Aussi diversifiés soient-ils, nos épithéliums ont en commun de protéger contre l’envahisseur microbien (poumon et intestin), de restaurer l’intégrité tissulaire en cas de lésion mécanique ou chimique, et de circonscrire la réponse inflammatoire au site de la lésion. Toutes ces réponses font intervenir des migrations cellulaires, et donc la production des molécules qui les contrôlent, dont les chimiokines et les métalloprotéases. La MMP-7, ou matrylysine, est connue pour son clivage des α-défensines de l’intestin, ou du ligand de Fas, libérant ces molécules bénéfiques dans le milieu environnant. Ce que démontre un superbe papier de Cell [1], c’est que cette matrylysine est un partenaire essentiel d’un trio moléculaire orchestrant le passage trans-épithélial de leucocytes lors de la réaction inflammatoire de l’épithélium bronchique en réponse à une agression (ici une instillation de bléomycine). L’absence de matrylysine (souris knock-out) bloque le passage trans-épithélial des leucocytes de l’espace interstitiel périvasculaire vers la lumière alvéolaire. Or, paresseux, les leucocytes ne migrent que s’ils sont attirés par des sirènes de type chimiokines, dont KC (un équivalent murin de lhumaine). Celle-ci est induite en réponse à un stimulus inflammatoire épithélial, endothélial ou interstitiel. Mais, KC a besoin d’une protéine porteuse pour traverser l’épithélium, et ce guide est un héparane sulfate, glycosaminoglycane spécialisé dans le transport de cytokines (dont le FGF par exemple, ou l’IL-8) et dans la formation de récepteurs de haute affinité pour ces cytokines. Il s’agit ici du syndécan, protéoglycane abondant à la partie basale des épithéliums. Le puzzle est donc en place: la matrylysine, dont la synthèse augmente en réponse à une lésion, clive le syndécan 1, probablement déjà chargé de la chimiokine KC, et le complexe, une fois libéré à la partie basale de l’épithélium, établit un gradient trans-épithélial qui va guider le passage des leucocytes de l’espace interstitiel vers la lumière alvéolaire et les amener sur le lieu de l’inflammation. Il y a des précédents: MMP-2 fait de même avec l’interleukine 13 (très impliquée dans l’asthme), mais le substrat de MMP-2 est encore inconnu. Pour parfaire cet engrenage très sophistiqué, il semble bien que l’activation des polynucléaires neutrophiles ne soit vraiment efficace que vers la fin de la traversée trans-épithéliale, afin de ne pas gâcher trop à l’avance toutes leurs cartouches anti-bactériennes. Tout cela est trop beau pour être le fruit du hasard… Qui eut cru que la médecine régénérative humaine s’inspirerait d’un être primitif hantant les égouts de Mexico! C’est que si l’on coupe la queue de l’axolotl, toutes les structures qui la composent, muscle, cartilage, moelle épinière, derme et épiderme régénèrent en quelques semaines. Il se forme autour de la cicatrice une zone proliférative appelée « blastème » d’où émergent les nouvelles structures tissulaires. Or, le débat est récurrent quelle que soit l’espèce: ces structures diverses se reforment-elles à partir de progéniteurs multiples du blastème déjà « spécialisés », à partir d’une rare cellule souche multipotente présente localement, ou à partir de cellules différenciées, qui se dé-différencient et adoptent une destinée différente de celle qui était la leur, justifiant, mais dans ce cas seulement, le terme de transdifférenciation. Seule une analyse clonale peut trancher, mais elle est souvent de réalisation difficile. La question posée par une équipe du Max Planck Institute de Dresde [2] était celle de la « plasticité » des cellules progénitrices de la moelle épinière de l’Axolotl après section de la queue. L’intérêt de cet amphibien long de 2 cm est que chacune de ses cellules est individualisable par l’observation microscopique. Les chercheurs ont injecté par électroporation ((→) m/s 2001, n° 3, p. 359) directement in vivo dans une (ou quelques, le ciblage d’une seule …
Appendices
Références
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