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L’Afrique – continent d’avenir rempli de promesses et terreau fertile d’une recherche qui se distingue incontestablement de plus en plus – est le thème central du présent numéro. Notre discipline y consacre trop peu d’attention, malgré des voeux pieux souvent entendus. Or, non seulement la recherche qui en émerge porte de nombreuses pistes résonnant au-delà de ses frontières, mais il importe aussi d’échafauder de véritables passerelles permettant une recherche Sud-Sud et Sud-Nord, pour permettre aux travaux marquants (en Afrique et sur celle-ci) de prendre la place qu’ils méritent dans les cercles académiques ou orientés sur la pratique. Ainsi, notre objectif avoué est de faire ressortir la richesse et le caractère porteur de travaux d’importance.
Dans un premier temps, une partie des articles de ce numéro est traversée par des lignes de forces autour d’enjeux internationaux, qu’ils soient en filigranes ou explicites. Paul Dominique Zanga Ongbwa répond positivement à la question de la responsabilité environnementale des actionnaires des banques multinationales établies en Afrique. Il trouve une relation de modération avec les dirigeants et de médiation avec la culture managériale occidentale. De plus, il montre que les investisseurs étrangers ont une influence négative, ce qui se situe à l’opposé des actionnaires locaux qui pour leur part ont plutôt une influence positive. Dans un autre registre, Serge Francis Simen examine les impacts et la perception des entrepreneurs chinois au Sénégal. Suivant une approche qualitative, la relation entre les acteurs locaux et chinois apparaît sous le signe de la complémentarité. Ces derniers apportent des avantages en termes d’abordabilité des produits, mais entraînent un relèvement de la concurrence. Pour leur part, Marius Ayou Bene et Cyrille Onomo montrent le lien entre rentabilité et qualité du management dans un contexte camerounais. Dans ce contexte, les exportations semblent avoir un lien indirect qui pourrait varier selon leur intensité. Enfin, Jihene Cherbib et Fadia Bahri Korbi se penchent sur les joint-ventures internationales établis en Tunisie. Leur contribution permet de comprendre la stabilité de ces derniers grâce à la combinaison d’une approche longitudinale et d’études de cas.
Dans un second temps, le thème du leadership en contexte africain émerge aussi comme fédérateur d’un autre ensemble d’articles. Gabriel Etogo propose un examen du leadership paternaliste tel qu’il est vécu en Afrique oscillant entre outil de mobilisation et inhibiteur de certaines formes d’efficacité. Il propose une posture permettant d’appréhender simultanément ces deux éléments. De leur côté, Christophe Estay, El Hadji Malick Faye, Catherine Mai et François Durrieu nous présentent une contribution touchant le leadership en contexte sénégalais. Plus spécifiquement, ils examinent le concept de complexité attributionnelle. Leurs recherches constituent une contribution intéressante au management interculturel à partir d’un échantillon de responsables et de subordonnés.
Dans un troisième temps, ce numéro vous propose un dossier thématique s’articulant explicitement autour du management en Afrique. Celui-ci, sous la direction Ababacar Mbengue, Konan Anderson Seny Kan, Mahamadou Biga-Diambeidou et dt ogilvie, apparaît comme une contribution particulièrement porteuse sur cette thématique et vient consacrer l’engagement de la revue face à ce continent. En introduction, ils mettent de l’avant un cadre permettant d’appréhender comment la recherche en commerce international et management international permettant d’avancer à la fois la recherche ainsi que les priorités du continent à travers des velléités de contribution croisée avec le management africain. Les contributions de ce dossier sont réalisées dans une perspective de recherche-action et explorent de multiples problématiques. Les contributions sont ancrées dans plusieurs disciplines.
En conclusion, c’est à un numéro au coeur des orientations de Mi, vers une discipline plus ouverte, plus orientée vers des espaces et des problématiques sous-étudiées, vers une science inclusive qui donne une voix au Sud, à ses chercheurs et à ses défis que nous vous convions.