Dernière heureLast News

Infection par le virus Chikungunya : une alphavirose ré-émergenteChikungunya virus: a reemerging alphavirus[Record]

  • Paul Henri Consigny,
  • Marc Lecuit and
  • Olivier Lortholary

…more information

  • Paul Henri Consigny
    Consultation de Pathologie Infectieuse, Tropicale et de Médecine des Voyages,
    Centre Médical,
    Institut Pasteur,
    28 rue du Docteur Roux,
    75674 Paris Cedex 15,
    France,
    et Centre d'Infectiologie Necker-Pasteur.
    consigny@pasteur.fr

  • Marc Lecuit
    Service des Maladies Infectieuses et Tropicales,
    Hôpital Necker,
    Paris, France,
    et Centre d'Infectiologie Necker-Pasteur.

  • Olivier Lortholary
    Service des Maladies Infectieuses et Tropicales,
    Hôpital Necker,
    Paris, France,
    et Centre d'Infectiologie Necker-Pasteur.

L’infection par le virus Chikungunya est une arbovirose évoluant sur un mode épidémique, dans les continents africain et asiatique, mais aussi dans les îles de l’Océan Indien, comme le souligne l’épidémie de grande ampleur actuellement en cours à l’île de la Réunion, après avoir touché les Comores, Mayotte et l’île Maurice, depuis le début de l’année 2005 [1]. Le virus Chikungunya est un arbovirus de la famille des Togaviridae, du genre Alphavirus, appartenant au complexe antigénique Semliki Forest [2]. La première description, qui remonte à 1952 en Tanzanie, lui a valu son nom qui signifie, en swahili, « qui marche courbé en avant » [3]. Il est responsable d’un tableau clinique articulaire similaire à celui observé dans d’autres alphaviroses, comme celles dues aux virus Ross River (VRR), Barmah Forest, O’Nyong-Nyong, Sindbis et Mayaro [4]. L’analyse phylogénétique des souches de Chikungunya permet d’identifier des clusters différents pour les souches d’Afrique de l’Est, de l’Ouest ou d’Asie, et de souligner la proximité importante avec le virus O’Nyong-Nyong [2]. Il s’agit d’un virus enveloppé à ARN simple brin, qui contient 3 protéines de structure, les glycoprotéines de surface E1 à activité hémagglutinante, et E2, et une protéine de capside C non glycosylée [5]. Il est transmis par des moustiques du genre Aedes, d’espèces différentes selon les zones considérées [6]. Les cycles de transmission diffèrent selon le continent : en Afrique, la transmission se maintient par un cycle sylvatique, rural, impliquant principalement Aedes furcifer et Aedes africanus, vecteurs par ailleurs de la fièvre jaune en cycle sylvatique, alors qu’en Asie, le cycle est plutôt urbain, impliquant Aedes aegypti et Aedes albopictus (Figure 1), moustiques anthropophiles et péridomestiques, impliqués aussi dans le cycle de transmission de la dengue [2, 7]. En Afrique, le réservoir du virus est animal, constitué par les primates, certains rongeurs et oiseaux, qui entretiennent le cycle sylvatique [4]. La présence de virus a pu être retrouvée chez le bétail, sans que son rôle dans la transmission n’apparaisse important. Aucun réservoir animal n’a été formellement documenté en Asie [2]. La large répartition géographique des vecteurs rend possible l’émergence du virus dans de nombreuses régions [6, 8], comme cela a pu être constaté pour d’autres arbovirus, comme le virus West Nile, introduit puis installé sur le continent nord-américain depuis 1999. La transmission trans-ovarienne du virus n’a été mise en évidence que dans des conditions expérimentales [9], et il n’est pas certain qu’elle ait lieu dans des conditions naturelles. Au plan épidémiologique, depuis la description initiale en Tanzanie, ce virus a été régulièrement à l’origine de petites poussées épidémiques cycliques en milieu rural, principalement en Afrique australe et de l’Est, de l’Ouganda à l’Afrique du Sud, en Afrique Centrale, la dernière épidémie du Congo ayant eu la particularité d’être urbaine, comme les épidémies asiatiques [10], plus rarement en Afrique de l’Ouest, en particulier au Sénégal [11]. Il est considéré comme endémique en milieu rural en Afrique, responsable de nombreux cas probablement non diagnostiqués, et associé à une séroprévalence pouvant être supérieure à 50 % [11]. Parallèlement, des poussées épidémiques ont été observées en Inde, au Sri Lanka, en Asie du Sud-Est (Thaïlande, Myanmar, Vietnam, Laos, Cambodge, Indonésie, plus récemment Malaisie), aux Philippines [12, 13]. La fréquence plus importante des épidémies en Asie peut être reliée au caractère anthropophile des moustiques vecteurs en cause [2]. Jusqu’à l’épidémie actuelle, sa présence dans les îles de l’Océan Indien n’avait été révélée que par des enquêtes de séroprévalence, sans notification d’épidémies [6]. Des descriptions cliniques ont aussi été faites chez des voyageurs, la dernière au retour de Côte d’Ivoire [8]. Dans la majorité …

Appendices