Échos et débats

Menaces et opportunités pour le travail social de l’intégration des services dans le cadre des réformes actuellesUne exploration à partir du dispositif de gestion de cas[Record]

  • Sébastien Carrier,
  • Christian Dumas-Laverdière and
  • Dominique Gagnon

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Avec l’adoption de la Loi sur les agences de développement de réseaux locaux de services de santé et de services sociaux (Loi 25), nous entendons de plus en plus parler d’intégration des services dans le réseau de la santé et des services sociaux du Québec. Toutefois, avant même l’adoption de ce cadre législatif, il existait au Québec nombre de projets pilotes à teneur locale et régionale visant à mieux intégrer les services du réseau. Cette loi et le Projet clinique qui en découlent ont donc pour visée d’uniformiser et de généraliser l’intégration des services et des pratiques professionnelles. La visée d’intégration n’est donc plus le seul fait de volontés locales ou régionales, mais se constitue depuis peu à la fois comme une politique-cadre soutenue par la Loi sur les agences de développement de réseaux locaux de services de santé et de services sociaux, et comme une orientation clinique (MSSS, 2004). Cette politique aura besoin, pour son implantation, de dispositifs concrets qui l’incarneront. Le présent texte traite de l’un de ces dispositifs qui concerne tout particulièrement le travail social, soit la gestion de cas. En analysant ce dispositif, nous pourrons élucider les menaces et opportunités des réformes en cours pour le travail social. Sur le plan des pratiques professionnelles, la réforme en cours manifeste l’intention d’implanter la gestion de cas comme dispositif concret d’intégration dans le cadre de l’élaboration de son projet clinique (MSSS, 2004). En effet, la gestion de cas permet de soutenir la coordination et la continuité des services (Hébert et al., 2004), soit deux des principes fondateurs de la réforme. La pratique de la gestion de cas, dans sa forme actuelle, est une figure forte qui émerge dans le domaine de l’intervention, et elle pourrait grandement modifier le portrait de la pratique professionnelle au Québec dans les métiers de l’intervention sociale. Si sa forme actuelle est neuve, il faut cependant rappeler que la gestion de cas a connu en travail social différentes formes dans le passé. On peut même affirmer qu’il s’agit là d’un patrimoine de la discipline redécouvert depuis peu, notamment par les acteurs de la santé qui devaient résoudre des problèmes importants de continuité, par exemple. Ainsi, dès le milieu des années 1990, la gestion de cas s’est développée à travers différentes expériences d’intégration des services dans diverses régions du Québec, telles que Montréal, avec le programme de recherche sur les Services intégrés pour les personnes âgées (SIPA), l’Estrie, avec le Programme de recherche sur l’intégration des services pour le maintien de l’autonomie (PRISMA) et les Bois-Francs. Ces expériences d’intégration ont été implantées pour les clientèles prioritaires que sont les personnes âgées en perte d’autonomie et les personnes atteintes de problèmes de santé mentale. Selon le groupe PRISMA, Même si le rôle de gestionnaire de cas peut être occupé par plusieurs champs disciplinaires (infirmières, psychologues, ergothérapeutes, etc.), ce sont les intervenantes sociales qui y sont actuellement représentées de façon très majoritaire. Toutefois, la gestion de cas ne fait pas l’unanimité dans ce champ professionnel, car elle soulève d’importants enjeux au plan de l’identité professionnelle. Si, pour les uns, la gestion de cas constitue une menace pour le travail social, elle est perçue par d’autres comme une occasion de faire valoir la profession. Peu importe le point de vue adopté, la Loi sur les agences de développement de réseaux locaux de services de santé et de services sociaux est sans conteste à cet égard un événement majeur et structurant non seulement pour l’intégration des services, mais également pour les pratiques professionnelles, en l’occurrence celles du travail social. Dans ce contexte, le travail social ne peut rester …

Appendices