Chroniques bioéthiques (10)Tales of Bioethics (10)

Développer des traitements pour les maladies raresERDITI, un partenariat public-privé pour la recherche thérapeutiqueERDITI, The European Rare Diseases Therapeutic InitiativeA public-private partnership is promoting research on new treatments for rare diseases[Record]

  • Simone Gilgenkrantz and
  • Pascale Borensztein

…more information

Il existe un très grand nombre de maladies rares. On en compte environ 5 000, la plupart étant d’origine génétique. Elles ne touchent qu’un nombre restreint de personnes en regard de la population générale : 1/2 000 selon le seuil admis en Europe, soit pour la France moins de 30 000 personnes pour une maladie donnée, et moins de 200 000 personnes aux États-Unis selon la définition de ce pays [1]. Il s’agit souvent de maladies graves, chroniques, évolutives et le pronostic vital est parfois en jeu. Elles peuvent être visibles dès la naissance ou l’enfance (par exemple pour l’amyotrophie spinale infantile, la neurofibromatose, l’ostéogenèse imparfaite, les chondrodysplasies ou le syndrome de Rett). D’autres apparaissent à l’âge adulte (les maladies de Huntington, de Crohn, de Charcot-Marie-Tooth, la sclérose latérale amyotrophique, le sarcome de Kaposi ou le cancer de la thyroïde, entre autres). Les connaissances sur l’histoire naturelle de ces maladies ont progressé avec la création de registres et/ou d’observatoires. Cependant, la plupart des maladies rares partagent les mêmes caractéristiques : absence de connaissances médicales et scientifiques, de moyens diagnostiques et, bien évidemment, de traitement approprié. Pour la majorité des maladies rares, il n’existe pas de traitement spécifique, même si des soins adaptés peuvent améliorer la qualité de vie et prolonger sa durée. Cela est dû probablement à deux facteurs : (1) le manque de connaissance sur la physiopathologie de ces maladies ; (2) le relatif manque d’investissement du secteur privé pour des thérapeutiques n’intéressant par définition que peu de malades et ne permettant pas un retour sur investissement suffisant. De nouveaux espoirs sont nés avec les législations sur les médicaments orphelins, d’abord aux États-Unis puis au Japon, en Australie et plus récemment en Europe ((→) m/s 2006, n° 1, p. 71). En cinq années de législation européenne, le bilan se révèle assez positif puisque les médicaments orphelins représentent désormais une proportion notable des autorisations de mise sur le marché (AMM). En 2004, ils représentaient 34 % des produits autorisés (6/34) (voir [2] pour une revue générale sur le sujet). Toutefois, cette impulsion donnée par la législation doit s’accompagner de mesures spécifiques de soutien à la recherche sur les maladies rares, y compris la recherche thérapeutique. C’est notamment dans ce but que vient d’être créé ERDITI (European Rare Diseases Therapeutic Initiative), une initiative européenne dont les objectifs et la structure ont été rapportés dans la rubrique « Health in Action » du journal PloS Medicine [3]. Malgré ce bilan positif, la mise à disposition de traitements pour les maladies rares se heurte à de nombreuses difficultés, dont la principale est l’ignorance de leur physiopathologie. Il est donc essentiel d’intensifier l’effort de recherche publique sur les maladies rares, aussi bien au niveau épidémiologique que clinique, génétique et physiopathologique, pour en élucider les mécanismes [1]. Les puissants outils offerts désormais, à l’ère de la génomique et de la post-génomique, devraient permettre de mettre à jour les mécanismes pathogéniques des nombreuses maladies rares d’origine génétique. Pour ces maladies, il sera important de promouvoir la recherche thérapeutique, qu’elle dérive d’innovations technologiques (anticorps monoclonaux, thérapie génique et cellulaire, thérapie enzymatique de substitution) ou repose sur les bases plus classiques de découverte de composés chimiques actifs. Ce second aspect, la chasse aux composés actifs, agissant sur des cibles biologiques identifiées, est une démarche importante pour laquelle l’implication des équipes de recherche publiques est essentielle. L’identification de composés chimiques actifs peut se faire à travers deux types de stratégies. Les milliers de composés qui ont été développés par les industries pharmaceutiques pour les maladies communes et fréquentes et qui ont été abandonnés pour …

Appendices