Abstracts
Résumé
L'hypothèse qui guide le présent article est que les méthodes et techniques de dérivation ou de modélisation utilisées en éthique contemporaine, ont une incidence sur les contenus proprement moraux de la théorie morale ; vues comme de simples outils à l'usage du philosophe moral, elles agissent en fait comme des sources de normativité morale. Cette hypothèse n'est pas une simple reformulation de l'idée voulant qu'il existe, au sein de la théorie morale, un rapport entre explication et justification ou entre méta-éthique et éthique. Pour le montrer, je m'appuierai d'abord sur une caractéristisation générale de ces composantes de la théorie morale et des rapports qu'elles entretiennent entre elles. Dans un deuxième temps j'arguerai que l'usage d'outils méthodologiques particuliers peut avoir une incidence sur les contenus moraux proprement dits. Pour caractériser cette incidence et en décrire les mécanismes, je ferai d'abord appel à une approche pragmatique de l'explication, puis je donnerai deux exemples, tirés de la philosophie morale contemporaine, et illustrant le fait que certains contenus moraux ainsi introduits échappent de fait à une justification en bonne et due forme.
Abstract
The central claim made in this article is that the various methodological devices used by contemporary moral philosophers in order to represent or derive moral principles affect the very moral content of their theory; seen by them as mere tools for philosophers, they in fact are sources of moral normativity. This claim is not a mere reformulation of the idea that there is within moral theory a connection between explanation and justification or between metaethics and ethics. To show that this is so, I first give a general characterization of the various components of moral theory and of their relationships. I then argue that the use of particular methodological devices affect the very moral content of the theory. To characterize such incidence and its mechanisms, I first appeal to a pragmatic conception of explanation and, finally, I discuss two examples from contemporary moral theory showing that substantive moral claims so introduced, in fact fail to be justified.