Éditorial

Le rapport Clair… et la mondialisation[Record]

  • Yves Vaillancourt

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  • Yves Vaillancourt
    Directeur
    Nouvelles pratiques sociales

Depuis la sortie du premier numéro, en 1988, la revue Nouvelles pratiques sociales n’a jamais cessé de s’intéresser au renouvellement des pratiques et des politiques sociales en s’appuyant sur des démarches de recherche diversifiées, le plus souvent menées en partenariat avec des organismes sociaux impliqués dans la transformation des pratiques et de la société. Notre réflexion sur le renouvellement des pratiques sociales dans une société elle-même en transformation passe par la prise en considération d’une variété d’innovations sociales qu’on retrouve sur le plan microsocial, par exemple dans un quartier, une ville, un secteur ou une région, ainsi que sur le plan macrosocial, par exemple dans un grand domaine de pratiques et de politiques sociales (comme celui de la santé et du bien-être) ou dans l’ensemble de la société. Nous nous intéressons tant à des études de cas portant sur des organisations et des services, qu’à des analyses portant sur l’intégration des Amériques. Le renouvellement des pratiques sociales, pour nous, passe par des réflexions et des expérimentations soucieuses de tenir compte à la fois du développement local et de la mondialisation. Notre vision du renouvellement des pratiques sociales s’inscrit dans une démarche en faveur d’un nouveau modèle de développement (Lévesque, Bourque et Vaillancourt, 1999), voire d’un nouveau modèle de coopération internationale et de relations entre les pays du Nord et les pays du Sud (Favreau, 2000 ; Brunelle et Deblock, 2001). Le renouvellement des pratiques sociales, contentons-nous ici de l’évoquer, ne signifie pas n’importe quel changement : il renvoie à un recul de l’exclusion et à une avancée de l’inclusion. Dans cet éditorial, pour faire le point sur le renouvellement des pratiques sociales, nous proposons une lecture de certaines limites du rapport de la Commission d’étude sur les services de santé et les services sociaux (2000) – également appelé le rapport Clair – publié récemment. Nous ferons ensuite le lien avec des éléments de contexte plus larges, notamment des événements récents comme les forums mondiaux de Davos et de Porto Alegre qui nous ont fait réfléchir aux implications de la mondialisation. Le rapport Clair a été remis à la ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec en décembre 2000 et rendu public en janvier 2001. De manière générale, le rapport a été bien reçu par les différents groupes intéressés. Sa recommandation principale concernant le développement d’équipes de médecine familiale composées de 8 à 10 médecins et de quelques infirmières pratiquant une médecine de groupe et offrant une gamme de services continus de première ligne dans l’ensemble du territoire dans des cliniques privées remaniées ou des CLSC équipés sur le plan des services médicaux (Commission d’étude sur les services de santé et les services sociaux, 2000 : 27-32 ; 52-53) est considérée par plusieurs comme une réponse rafraîchissante, pragmatique et prometteuse à des problèmes qui durent depuis trop longtemps. À première vue, le rapport Clair fait peu de concessions aux courants de droite qui auraient voulu que le Québec effectue un virage plus net vers la privatisation des services. À cet égard, le pire semble avoir été évité. Le rapport argumente en faveur du maintien d’un financement public du système de santé et de services sociaux et d’un financement public alimenté par les ressources fiscales. Les orientations principales de la réforme Côté-Rochon, impulsée depuis le début des années 1990, semblent être reconfirmées. Il en est ainsi notamment en ce qui concerne la régionalisation (régies régionales), le soutien aux CLSC, dont la première ligne sociale devrait être mieux organisée (Commission d’étude sur les services de santé et les services sociaux, 2000 : 44-45), la reconnaissance des organismes communautaires et le …

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