Pourquoi est-il nécessaire, aujourd’hui, de monter un dossier sur l’écocitoyenneté ? Quels sont les caractéristiques, les processus et les dynamiques de l’écocitoyenneté qui intéressent le plus les chercheurs et qui les incitent à aborder une telle problématique dans toute sa complexité ? Afin de pouvoir répondre à de telles questions, il serait pertinent de considérer non seulement les deux concepts qui fondent ce néologisme, soit ceux de citoyenneté et d’environnement, mais aussi celui qui favorise leurs interrelations écologiques. Si ces deux concepts ne sont pas nouveaux et ont fait l’objet de nombreuses recherches et publications, leur association, elle, l’est. Alors pourquoi un tel néologisme ? Qu’apporte-t-il de nouveau ? Que redéfinit-il ? Comment nous interpelle-t-il ? Et à quel niveau de notre vie quotidienne ? Comment l’écocitoyenneté influence-t-elle, ou devrait dorénavant influencer nos rapports avec nos environnements, ceux dans lesquels nous vivons tous les jours, c’est-à-dire les environnements naturel, social, culturel, politique, technologique, ou encore économique, pour ne nommer que ceux-là. Mais d’ores et déjà, il appert que plus nous nous approprions ce néologisme, plus nous prenons conscience que, non seulement nous devons réfléchir et questionner nos façons de faire et d’être actuelles, mais aussi des façons de décider de ce qui est acceptable à court, moyen et long terme, et incidemment, ce qui doit être encouragé ou changé dans une perspective de développement durable et viable. L’écocitoyenneté est un sujet qui se doit d’être traité dans toutes ses dimensions. Elle ne peut être perçue selon une vision unidimensionnelle, ni comme une entité monolithique. De fait, il existe une multitude de visions complémentaires et, convenons-en, certaines d’entre elles sont parfois contradictoires. Quoi qu’il en soit, ce domaine de recherche en émergence est d’une extrême importance pour l’opérationnalisation du développement durable. C’est pourquoi il est essentiel d’aborder l’écocitoyenneté dans une perspective globale et systémique, et donc d’analyser ses diverses composantes, les types d’interaction et d’organisation entre ces dernières, mais aussi les interrelations avec ses environnements. Une vision globale et systémique de l’écocitoyenneté fait ainsi apparaître trois niveaux organisationnels, soit la citoyenneté (le système ou encore la société), l’environnement (le milieu), et les interrelations citoyenneté / environnement (les interrelations écosystémiques). Certes, ces trois niveaux mériteraient chacun toute notre attention, mais cela constituerait une tâche gigantesque. Le présent dossier se concentrera sur les interrelations écosystémiques. Ainsi, la citoyenneté ne peut se réduire à un problème juridique ou constitutionnel ou encore au mode d’insertion de l’individu dans la communauté et de son rapport au pouvoir. Au-delà du droit de votation, la citoyenneté réfère au processus de décision collective où chacun prend sa part de responsabilité, égale à celle de tout autre, et au nom de laquelle il doit faire preuve de prudence (Canivez, 1995 : 8). La citoyenneté implique la participation active aux affaires de la Cité et, donc, le fait de ne pas être seulement gouverné, mais aussi gouvernant. Cet idéal est constamment à redéfinir et à mettre en oeuvre tant individuellement que collectivement. Plus globalement, nos relations avec l’environnement deviennent de plus en plus problématiques. Depuis plusieurs décennies, nous savons que certaines de nos pratiques ne sont plus écologiquement acceptables. Certaines d’entre elles se retournent même contre nous et provoquent des catastrophes et de la mortalité. Par exemple, plusieurs études montrent un lien direct entre la dégradation de l’environnement et la santé humaine. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de cinq millions d’enfants meurent chaque année des suites de maladies et de pathologies provenant de l’environnement dans lequel ils vivent, s’instruisent et s’amusent (Thériault, 2003). Dans les pays du Sud, cet organisme international estime qu’un enfant sur cinq décède des …
Appendices
Bibliographie
- Canivez, P. (1995). Éduquer le citoyen ? Paris, Hatier.
- Francoeur, L.-G. (2002). « La pollution automobile tue davantage que les accidents de la route », Le Devoir, 21 septembre, A10.
- Kourchner, M. (2003). « Écosystème et santé : Cohabitation insalubre », Le Devoir, 17 mai, G2.
- Lévesque, C. (2003). « Un enseignement venu du Sud », Le Devoir, 17 mai, p. G3.
- Presse canadienne (2000). « Le smog tue », Le Devoir, 31 mai, A4.
- Thériault, N. (2003). « Les vrais enjeux de la mondialisation », Le Devoir, 17 mai, G1.