Abstracts
Résumé
Dans ses deux premiers films, Rabah Ameur-Zaïmeche interprète un personnage qui, ayant écopé de la « double peine », finit par perdre sa place dans un aller et retour sans issue, entre son village algérien d’origine qui le rejette (Bled number One) et la France qui l’expulse puis le traque à son retour (Wesh wesh qu’est-ce qui se passe ?). À ce destin qui s’avère borné par la folie, d’un côté de la Méditerranée, ou par la mort de l’autre, le cinéaste oppose la créativité de ses propres collectifs de production, dont il laisse volontairement des traces dans chacun de ses films. Il entend ainsi, malgré tout, réinvestir, par le désir de groupe, le champ du politique, et par l’invention de formes cinématographiques, ne pas exclure le spectateur d’un sentiment de solidarité et de fraternité désancré de ses bases strictement communautaires. Adossé à la réalité vécue par une génération issue de l’immigration algérienne, née ou ayant grandi en France après l’indépendance de l’Algérie, le cinéma de Rabah Ameur-Zaimèche évoque les ambivalences de l’expérience groupale de ceux qui vont et viennent avec constance et intensité d’une rive à l’autre de leurs désirs d’appartenance et d’engagement.
Mots-clés :
- ailleurs,
- désir,
- cinéma,
- Rabah Ameur-Zaïmeche
Abstract
In his two first movies, Rabah Ameur-Zaïmeche plays a character who, subject to legal “double jeopardy”, finds himself lost in an inescapable back and forth between his native Algerian village, which rejects him, (Bled number One) and France, which expels him and then, upon his return, hunts him down (Wesh wesh qu’est-ce qui se passe ?). Against this fate, which ends in madness on one side of the Mediterranean or death on the other, Rabah Ameur-Zaïmeche sets the creativity of his production teams, traces of whose work remains in each of his films. Despite everything, the filmmaker looks to reinvest the political field with collective desire, and, through the use of inventive cinematic forms, insures that the spectator is allowed to partake of the feelings of solidarity and fraternity unmoored from strictly communitarian foundations. Drawing on the lived reality of a generation of people who were born or grew up in France after Algeria’s Independence, Rabah Ameur-Zaïmeche’s work evokes the ambivalences of those who move, with regularity and intensity, between both shores of their desire for belonging and political engagement.