McGill Law Journal
Revue de droit de McGill
Volume 65, Number 4, June 2020
Table of contents (7 articles)
Articles
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Lines Drawn in Blood: A Comparative Perspective on the Accommodation of Blended Families in Succession Law
Laura Cárdenas
pp. 573–624
AbstractEN:
Blended families, created by the coupling of individuals with children who are not common to both spouses, are not new to Canadian society. Yet, Canadian legal systems still struggle to find ways of accounting for their specificities in various legal regimes. This article focuses on the way laws on inheritance treat blended families: whether a stepchild can inherit, upon intestacy, from the father they grew up with if he is not listed on their birth certificate; whether, as intended, the child of one of the spouses really receives their parent’s full estate if this parent predeceases their spouse; whether an intestate’s younger “half-sister” receives as much as an estranged older sibling. I take a comparative approach to these questions, critically analyzing laws across Canada, France, England, and Scotland to discuss the strengths and shortcomings of various legislative approaches.
My findings indicate that while blended families create new relationships that are inexistent in the nuclear family, the template for succession laws across the world remains the nuclear family. Yet, even the simple parental relationship, when placed in the unique framework of a blended family, functions differently in this context and can lead to the rerouting of a deceased’s inheritance. This in-depth look at the interplay of blended families and contemporary succession laws, their origins, and purposes allows me to evaluate whether Canadian laws are accomplishing their goals when it comes to blended families. I find that our laws on inheritance often fail to accommodate the specificity of blended families, and suggest a reframing of the way we approach inheritance so as to foster their inclusion.
FR:
Les familles recomposées, issues de l’union d’individu.e.s dont les enfants ne sont pas commun.e.s aux deux conjoint.e.s, ne constituent pas un phénomène nouveau dans la société canadienne. Pourtant, les ordres juridiques canadiens peinent encore à trouver des moyens appropriés de prendre en compte leurs spécificités dans diverses sphères du droit. Cet article se concentre sur la manière dont le droit des successions affecte les familles recomposées : est-ce qu’un.e enfant peut hériter du beau-père intestat avec qui l’enfant a grandi si son acte de naissance ne liste pas le beau-père; l’enfant de l’un.e des conjoint.e.s reçoit-iel, comme prévu, la totalité de la succession de ce parent si le parent prédécède saon conjoint.e; la « demi-soeur » cadette d’un.e intestat reçoit-elle autant qu’un.e froeur aîné.e qui s’est détaché.e de la personne défunte depuis longtemps? Nous adoptons une approche comparative à ces questions en analysant de manière critique les lois du Canada, de la France, de l’Angleterre et de l’Écosse afin d’évaluer les forces et les faiblesses des différentes approches législatives en la matière.
Nos constats révèlent que même si les familles recomposées créent de nouvelles relations qui sont inexistantes au sein de la famille nucléaire, le modèle sur lequel se basent les lois successorales reste tout de même, à travers le monde, la famille nucléaire. Pourtant, même la simple relation parentale, lorsqu’elle est placée dans le cadre spécifique de la famille recomposée, opère différemment dans ce contexte et peut entraîner le détournement de l’héritage d’un.e défunt.e. Notre examen approfondi de l’interaction des familles recomposées avec le droit successoral contemporain, ainsi que des origines et objectifs de ce dernier, nous permet d’évaluer si les lois canadiennes atteignent leurs objectifs en ce qui concerne les familles recomposées. Notre constat est que notre droit des successions ne tient pas adéquatement compte de la spécificité des familles recomposées et nous suggérons de réformer la façon dont nous abordons le sujet afin de favoriser leur intégration.
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Noli me tangere : affiner le régime québécois d’immunité de saisie pour les objets culturels
François Le Moine
pp. 625–669
AbstractFR:
Afin d’encourager la présentation d’expositions au Québec, l’article 697 du Code de procédure civile permet de protéger contre les saisies les oeuvres d’art et les autres biens culturels ou historiques prêtés de l’étranger. Cette disposition (alors l’article 553.1 de l’ancien Code de procédure civile) fut introduite en 1976 afin de permettre la tenue, à Montréal, d’une importante exposition en provenance de l’URSS.
Depuis, de nombreux États se sont dotés de mesures de protection comparables et l’article 697 est fréquemment employé pour protéger les oeuvres d’art et objets culturels lors de leur passage au Québec. Cependant, la jurisprudence étrangère révèle que ces mécanismes ne sont pas exempts de failles. Plus de quarante ans après l’adoption au Québec de cette disposition d’insaisissabilité, et à la lumière des développements internationaux, la présente étude se propose de dresser un bilan de l’emploi de cette disposition, d’évaluer ses défauts ainsi que de formuler des propositions afin de renforcer son efficacité et de permettre son emploi dans d’autres contextes que ceux jusqu’ici envisagés par le législateur.
EN:
In order to encourage the presentation of exhibitions in Québec, article 697 of the Code of Civil Procedure allows for the protection of works of art and other cultural or historical property on loan from abroad from seizure. This provision (then article 553.1 of the former Code of Civil Procedure) was introduced in 1976 to allow a major exhibition from the USSR to be held in Montréal.
Since then, many states have adopted similar measures of protection, and article 697 is frequently used to protect works of art and cultural objects during their stay in Québec. However, foreign case law reveals that these mechanisms are not without important flaws. More than forty years after Québec adopted this unseizability provision, and in light of international developments, the present study proposes to review the use of this provision, assess its flaws, and formulate proposals to strengthen its effectiveness and allow its use in contexts other than those hitherto contemplated by the legislator.
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Going Circular: Indigenous Legal Research Methodology as Legal Practice
Alan Hanna
pp. 671–709
AbstractEN:
Working in Indigenous communities evokes thoughts about appropriate research methodologies. The default to academic methodologies raises questions about what Indigenous research methodologies might look like. Although there is growing discourse on this subject, I often wonder why Indigenous methodologies still tend to follow Western academic approaches. In this paper, I explore possibilities for alternative ways of understanding Indigenous research methodologies that are aligned with Indigenous practices. I argue that when research is conducted according to the ways and worldview of a particular Indigenous group, the researcher will find themselves practising the laws of that society, as many legal principles are exhibited through the manner in which a person walks in the world. Legal research specifically invites and encourages researchers to work in accordance with the very principles being learned. A methodology arising from a particular worldview and the legal order that it entails will promote practices long entrenched in its communities. Walking in such a manner allows a person to break free from traditional Western methodologies and begin to see the world through the cyclical movements of Indigenous knowledge and practice.
FR:
Travailler au sein de communautés autochtones suscite des réflexions concernant les méthodes de recherche appropriées. Le recours par défaut aux méthodologies académiques suscite des questions à propos de ce à quoi les méthodologies de recherche autochtones peuvent ressembler. Bien qu’il y ait de plus en plus de discussions à ce sujet, nous nous demandons souvent pourquoi les méthodologies autochtones ont tendance à, encore, se fonder sur les méthodes académiques occidentales. Dans cet article, nous explorons des manières alternatives de comprendre les méthodologies de recherche autochtones afin qu’elles soient en phase avec les pratiques autochtones. Nous soutenons que lorsque la recherche est conduite en fonction du mode de vie et de la vision du monde (« worldview ») d’une communauté autochtone distincte, le chercheur se trouvera à pratiquer le droit de cette société, puisque plusieurs principes juridiques sont mis en lumière à travers la façon dont un individu avance et évolue dans le monde qui l’entoure. La recherche juridique invite et encourage spécifiquement les chercheurs à travailler selon les principes mêmes étant appris. Une méthodologie fondée sur une vision du monde particulière, ainsi que l’ordre juridique qu’elle implique, en viendra à faire la promotion de pratiques longtemps enracinées au sein des communautés dont elle est issue. Avancer d’une telle façon permet à un individu de se libérer des méthodologies occidentales traditionnelles et de voir le monde en fonction des mouvements cycliques du savoir et des pratiques autochtones.
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Predicting Employment Notice Period with Machine Learning: Promises and Limitations
Samuel Dahan, Jonathan Touboul, Jason Lam and Dan Sfedj
pp. 711–753
AbstractEN:
Rapid advances in data analysis techniques—particularly for predictive algorithms—have opened the door for radically new perspectives on legal practice and access to justice. Several firms in North America, Asia, and Europe have set out to use machine-learning techniques to generate legal predictions, raising concerns regarding ethics, reliability and limits on prediction accuracy, and potential impact on case law development. To explore these opportunities and challenges, we consider in depth one of the most litigated issues in Canada: wrongful termination disputes and, more specifically, the question of reasonable notice determination. Beyond the thorough analysis of this question, this paper is also intended to act as a road map for non-technicians (and especially lawyers) on the application of artificial intelligence (AI) methods, illustrating both their potential benefits and limitations in other areas of dispute resolution.
To achieve these results, we first created a large dataset by annotating historic cases related to employment termination. This dataset proved useful for assessing the predictability of reasonable notice of termination, that is, the accuracy and precision of AI predictions. In particular, it helped identify the degree of inconsistency in notice period cases, incidentally exposing the limitations of legal predictions. We then developed predictive algorithms to estimate notice periods based on details of the employment period and investigated their accuracy and performance. Moreover, we thoroughly analyzed these algorithms to better understand the judicial process, and in particular to quantify the weight and influence of case-specific features in the determination of reasonable notice. Finally, we closely analyzed cases that were poorly predicted by the algorithms to understand the judicial decision-making process and identify inconsistencies—a strategy that will ultimately yield a deeper practical understanding of case law.
This project will open the door to the development of an access-to-justice project and will provide users with an open-access platform for employment legal help ( www.MyOpenCourt.org).
FR:
Les progrès rapides des techniques d’analyse de données — les algorithmes prédictifs en particulier — ont ouvert la porte à des avenues radicalement nouvelles en matière de pratiques juridiques et d’accès à la justice. Plusieurs cabinets d’avocats d’Amérique du Nord, d’Asie et d’Europe ont entrepris d'utiliser des techniques d’apprentissage statistique (machine learning) pour prédire et générer des conclusions d’ordre juridique, ce qui soulève des préoccupations concernant l’éthique, la fiabilité et les limites de la précision de ces conclusions, ainsi que leur impact potentiel sur le développement de la jurisprudence. Pour explorer ces possibilités et ces défis, nous examinons en profondeur l’une des questions les plus litigieuses au Canada : les licenciements abusifs et, plus particulièrement, la question de la détermination du préavis raisonnable. Au-delà de l’analyse approfondie de cette question, cet article se veut également une feuille de route pour les non-techniciens (et surtout les avocats) sur l’application des méthodes d’intelligence artificielle (IA), illustrant à la fois leurs avantages potentiels et leurs limites dans d’autres domaines de la résolution des litiges.
Pour atteindre cette fin, nous avons d’abord colligé un vaste ensemble de données en annotant les cas historiques de congédiement injustifiés. Cet ensemble de données s’est avéré utile pour évaluer la prévisibilité d'un préavis raisonnable de licenciement, c’est-à-dire la précision des prédictions de l’IA. En particulier, cette approche permet de déterminer le degré d’incohérence et de variation des cas de préavis, en exposant incidemment les limites de ses conclusions légales. Nous avons développé des algorithmes prédictifs afin d’estimer les délais de préavis en fonction de la durée de l’emploi et avons étudié leur précision et leur performance. De plus, nous avons procédé à une analyse approfondie de ces algorithmes afin de mieux comprendre le processus judiciaire, et en particulier de quantifier le poids et l’influence des caractéristiques propres à chaque affaire dans la détermination du préavis raisonnable. Enfin, nous avons analysé de près les cas mal prédits par les algorithmes d’IA afin de mieux comprendre le processus décisionnel judiciaire et d’en déterminer les incohérences — une stratégie qui permettra en définitive d’approfondir la compréhension pratique de la jurisprudence.
Ce projet ouvre la voie au développement d’un projet d'accès à la justice à plus grande échelle et fournira aux utilisateurs une plateforme en libre accès d’aide juridique en droit du travail ( www.MyOpenCourt.org).