FR:
Dans la première section du présent article, mon but est d’extraire le contenu de la thèse de l’indétermination de la traduction, à partir d’une revue de plusieurs formulations de Quine. Je tente d’identifier ce qui est constant et ce qui varie dans celles-ci. Je retiens ce qui est constant comme le coeur de la thèse et je considère ce qui varie comme secondaire. J’arrive ainsi à lire une seule thèse à travers les diverses formulations. Je dois admettre, par ailleurs, que les variations sont suffisamment importantes pour semer la confusion. Dans la deuxième section, je retrace les arguments offerts par Quine en guise de justification de l’indétermination de la traduction. Je rappelle l’évolution de cette argumentation et je montre qu’il y a des variations là aussi : au début, Quine fait surtout appel à son physicalisme et, à la fin, il invoque seulement son behaviorisme. Même si je conclus qu’il ne s’agit pas là d’un changement radical, force est d’admettre que le changement est suffisamment important pour déconcerter plus d’un lecteur. Finalement, dans la troisième section, je montre comment mon interprétation de la thèse de l’indétermination de Quine, si elle est correcte, contribue au débat sur l’asymétrie avec la sous-détermination. Les deux premières sections de l’article permettant de distinguer clairement les arguments épistémologiques du contenu ontologique de la thèse de l’indétermination de la traduction, il devient facile d’admettre l’asymétrie défendue par Quine : l’indétermination de la traduction est une thèse ontologique ; elle ne peut donc pas être confondue avec la sous-détermination, une thèse épistémologique.
EN:
In the first section of this article, my aim is to grasp the content of Quine’s indeterminacy of translation thesis. I propose a review of Quine’s formulations, and I try to identify what is constant and what varies in them. Guided by charity, I keep what is constant as the core of Quine’s thesis, and I consider what varies as secondary. I thus achieve to read a single thesis throughout all the formulations. I must admit, however, that the variations are important enough to be confusing. In the second section, I identify Quine’s arguments for indeterminacy of translation. I retrace the evolution of his argumentation, and I notice that there are variations there too. At first, Quine appeals mainly to physicalism, and, at the end, he appeals only to behaviorism. Although I think that this is not a radical change of mind, I conclude that the change is, once again, important enough to have confused some readers. Finally, in the third section, I show how my interpretation of Quine’s indeterminacy of translation contributes to the debate over the asymmetry between this latter thesis and underdetermination of theory : my analysis of Quine’s treatment of indeterminacy of translation leads me to conclude that, whereas the arguments are epistemological, the content of the thesis is ontological. Once this ontological content is well seen, it is easy to acknowledge, with Quine, the asymmetry with underdetermination, which is an epistemological claim.