Abstracts
Résumé
L’ampleur de la mobilisation collective suscitée par l’épidémie de sida a été soulignée maintes fois. En raison d’une logique de diffusion sélective, l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) n’a pas seulement déclenché l’action des malades et de leurs proches, comme c’est habituellement le cas dans le domaine des maladies, mais aussi celle des deux « groupes sociaux » les plus affectés : les homosexuels masculins et les usagers de drogues. Existant depuis près d’un siècle, les collectifs de « malades » recouvrent des configurations diversifiées, qui vont des groupes consensuels se développant dans les années 1930 aux groupes plus contestataires émergeant au cours des années 1970. Nous montrerons ici comment, dans les champs du sida et de la toxicomanie, ces collectifs d’usagers se sont multipliés au travers de choix d’identifications publiques différenciées. Dans le domaine de la lutte contre le sida, coexistent toutes les formes de mobilisation que l’on trouvait déjà préalablement dans le champ des maladies. Dans le domaine de l’usage de drogues, les logiques d’action sont moins diversifiées et se partagent en deux grandes catégories : groupes d’intérêt et self-help groups (groupes d’entraide).
Summary
The extent of mobilization caused by the epidemy of AIDS was underlined many times. Because of a logic of selective dissemination, infection by HIV not only started action of patients and their close relations, but also that of the two most affected social groups : homosexual men and drug users. Existing since almost a century, the collectives of patients have shown various configurations, from consensual groups which developped in the thirties to protestor groups emerging within the seventies. We show here how both in AIDS and drug addiction, the collectives of users multiplied through differentiated public identification choices. In the fight against AIDS, all the forms of mobilization coexist. Concerning drugs usage, actions are less diversified and divide in two main categories: groups of interest and self-help groups.
Appendices
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