Abstracts
Résumé
L’étude des variations spatiales de la langue bretonne révèle le rôle très important des centres économiques et des voies de communication et permet de mettre en valeur d’une façon originale leur évolution au fil des siècles. L’approche géolinguistique permet de voir les mots courir sur les routes ou s’arrêter aux montagnes, et de mettre en lumière des zones d’entrée de nouveautés linguistiques et des zones d’archaïsmes qui donnent l’impression de « résister » à ces poussées. Par ailleurs, les choix en matière de standardisation linguistique montrent qu’ils n’ont pas toujours été faits en fonction de ces pôles économiques et qu’il n’a pas toujours été tenu compte des variations dialectales. D’autres critères ont joué un rôle important dans ce cas. Les marges en matière de standard linguistique sont bien différentes et reposent davantage sur des pôles culturels, sur l’influence de la littérature — qui ne s’est pas développée autour d’écoles en Basse-Bretagne, mais plutôt autour de groupes sociaux et d’individus —, et de perceptions sociolinguistiques. La confrontation de la dialectologie et de la sociolinguistique permettra de voir ce qu’est une marge, comment les marges se créent, selon quels processus elles se maintiennent ou non, et montrera qu’un territoire peut constituer une marge à un moment donné et changer de statut, qu’il peut former une marge dans un domaine et être un centre dans un autre.