods to future generations then depends on the passive as well as active collaboration of transit generations. I show why and to what extent this matters to the definition of our intergenerational obligations. Finally, I insist on the one-directional feature of time’s passage — through an analogy with the situation of riparian nations along a river — and on its effect on the temporal distribution of costs and benefits, as well as of vulnerabilities. I explore the potential normative implications of such one-directionality for the definition of a fair distribution of power between generations. Through looking at these three features and closely examining their implications, I also hope to stress the relevance of an anatomico-analogical method for the understanding of what we owe other generations, and especially future ones.
Étude critique
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Le luxe et la vaporisation de l’art : à propos de Le nouveau luxe. Expériences, arrogances, authenticité, de Yves Michaud
Mélissa Thériault and Dominique Sirois-Rouleau
pp. 177–191
AbstractFR:
Bien connu pour ses prises de positions tranchées et polémiques sur le fonctionnement des institutions culturelles et des milieux artistiques, le philosophe français Yves Michaud est aussi un observateur assidu des nouvelles tendances de consommation. L’objectif de cette étude critique est d’ouvrir une discussion critique qui s’impose sur certaines affirmations dont le caractère polémique est aussi manifeste que fertile : la notion de vaporisation de l’art, le statut « orphelin » du design et son rapprochement avec l’art et le luxe et, finalement, la question de l’authenticité. Nous discuterons chacun de ces éléments afin de répondre aux zones grises de l’analyse présentée dans l’essai de Michaud. Nous conclurons par une discussion sur la possibilité même de considérer l’art comme un luxe en montrant dans quelle mesure la conception du luxe telle que défendue par Michaud correspond en fait à un concept bien différent.
EN:
Well known for his controversial positions on the functioning of cultural institutions and artistic communities, French philosopher Yves Michaud is also a fine observer of new consumer trends. The aim of this study is to open a critical discussion on polemic statements made by Michaud in Le nouveau luxe. Expérience, arrogances, authenticité : the notion of vaporization of the art, the “orphan” status of design and the connexion between art and luxury and, finally, authenticity. We discuss each of these elements to clarify the gray areas of the analysis presented by Michaud. We conclude with a discussion on the relevance to consider art as a luxury by showing how design, as understood by Michaud, matches a very different concept.
Comptes rendus
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Emmanuel Renault, Marx et la philosophie, Paris, PUF, coll. « Actuel Marx Confrontation », 2014, 207 p.
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Jason Brennan, Why Not Capitalism ?, New York, Routledge, 2014, 114 p.
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Katharina Schneider (dir.), Der politische Feuerbach, Münster, Waxmann, 2013, 167 p.
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Martin Gibert, L’imagination en morale, Hermann, Paris, 2014, 293 p.
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Kurt Lenk, Günter Meuter, Henrique Ricardo Otten, Les maîtres à penser de la Nouvelle Droite, traduit de l’allemand par Cécile Rol, Montréal, Liber, 2014
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Jacqueline Mowbray. Linguistic Justice : International Law and Language Policy, Oxford University Press, Oxford, 2012, 227 p. / Philippe Van Parijs. Linguistic Justice for Europe and for the World, Oxford University Press, Oxford, 2011, 299 p.