Abstracts
Résumé
Dans le dernier quart du xixe siècle, les collecteurs de littérature orale ne semblaient pas conscients de l’écart profond entre le conte entendu oralement et sa transcription. Ils stigmatisaient souvent les conteurs « trop prolixes » (Luzel en Basse-Bretagne), ou « toujours longs, diffus, et tout à fait incapables de recommencer dans les mêmes termes » (Bladé en Gascogne). Appartenant à la culture lettrée, il leur était impossible de concevoir qu’un texte soit mouvant, jamais exactement le même à la réitération. À partir de l’enregistrement sonore, la possibilité de transcrire tout (y compris peut-être les silences) pose de nouveaux problèmes. C’est que cette transcription est, le plus souvent, illisible et rend sa lecture courante impraticable. Pour être intelligible, elle doit subir des réaménagements, dont il est nécessaire de définir la nature et les limites, en s’appuyant sur la critique de ces oeuvres anciennes.
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Appendices
Note biographique
Nicole Belmont
Directrice d’études au Laboratoire d’anthropologie sociale de l’École des hautes études en sciences sociales, Paris, Nicole Belmont a mené des recherches sur l’anthropologie de la naissance (Les signes de la naissance, 1971) et sur l’histoire du folklore (Paroles païennes – Mythe et folklore des frères Grimm à P. Saintyves, 1986). Elle se consacre maintenant à l’étude des contes européens de tradition orale et des mécanismes de la transmission orale. Membre du comité de rédaction des Cahiers de littérature orale (publié par l’Inalco, Paris), elle a assuré la responsabilité de plusieurs numéros thématiques : « Cendrillons », « Le temps de l’enfance », « Le mort reconnaissant », « Récits de rêves », « Voix, écritures », « Oralité et littérature – Échos, écarts, résurgences ». Directrice aux éditions Gallimard de la collection « Le langage des contes », elle y a fait paraître Poétique du conte – Essai sur le conte de tradition orale (1999). Elle a collaboré à l’anthologie Sous la cendre – Figures de Cendrillon (2007).
Notes
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[1]
François-Marie Luzel, Contes du boulanger, introduction de Françoise Morvan, Rennes, 1995 (première édition en 1870), p. 20–21.
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[2]
Jean-François Bladé, Contes de Gascogne, Paris, Maisonneuve, 1867, p. vii.
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[3]
C’est également la qualité que reconnaissent les frères Grimm à l’une de leurs rares informatrices d’origine populaire, Dorothée Viehmann.
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[4]
Revue de l’Agenais, octobre 1875.
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[5]
Guy Latry, « Représenter dans l’écriture — Collecte et transcription chez les folkloristes à travers un exemple gascon », Cahiers de littérature orale, n˚ 52, p. 115–132.
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[6]
Op. cit., p. xxxiii.
-
[7]
Id., p. xxxii.
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[8]
Marie-Louise Tenèze et Georges Delarue, Nanette Lévesque, conteuse et chanteuse du pays des sources de la Loire, Paris, Gallimard, 2000, « Le langage des contes », p. 17. Dans cette même collection sont parus : Geneviève Calame-Griaule, Contes tendres, contes cruels du Sahel nigérien (2002) et Bernard Saladin d’Anglure, Être et renaître inuit, homme, femme ou chamane (2006).
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[9]
Contes du Velay, recueillis par Victor Smith, commentaires de Marie-Louise Tenèze, Retournac, Société des amis du musée de Retournac, 2005.
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[10]
Marie-Louise Tenèze et Georges Delarue, op. cit., p. 54.
-
[11]
Op. cit., p. 488.
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[12]
Ibid.
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[13]
Contes populaires de Lorraine, édité et préfacé par Nicole Belmont, Arles, Philippe Picquier, 2003.
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[14]
François-Marie Luzel, Contes du boulanger, op. cit., p. 22.
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[15]
Vivian Labrie, Précis de transcription de documents d’archives orales, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, p. 30.
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[16]
Roland Barthes, Le grain de la voix, Paris, Le Seuil, 1981, p. 11.