Abstracts
Résumé
Comme toute tradition vivante, la musique cadienne a subi plusieurs changements stylistiques pendant les quelques dernières générations. Certains de ces changements sont dus à la créativité individuelle des musiciens et chanteurs, y compris Amédé Ardoin, Dennis McGee, Harry Choates et Iry Lejeune, entre autres. D’autres changements sont dus à l’évolution du contexte de la musique : changements sociaux, comme dans le passage des bals de maison aux salles de danse publiques; changements technologiques, tels que l’effet de l’amplification dans une tradition autrefois acoustique, de l’enregistrement dans une tradition basée sur l’innovation, ou bien encore de la diffusion en ondes dans une tradition autrefois forcément locale et intime. Une autre évolution s’est produite avec le développement des festivals et concerts, en ce qui concerne l’effet de jouer pour des gens assis qui écoutent plutôt que pour des danseurs, ainsi que devant des foules sur une scène élevée et à l’extérieur, ce qu’on n’aurait pas pu imaginer avant, contrairement à l’expérience des salles de danse typiques. Les changements de style qui ont été produits par ces évolutions contextuelles sont évidents quand on compare les enregistrements des années 1920–1930 avec ceux qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale, et surtout quand on compare les enregistrements qui ont précédé les festivals avec ceux qui les ont suivis. La musique cadienne contemporaine a dû se négocier une place dans un monde tout à fait moderne pour survivre. Elle semble être aussi l’arme principale dans l’effort de conservation de la langue française en Louisiane dans sa spécificité cadienne. Malgré quelques expérimentations, on semble continuer à croire que la musique cadienne doit être en français. En même temps, il reste à voir si les jeunes, qui ne parlent plus le français, pourront continuer encore longtemps à chanter pour un auditoire qui comprend de moins en moins cette langue.