Cette entrevue s’inscrit dans le cadre du numéro thématique de la revue consacré à la gouvernance des musées. René Binette a consacré sa carrière à l’Écomusée du fier monde, qui a développé un modèle de coopération communautaire assez unique dans le réseau muséal québécois et qui a su inspirer le monde des musées. Le choix s’imposait d’autant plus que René Binette a été le lauréat du prix Carrière de la Société des musées québécois en 2021. Il a également été le premier Québécois à recevoir, en 2014, le prix Barbara A. Tyler pour le leadership muséal décerné par l’Association des musées canadiens. Co-fondateur et ancien directeur de l’Écomusée du fier monde, il oeuvre depuis plus de quarante ans au développement de l’écomuséologie québécoise. René Binette a contribué de manière décisive à la définition d’une muséologie axée sur la mobilisation citoyenne et l’habilitation de tous dans l’optique d’une véritable démocratie culturelle. Il a partagé sa philosophie de l’écomuséologie dans de multiples conférences nationales et internationales. Soulignons ses collaborations au guide Exposer son histoire (prix Publication de la Société des musées québécois, 1990) et à l’ouvrage Sur les traces de Joseph Venne (Prix d’excellence en interprétation du patrimoine de l’Association québécoise des interprètes du patrimoine, 2013). Précurseur de la muséologie citoyenne qui s’est imposée dans le projet de redéfinition du musée à ICOM-Kyoto en 2019, il s’est engagé dès ses débuts dans une approche résolument participative avec les citoyens, les organismes et les communautés minorisées du territoire. Par ce nouveau modèle de gouvernance, l’Écomusée du fier monde, institution à échelle humaine, a permis aux habitantes et habitants d’un quartier défavorisé de trouver leur place au musée.