Abstracts
Résumé
La place des femmes a été systématiquement effacée de la mémoire acadienne, particulièrement lorsque sont pris en compte le silence, la marginalisation et la création d’identités collectives. Cet article explore la place centrale qu’occupe la nourriture dans la reproduction de la culture acadienne et comment les femmes prennent en charge le travail relatif à l’alimentation. M’appuyant sur des études de terrain ethnographiques menées à Pomquet, en Nouvelle-Écosse, je soutiens que les identités acadiennes ne découlent pas d’une construction d’identité collective basée sur le nationalisme acadien, mais sur la reproduction sociale de la culture, de la langue et du patrimoine, alimentée par les efforts des femmes à l’échelle locale. Tandis que le discours acadien dominant est masculin et véhicule des conceptions désuètes des femmes, les identités locales trouvent davantage leur source dans les espaces domestiques, où les femmes sont influentes et construisent une communauté. J’examine les rassemblements locaux, les espaces de cuisine, les recettes, ainsi que le travail relatif à la nourriture, pour démontrer comment les membres de la communauté perçoivent et expérimentent la nourriture à la fois au quotidien et dans les situations formelles. L’article explore le travail domestique formel et informel, l’organisation sociale des femmes ainsi que les soins donnés aux proches. Je combine l’enquête de terrain ethnographique et la recherche d’archives pour démontrer la façon dont ces recettes et le travail relatif à la nourriture racontent les histoires des femmes et permettent à leurs voix d’émerger au sein du discours culturel, de contribuer au développement communautaire et de générer des sentiments de collectivité. Il ressort de cette analyse qu’en dépit de leur marginalisation, les femmes ont joué un rôle crucial dans la production et la reproduction d’éléments d’identité ethnique dans un contexte local.
Mots-clés :
- Femmes,
- Nouvelle-Écosse,
- travail domestique,
- identité ethnique,
- nourriture,
- espace
Abstract
Women have been systematically removed from the Acadian past, particularly when considering silence, marginalization, and the creation of collective identities. This article explores how food has a central place in the reproduction of Acadian culture and how women primarily undertake food-related labour. Drawing on ethnographic fieldwork conducted in Pomquet, Nova Scotia, I argue that Acadian identities do not derive from collective identity construction based within Acadian nationalism but from the social reproduction of culture, language, and heritage as sustained through the efforts of women at the local level. While the dominant Acadian narrative is masculine and promotes outdated constructions of women, local identities are more founded in domestic spaces where women were more impactful and built community. I examine local gatherings, kitchen spaces, and recipes to demonstrate how community members view and experience food in both the everyday and formal settings. The paper explores formal and informal domestic labour, women’s social organization, and care work. I combine ethnographic fieldwork and archival research to demonstrate how recipes tell women’s stories and allow their voices to emerge within the cultural discourse, contribute to community development, and generate feelings of collectivity. In this analysis, I highlight that despite their marginalization, the work women accomplished in a strong juxtaposition between the local and the collective narratives that highlight vital elements of ethnic identity reproduction in an Acadian community.
Keywords:
- Women,
- Nova Scotia,
- domestic work,
- ethnicity,
- food,
- space