FR:
Le monde contemporain est de plus en plus souvent décrit comme un vaste tissu de réseaux, mais comme tel, il est souvent perçu et vécu comme insaisissable. Devant cette image incapacitante, cet article vise à mettre en évidence la dimension potentiellement politique de l’analyse des réseaux, notamment dans ses versions développées en sciences sociales et, plus profondément, de la notion de réseau elle-même. Il s’agit de montrer qu’il peut y avoir là de quoi constituer un projet politique, en l’occurrence appuyé sur le souhait de mieux connaître cet univers réticulaire, mais aussi de pouvoir agir par rapport à lui.
Trois étapes sont proposées pour préciser comment peut se construire un tel projet politique. La première vise à déployer une connaissance des réseaux et met en avant l’utilité d’une démarche consistant à les tracer. La deuxième montre les possibilités qu’offre cette connaissance, notamment en permettant de se repérer dans un monde fréquemment décrit comme porté vers une complexité croissante et en aidant, grâce à un degré de réflexivité supplémentaire, à reconstruire des critères de choix de connexions dans ce monde. La troisième s’appuie sur ces points pour inviter à penser les capacités d’intervention dans les configurations réticulaires.
EN:
The contemporary world is more and more often described as a vast fabric of networks, but as such, it is often perceived and lived as elusive. In the face of this paralyzing description, this article aims at highlighting the potentially political dimension of network analysis, in particular in its versions developed in social sciences, and, more deeply, of the concept of network itself. It is a question of showing that there can be means to compose a political project, resting precisely on the wish to better know this reticular universe, but also to be able to act appropriately towards it.
Three steps are proposed to specify how such a political project can be built. The first step aims at deploying such a knowledge of networks and it emphasizes the usefulness of procedures to trace them. The second step shows the possibilities that this knowledge offers, especially by enabling one to find one’s way in a world frequently described as inclined towards a growing complexity and by helping to rebuild criteria on which to choose connections in this world, thanks to an additional degree of reflexivity. The third step, based on these points, invites one to imagine the intervention capacities in network configurations.