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« Comment tout peut s’effondrer ? » : analyse critique de l’ouvrage

  • Nazik Fadil and
  • Christina Constantinidis

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Cover of L’entrepreneuriat à l’heure d’un effondrement sociétal ? Rôles, responsabilités et défis, Volume 27, Number spécial, 2023, pp. 4-141, Management international / International Management / Gestiòn Internacional

Dans le cadre de ce dossier spécial sur les liens entre entrepreneuriat et effondrement sociétal, nous avons eu envie de partager un des ouvrages qui a inspiré l’idée de travailler sur cette thématique. L’ouvrage, publié en 2015 aux Editions du Seuil, est intitulé « Comment tout peut s’effondrer : petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes ». Sur base d’une large revue de travaux menés dans diverses disciplines (429 références bibliographiques au total, couvrant des champs aussi divers que l’histoire des civilisations, l’anthropologie, la psychologie, la sociologie, les sciences politiques, la biologie, les sciences de la santé, la géologie et d’autres), les auteurs, Pablo Servigne et Raphael Stevens, montrent que ce n’est qu’en rassemblant des connaissances actuellement morcelées qu’il est possible de comprendre l’ampleur du phénomène d’effondrement de notre civilisation, et d’en faire sens. Si l’idée d’effondrement est loin d’être neuve, l’époque actuelle se caractérise par la convergence de multiples crises, menaçant de façon accrue la stabilité de nos systèmes socio-économiques. Changement climatique, perte de biodiversité, épuisement des ressources, dégradation sociale, économique et politique sont autant de signes alarmant de l’existence de limites physiques et biologiques à notre modèle de développement. Les auteurs reconnaissent d’emblée que le sujet est extrêmement délicat à aborder et suscite souvent des réactions telles que le déni, la peur, la tristesse, ou même la colère. Il est certain qu’il bouscule des croyances profondément ancrées, remettant notamment en question le mythe de la croissance et du progrès infinis. Le but de l’ouvrage est d’amener les lecteurs et lectrices à regarder en face cette réalité, en adoptant une approche responsable, afin de se préparer aux changements majeurs à venir et contribuer à construire des systèmes plus résilients et durables que nos modèles de société actuels. Les auteurs, définissent la collapsologie comme « l’exercice transdisciplinaire d’étude de l’effondrement de notre civilisation industrielle, et de ce qui pourrait lui succéder, en s’appuyant sur les deux modes cognitifs que sont la raison et l’intuition, et sur des travaux scientifiques reconnus » (p. 253). Ils la voient comme essentielle pour comprendre les risques qui pèsent sur notre société et notre planète, et repenser l’avenir des sociétés humaines. Le concept d’effondrement, au centre de cet ouvrage, peut sembler excessivement pessimiste pour certains. Cependant, les récents rapports du GIEC et de l’Université des Nations Unies, publiés en 2023, font écho de manière percutante aux conclusions avancées par les deux auteurs, nous invitant ainsi à approfondir notre réflexion. Notre analyse sera articulée autour des trois parties de l’ouvrage de Pablo Servigne et Raphael Stevens, abordant successivement les prémices d’un effondrement potentiel, sa temporalité probable et enfin, le rôle que peut jouer la collapsologie. Dans leur premier chapitre, les auteurs commencent leur démonstration en mettant en évidence le type de croissance, exponentielle, qui caractérise des paramètres de notre société aussi divers que la population, le produit intérieur brut mondial, la consommation d’énergie primaire, la concentration de gaz à effet de serre, l’acidification des océans, le nombre de véhicules motorisés, ou encore le tourisme international. Ils avertissent que cette dynamique de croissance a ses limites et présente des dangers, notamment en termes de dépassement de la capacité de charge de l’écosystème. Mobilisant la métaphore de la voiture, représentant notre civilisation thermo-industrielle, les auteurs mettent ainsi en évidence le fait que nous avons accéléré de plus en plus rapidement, sans tenir compte des ressources nécessaires ou des impacts sur l’environnement. Si dans les années 1970, l’évolution de la croissance laissait encore le temps d’emprunter une trajectoire de développement durable, les années 1990 ont vu le dépassement de la capacité de charge globale de notre planète, …

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