Abstracts
Résumé
Attestée en France dès la fin du xive siècle, au moment du changement d’année, la quête d’(o)guilaneu ou (a)guiloneu a très tôt induit une interprétation fantaisiste par « au gui l’an neuf », en référence au cri supposé des druides cueillant le gui à l’aide de leur serpe d’or. Dès le début du xviiie siècle, certains avaient pourtant sans doute vu juste en interprétant le cri des quêteurs (eginane en breton) comme un dérivé du mot egin, germe, bien attesté dans différentes langues celtiques. Cette origine « celtique » pourrait trouver confirmation dans le fait qu’une quête du même type, et sous des appellatifs qui paraissent bien appartenir à une même famille linguistique, a existé sur toute la façade ouest de l’Europe, de l’Écosse au nord jusqu’à l’Espagne au sud. En Espagne, les mots Aguinaldo ou Aguilando désignent encore les étrennes et, en Écosse, Hogmanay a parfois pris la forme d’un grand événement festif pour le nouvel an. En France, cependant, on ne trouve plus guère de traces de l’ancienne quête que les colons ont introduite en Amérique du Nord : aux États-Unis, la Guiannée fait parfois encore partie des festivités du mardi gras; au Québec, la Guignolée a conservé l’aspect caritatif qui était souvent le sien en France, devenant même aujourd’hui une véritable institution qui, en décembre, mobilise médias et organismes publics ou privés. Après une réflexion sur l’origine, le sens et la fonction de la quête, l’intervention s’attache à analyser son évolution ou sa disparition en Europe, et son adaptation et sa diffusion dans les minorités franco-américaines.