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Présentation
L’observation empirique nous conduit à affirmer que les pratiques de formation universitaire accordent depuis une vingtaine d’années une importance diminuée à l’écriture, qui reste pourtant un exercice intellectuel essentiel pour le futur professionnel. L’évolution récente des méthodologies d’enseignement des langues vivantes, centrées sur les besoins de communication quotidienne, privilégie l’oral et les discours authentiques. Le destin de l’écriture semble menacé à l’époque de la communication instantanée et audiovisuelle, mais il existe heureusement une préoccupation des spécialistes pour la découverte de nouveaux moyens d’éveiller l’intérêt pour l’écrit, pour la mise place de techniques plus efficaces d’apprentissage afin de garder le pas avec la diversification des formes et genres de communication écrite.
Nous proposons ici la recension d’un volume collectif portant sur les enjeux théoriques, méthodologiques et pratiques, ainsi que sur les techniques d’amélioration des productions écrites en français langue seconde / langue étrangère (FLS/FLE) à l’université. Cet ouvrage est issu des travaux réalisés dans le cadre du projet de recherche du Consejo nacional de ciencia y tecnología (CONACYT) : Hermeneutica Y Ciencias Humanas, mené par deux équipes d’enseignants-chercheurs, l’une basée au Québec et l’autre au Mexique. L’ouvrage se compose de deux parties dont la première circonscrit le cadre théorique des recherches sur la compétence scripturale à l’université alors que la deuxième offre une large variété de modèles de pratiques d’enseignement de l’écrit.
L’introduction, signée par Y. Cansigno, O. Dezutter et H. Silva, retrace l’évolution de la problématique de l’écrit dans les universités et les écoles supérieures, tout en signalant le besoin d’actualisation de la réflexion, des méthodes et des pratiques.
La première partie de l’ouvrage aborde spécifiquement le projet de recherche mené entre 2007 et 2009 par l’équipe québécoise-mexicaine. Après avoir présenté les trois axes de réflexion autour desquels ils construisent leur cadre théorique (la compétence scripturale et le rapport à l’écriture, les dimensions cognitives et métacognitives de l’écriture en langue seconde/étrangère et la question de la motivation dans l’apprentissage des langues), les auteurs décrivent les contextes d’application et les profils des étudiants participant à la recherche. Ils font part ensuite des résultats de l’enquête menée auprès d’un large échantillon d’étudiants non francophones apprenant le français au Québec et au Mexique et des difficultés rencontrées, pour conclure sur l’importance de la création d’un environnement d’apprentissage motivant et d’une meilleure exploitation des stratégies acquises en langue maternelle.
Yvonne Cansigno, professeure-chercheuse de FLE à la Universidad Autonóma Metropolitana-Azcapotzalco, amorce la deuxième partie en passant en revue les orientations prioritaires des différents cours d’expression écrite dispensés à cette université. Parmi les suggestions les plus intéressantes dont elle nous fait part, mentionnons les suivantes : « l’écriture, dans le cas particulier des universités, peut être mieux valorisée si nous offrons aux étudiants des possibilités didactiques et technologiques avec des approches plus innovatrices. Il s’agit de consulter des sources en dehors de la salle de classe et d’autres sites proposant une interaction plus systématique entre l’enseignant et l’étudiant : rétroaction permanente, courrier des lecteurs en ligne, correction et évaluation des textes produits […], un réseau d’activités qui permettent d’acquérir une meilleure acuité visuelle et renforcer la chaîne logique de la stratégie scripturale. » (p. 102-103)
Dans son texte, Ociel Flores Flores, professeur-chercheur de FLE et de littérature à l’UAM, développe une réflexion sur les conditions requises pour devenir un scripteur efficace en milieu universitaire non francophone et propose une série d’orientations pour la conception de ce qu’on appelle un projet d’écriture. Riche en suggestions pédagogiques pour tous niveaux et avec un fort caractère applicatif, ce chapitre fournit également des renseignements intéressants sur les modèles de formations en expression écrite dans des environnements linguistiques non francophones. (p. 105-134)
Pour sa part, Haydée Silva, professeure titulaire à l’UAM, propose une approche inédite pour la formation universitaire : le jeu didactique. Ayant réexaminé à la lumière d’une approche ludique les postulats théoriques qui ont guidé le projet de recherche de l’équipe susmentionnée, elle offre une série originale de matrices d’activités destinées à enrichir l’inventaire d’outils pédagogiques usuels des activités de production écrite en milieu universitaire. (p. 135-170)
Yolanda G. Lopez Franco, professeure à la Faculté d’études supérieures Acatlán, partage le fruit d’une longue expérience d’initiation des étudiants aux rites de la culture de l’écrit propres à des communautés professionnelles spécifiques. De son témoignage de travail universitaire se dégage le souci d’encourager le respect de l’altérité et la valorisation des identités pluriculturelles. (p. 171-212)
La contribution d’Adelina Velásquez-Herrera se concentre sur une expérience concrète de travail autour de textes de presse en classe de FLE à la Universidad Autonóma de Querétaro. Elle met de l’avant une démarche interactive qui accorde une large place au travail collaboratif et aux TIC. (p. 213-238)
Toujours dans le domaine des TIC, la réflexion de Marie-Maude Cayouette, étudiante à la maîtrise en communication et langage à l’Université de Sherbrooke, porte sur un outil particulier aux potentialités pédagogiques encore peu explorées : le blogue en français - langue étrangère ou seconde. (p. 239-254)
Marie-Eve Fiset relate une expérience de terrain centrée sur l’échange collaboratif à distance mis en place entre les étudiants du microprogramme de FLS de l’Université de Sherbrooke et des étudiants francophones natifs inscrits dans la même université à un cours de pédagogie interculturelle. (p. 255-264)
Enfin, Geneviève Pinard-Prévost propose l’exploration critique d’une gamme variée d’outils d’autoévaluation, organisée au sein d’un portfolio de compétences en langues et permettant à l’apprenant de prendre en main sa propre formation. (p. 265-297)
Les conclusions du volume collectif sont sobrement exposées par Françoise Bleys (directrice du Centre de langues de l’Université de Sherbrooke) et Haydée Silva.
En somme, la publication rassemble des contributions d’un grand intérêt scientifique et pédagogique, d’auteurs ayant une riche expérience dans l’enseignement-apprentissage de l’écrit à l’université. Le lectorat y trouvera, outre un cadre théorique solide et clairement exposé, des expériences et des idées de démarches pédagogiques originales et inspirantes.