P. Aldhous, l’un des éditeurs de la revue Nature, a enquêté sur les ravages produits par la vente de médicaments contrefaits dans plusieurs pays du Sud-Est asiatique, particulièrement le Cambodge [1]. La falsification porte essentiellement sur les antipaludéens, les antalgiques et les antibiotiques. Bien souvent, les gélules ou les comprimés commercialisés ne contiennent pas d’agent actif ou, au mieux, une faible quantité. Ces produits sont vendus dans des emballages semblables à ceux des produits d’origine de telle sorte que seuls des spécialistes peuvent distinguer le véritable du contrefait. Ils sont vendus à la sauvette ou dans des boutiques des marchés locaux à un prix inférieur à celui du produit véritable. Plusieurs enquêtes ont montré l’importance du problème. En un an (août 1999-août 2000), 104 échantillons d’artésunate (un antipaludéen manufacturé en Chine) achetés dans ces boutiques ont été testés dont 38 % se sont révélés ne contenir aucun produit actif. La situation a empiré depuis puisque, en février 2003, 53 % de 188 échantillons d’artésunate furent identifiés comme des contrefaçons. P. Aldhous a conduit sa propre enquête. En décembre 2004, il visita en deux jours 27 boutiques et demanda à acheter un antibiotique. Il ne put obtenir aucun renseignement du vendeur sur les conditions de prise du médicament. Le Ministère de la Santé du Cambodge donne le chiffre de 11 % de médicaments falsifiés en 2003. Plusieurs sont indiqués comme provenant de firmes qui, en fait, ne sont pas enregistrées comme industries pharmaceutiques. Cette situation conduit à des décès, essentiellement dans la population locale, lorsqu’un paludisme ou une infection sont traités avec des produits sans efficacité. Les Occidentaux se voient plus souvent offrir des produits authentiques à des prix plus élevés. P. Aldhous envisage les moyens de remédier à cet état de choses. En premier lieu, il convient de pouvoir rapidement tester par une analyse simple l’authenticité du produit vendu. Des trousses permettent maintenant aux techniciens locaux de faire cette vérification pour plusieurs produits sans passer par la chromatographie utilisée dans les laboratoires spécialisés. Il convient ensuite de casser la chaîne de distribution en permettant d’opérer aux seules pharmacies licenciées et en fermant toutes celles vendant des contrefaçons. Cette dernière mesure est loin d’être facile à mettre en oeuvre vu l’importance de la corruption au sein des autorités chargées de faire appliquer la loi. Enfin, il faut intervenir auprès des gouvernements des pays producteurs de ces contrefaçons, en particulier la Chine, pour obtenir que les falsificateurs soient sévèrement punis, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Il faut noter que les trafiquants se sont reconvertis du commerce des stupéfiants à celui des médicaments contrefaits pour lequel le risque est bien moindre. On ne doit pas se cacher que le problème sera long à résoudre. En attendant, si vous allez dans les pays exposés, partez avec vos provisions. Chacun sait que l’espérance de vie des deux sexes a considérablement augmenté dans les pays développés depuis le milieu du xixe siècle de façon quasi continue. Il est important de prévoir quelle sera l’évolution au cours du xxie siècle, ne serait-ce que pour mieux prendre en compte le poids financier des retraites et les dépenses d’assurance maladie. Un consensus presque général voulait que l’espérance de vie atteigne environ 100 ans dans les prochaines décennies. Des voix discordantes se font maintenant entendre. On a d’abord constaté aux États-Unis une diminution de la pente d’accroissement de la durée de vie depuis environ 30 ans et on se demande maintenant si l’on ne doit pas s’attendre à une diminution de l’espérance de vie au cours de ce siècle. La cause principale en serait l’explosion …
Appendices
Références
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