Abstracts
Résumé
Selon M. Jousse, « “[l]a mise par écrit” n’est toujours qu’un aide-mémoire plus ou moins grossier et inexact ». Et il est vrai que l’intonation, le timbre de la voix, les gestes du conteur, son débit, son expression corporelle et faciale n’ont pu être sauvés. Tout ce qui rend un mot vivant, vibrant, supporte difficilement le passage de l’oral à l’écrit. J.-J. Rousseau en convenait déjà : « L’écriture, qui semble devoir fixer la langue, est précisément ce qui l’altère; elle n’en change pas les mots, mais le génie; elle substitue l’exactitude à l’expression. » Mais si l’on veut tout de même faire oeuvre éditoriale, il faut bien se résoudre à trier, à sacrifier ceci pour transmettre cela. Je m’en suis tenu scrupuleusement à la voix en épousant l’enregistrement que j’en ai fait. En conséquence, la syntaxe des conteurs y est respectée ainsi que leur lexique et leurs tournures de phrase.
Download the article in PDF to read it.
Download
Appendices
Note biographique
Bertrand Bergeron
Professeur de français durant 37 ans au Collège d’Alma, Québec, Bertrand Bergeron est aussi ethnologue. Ayant découvert à l’Université Laval les Archives de folklore toujours dirigées par son fondateur, il y poursuit au fil des ans et de ses disponibilités ses études de maîtrise et de doctorat. Pour des raisons pédagogiques, tant son enseignement que la rédaction de sa thèse sur « L’imaginaire légendaire au Saguenay-Lac-Saint-Jean » (1985), il a réalisé plusieurs enquêtes sur le terrain et recueilli des contes et des légendes auprès de conteurs traditionnels, dont certains ont été filmés. Il en a tiré quelques compilations : Les Barbes-bleues (1980), Au royaume de la légende (1988), Il était quatre fois (1996) et Contes, légendes et récits du Saguenay—Lac-Saint-Jean (2004). En 2006, paraissait Du surnaturel, un essai qui brosse une analyse et une histoire du surnaturel dans ses multiples dimensions.
Notes
-
[1]
Ce compte rendu est le fruit de réflexions nées d’une certaine pratique de la transcription. Il faut les envisager comme des considérations a posteriori alors que, dans la pratique, je procédais au coup par coup, disposant des problèmes au fur et à mesure qu’ils se présentaient, sans avoir à l’esprit une vue d’ensemble de la problématique de la transcription.
-
[2]
Anselme Chiasson, L’eau qui danse, l’arbre qui chante et l’oiseau de vérité, Montréal, Planète rebelle, 2005, p. 213. Ce livre est accompagné d’un disque compact qui reproduit des documents de tradition orale de la bouche même des conteurs qui ont livré leurs récits à l’ethnologue.
-
[3]
Quarante-sept premières secondes du conte n˚ 24, « Un conte de marin », raconté par Avila Leblanc. Ce récit s’apparente au conte type 736A, « L’Anneau de Polycrate ». La version écrite porte le titre « La Morue gourmande », p. 213 du recueil d’Anselme Chiasson.
-
[4]
« Edouardum occidere nolite timere, bonum est » : si on place la virgule après « occidere », on tue Édouard, si on la met après « nolite », on ne le tue pas! Le destinataire n’avait pas le choix de ne pas ponctuer la phrase pour adopter une ligne de conduite.
-
[5]
« L’élève, dit le prof, est un âne », « L’élève dit : “Le prof est un âne” ».
-
[6]
Comparons les deux transcriptions possibles : « Et puis il arrive des fois, quand les pêcheurs arrivent de la pêche, bien, qu’ils ont toutes sortes d’aventures à conter, puis des incidents de la pêche. » / « Et puis il arrive des fois, quand les pêcheurs arrivent de la pêche, bien qu’ils ont [aient] toutes sortes d’aventures à conter, puis des incidents de la pêche. » Le diable raffole de se cacher dans ces sortes de détails!
-
[7]
Nous empruntons ces deux notions à Louis Vax dans La séduction de l’étrange, Paris, Puf, « Quadrige », 1965, 314 pages.
-
[8]
Voir la note 3.