Abstracts
Résumé
En 1935, dans le Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Daniel Bernard portait ce jugement : « les oeuvres du P. Maunoir [auteur jésuite] et de ses successeurs n’eurent aucune influence sur le sort du breton écrit. Au xviiie siècle, celui-ci était devenu un misérable patois tout farci de mots français ». Cette affirmation péremptoire conforte une idée reçue, encore de nos jours, dans les lettres bretonnes : à compter du milieu du xviie siècle, après un âge d’or aux limites chronologiques incertaines, le breton forgé par l’Église pour les besoins de l’évangélisation est devenu un « jargon mixte » – cette expression est de Théodore Hersart de La Villemarqué. Et il faut attendre le début du xixe siècle pour que le breton d’Église retrouve une quelconque valeur. Néanmoins, lorsqu’on s’intéresse aux écrits religieux produits entre le xvie et le xixe siècle, se fait jour une même volonté ecclésiastique de forger une langue bretonne de culture digne de la mission qui lui est allouée.
Download the article in PDF to read it.
Download
Appendices
Note biographique
Professeur de celtique à l’Université de Brest, Ronan Calvez enseigne la littérature du breton et la sociolinguistique : ses recherches portent également sur ces deux domaines. Dans le champ de la littérature, il analyse plus particulièrement ce qu’il appelle le breton mondain (Ar farvel göapaër. Le Bouffon moqueur, de Kerenveyer, traduit et présenté par Ronan Calvez, Crbc-Ubo, 2005 ; « Du breton mondain », Annales de Bretagne et des pays de l’ouest, tome 115, no 3, 2008, p. 135-153 ; « Ange et bête. Au xviiie siècle en Basse-Bretagne : une sociabilité, mondaine et bretonne », La Sociabilité en France et en Grande-Bretagne au siècle des Lumières : l’émergence d’un nouveau modèle de société, Paris, Éditions Le Manuscrit, « Transversales », 2013, p. 261-284) et, dans le domaine de la sociolinguistique, il s’intéresse notamment aux représentations passées et actuelles du breton (« Qu’est-ce que le breton ? La question de la langue », 11 questions d’histoire qui ont fait la Bretagne, Morlaix, Skol Vreizh, 2009, p. 311-330 ; « Ce que parler breton veut dire », Ethnologie française, vol. xlii, no 4, 2012, p. 647-655). Membre du Crbc, il participe aux séminaires de la « Bretagne linguistique » du Groupe sur l’économie linguistique de la Bretagne (Grélb).