Responsabilité et management internationalResponsibility and international managementResponsabilidad y gestión internacional

Mot des rédacteurs invitésNuméro thématique « responsabilité et management international »[Record]

  • Hamza Asshidi,
  • Anne Bartel-Radic and
  • Philippe Mouillot

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Vivre et travailler ensemble à l’international est naturellement synonyme d’une grande diversité. Celle-ci constitue un défi majeur de notre temps pour les organisations et leurs employés tant au niveau local qu’international, dans un contexte marqué par les impératifs liés aux transitions écologiques, économiques et numériques, ainsi qu’à la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE). Dans ce numéro thématique, nous souhaitons explorer le management international à l’aune de la responsabilité en réponse à l’angle souvent privilégié de la performance. Notre objectif est d’essayer de mieux comprendre comment naissent et se déploient des comportements responsables, tout particulièrement en cette période de post-pandémie, de crises et face aux grands défis environnementaux et sociaux auxquels fait face l’Humanité. Cela nous a conduit à solliciter, pour ce numéro thématique, des contributions qui, au prisme du management international et du management comparé, interrogent les comportements individuels et organisationnels éminemment responsables à l’international, et donc reconnus comme tels. Dans la recherche anglo-saxonne, les comportements organisationnels à l’international constituent un champ clairement identifié et reconnu, intitulé International Organizational Behavior. Ce champ fécond, porté à ses origines notamment par de grandes auteures comme Nancy Adler (1990), encourage une ouverture au-delà des frontières nationales pour permettre l’analyse des comportements organisationnels. D’une part, ce courant a permis de conduire des analyses comparées des cultures et de l’impact de la diversité culturelle sur les comportements organisationnels dans des organisations privées comme publiques (Chanlat et Pierre, 2018; D’Iribarne, 1989; Hofstede 1980; Mouillot et Bartel-Radic, 2020; Trompenaars et Hampden-Turner, 2004). D’autre part, il a engendré des travaux réellement inter-culturels en ce sens qu’ils analysent le management des organisations et des équipes internationales, avec un accent porté sur les compétences interculturelles comme condition nécessaire à des interactions réussies (Hajro et Pudelko, 2010). Cette diversité culturelle a longtemps été abordée comme une barrière, une difficulté pour le management. Mais depuis une dizaine d’années, les appels à une approche plus positive et constructive se multiplient (Bausch, Barmeyer et Mayrhofer, 2021; Stahl et Tung, 2015). Si la diversité culturelle accueille donc le paradoxe (Lewis, 2000) d’une gestion de la difficulté comme de la richesse, son management reste toujours insuffisamment connu. Un courant contemporain fertile l’aborde par le boundary spanning en étudiant les acteurs qui « construisent des ponts » par-delà ces frontières, tout comme les activités qu’ils mettent en oeuvre (Bartel-Radic et Munch, 2023; Schotter, Mudambi, Doz et Gaur, 2017). Il y a presque 30 ans, les langues et la diversité linguistique ont étaient considérées comme un facteur oublié en management international (Marschan, Welch et Welch, 1997). Aujourd’hui, la recherche sur la diversité linguistique (Church-Morel et Bartel-Radic, 2016) fait l’objet d’un courant prolifique et pleinement établi au sein des communautés de chercheurs en management international (Brannen, Piekkari et Tietze, 2014). Cette recherche étudie en particulier comment la diversité linguistique influence les interactions professionnelles, les processus organisationnels et les résultats du travail (Piekkari, Gaibrois et Johansson, 2022). Plusieurs articles de revue et livres récents décrivent l’état de ce courant de recherche (Brannen et Mughan, 2017; Karhunen, Kankaanranta, Louhiala-Salminen et Piekkari, 2018; Lecomte, Vigier, Gaibrois et Beeler, 2023; Tenzer, Terjesen et Harzing, 2017). Les sujets actuels d’intérêt incluent la diversité linguistique et le travail virtuel (Taylor, 2021), le pouvoir (Tienari, 2023), la mobilité internationale (Back et Piekkari, 2024) et les réfugiés (Hokkinen et Barner-Rasmussen, 2023). Les recherches dans ce champ s’insèrent aujourd’hui majoritairement dans une approche du management responsable de la diversité. La responsabilité des organisations, souvent condensée sous le terme RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises), est une notion riche, ambivalente, et donc complexe à cerner. Objet de débats encore très vivaces (Chapple et Moon, 2007; Payaud et Martinet, 2010; …

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