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Laurence Devillers « Des Robots et des Hommes ». Editions PLON, 2017, 236 p.[Record]

  • Géraldine Galindo

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  • Géraldine Galindo
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Les robots et l’intelligence artificielle véhiculent des croyances voire des fantasmes largement médiatisés depuis quelques années, mais aux racines souvent bien plus anciennes et diverses. Laurence Devillers propose dans son ouvrage « Des Robots et des Hommes » d’éclairer et de repositionner les termes du débat. Elle analyse les différentes facettes de ce sujet passionnant, étudie les thèses parfois opposées d’experts, et synthétise les risques et opportunités des robots et de l’intelligence artificielle. Ce livre est donc aujourd’hui indispensable pour s’inscrire dans les débats sur les rôles actuels et futurs des robots, dans la sphère professionnelle, privée et plus largement dans la société. Entre ouvrage de recherche et de vulgarisation, l’auteur pose progressivement et clairement les termes centraux de son sujet, et permet ainsi de dépasser les visions parfois caricaturales de ces sujets médiatiques. Le terme « robot » est largement mobilisé dans le vocabulaire courant mais aussi dans la sphère managériale. Il revêt en réalité des acceptions larges allant de l’automate, en passant par des bots, des agents conversationnels jusqu’à des objets connectés selon la chercheuse. Tout robot peut être défini comme une machine caractérisée par trois éléments : Si l’auteur retourne, dans les premiers chapitres sur les visions fondatrices portées par la science fiction ou le cinéma, elle pose dans le chapitre 3 une perspective moins alarmiste que certains sur ce sujet. Laurence Devillers invite au contraire dans son ouvrage à éviter de fantasmer sur ces robots. Leur intelligence ne serait pas comparable à celle des humains. Ils sont seulement capables, pour l’instant, d’imiter et d’associer des éléments, et donc « une coquille vide » qui doit être enrichie d’une intelligence artificielle. Ils seraient donc encore loin de prendre le pouvoir sur l’homme. Ce parti-pris de la chercheuse est cependant nuancé par les évolutions récentes. En effet, si au départ les automates se contentaient de répondre à un programme, les nouvelles générations de robots disposent de capteurs leur permettant de répondre en fonction de leur environnement. Demain, ils devraient même pouvoir interagir avec nous tant dans notre sphère professionnelle que dans celle privée. Les robots androïdes, prenant une apparence humaine, sont ainsi longtemps restés dans le registre de la fiction, mais cette fiction devient vite proche de la réalité que certain.e.s vivent ou commencent à vivre, en ayant des robots compagnons, soignants ou aidants. L’anthropomorphisation des robots questionne donc les nouvelles relations hommes-machines et plus largement la place de ces « agents moraux et sociaux ». Les robots agissent de plus en plus et dans différents contextes grâce au développement de l’intelligence artificielle, elle aussi porteuse de fantasmes. Or, comme le précise la chercheuse, il convient de distinguer deux types d’intelligences. Celle « faible ou spécifique » qui se contente d’imiter des missions spécifiques, et celle « forte ou générale » qui tente de se rapprocher du raisonnement humain en développant une capacité d’apprentissage. Après ce que l’auteur appelle « plusieurs hivers », elle ne peut que constater que l’IA est à nouveau « en pole position » dans les débats. Mais contrairement à ce qu’avancent certains, « les machines ne sont pas en mesure de concurrencer l’homme » (p. 78). S’interroger sur les robots, l’IA et la coévolution hommes-robots a naturellement des implications dans et pour la sphère managériale. Laurence Devillers introduit, à plusieurs reprises, des illustrations et des éléments d’analyse porteurs de questionnements gestionnaires mais aussi éthiques. L’entreprise est depuis très longtemps un lieu où les robots sont utilisés, mais aujourd’hui avec des interrogations fortes pour toutes les parties prenantes, non seulement sur les pratiques à initier, mais aussi sur la dimension éthique de ces robots …

Appendices