Abstracts
Résumé
Les mobilisations populaires dont ont été témoins plusieurs sociétés occidentales soulèvent de nombreuses questions de philosophie politique et juridique que les chercheurs de ces disciplines devront s’approprier s’ils veulent contribuer de manière utile au débat social que nous imposent les protagonistes du mouvement Occupy, les Indignados, ou encore les citoyens qui sont descendus dans la rue au Québec au moment du Printemps Érable. Les questions les plus urgentes nous semblent être les suivantes : les manifestations et protestations publiques font-elles une entorse à la démocratie en ne passant pas par les institutions formelles, ou bien devraient-elles, à certaines conditions, être perçues comme faisant partie de la vie démocratique? Deuxièmement, quelle est l’extension de la notion de « grève »? S’agit-il d’un non-sens pour une association étudiante de prétendre qu’elle peut, au même titre qu’un syndicat de travailleurs, se prévaloir de cet outil de pression? Troisièmement, quelles sont les conditions qui rendent légitime dans le contexte d’une démocratie libérale le recours à la désobéissance civile? Enfin, la conception de la propriété privée, centrale aux sociétés occidentales modernes, exclut-elle que même la propriété privée puisse avoir des fonctions sociales, en vertu desquelles cette institution tirerait peut-être même sa justification?
Abstract
Protests and demonstrations witnessed by many Western societies raise a number of questions of political and legal philosophy that researchers in these disciplines will need to take up if they want to make a useful contribution to the social debate that was imposed by the protagonists of the Occupy movement, the Indignados, or the citizens who took to the streets in Quebec at the time of Printemps érable. The most pressing issues seem to be the following: Do demonstrations and public protests harm democracy by not passing through formal institutions, or should they, under certain conditions, be seen as part of the democratic life? Second, what is the extent of the notion of a “strike”? Is it nonsense for a student association to claim that it can, just as a union of workers, take advantage of this pressure tactic? Third, what are the conditions that make it legitimate, in the context of a liberal democracy, to use civil disobedience? Finally, does the concept of private property, central to modern Western societies, exclude the possibility that even private property may have social functions, which may be this institution’s underlying justification?