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Plusieurs auteurs de ce numéro thématique de Management international soutiennent que les sciences sociales et humaines, sur lesquelles prennent largement appui les sciences de gestion, ont tendance à relativiser, voire nier la liberté humaine. Force est d’admettre en effet que ces sciences se donnent généralement pour objet des « réalités » – économiques, sociales, politiques, psychologiques ou autres – censées limiter la « marge de manoeuvre » des êtres humains ou même déterminer leur conduite. Ce faisant, ces disciplines alimentent une rhétorique de l’« a-responsabilité »[1], qui consiste à présenter une décision comme n’en étant pas vraiment une, le « décideur » étant soumis en fait à des forces qui s’imposent à lui et le dépassent, telles que le marché, la mondialisation, la culture, la résistance au changement, etc.
Cette critique philosophique des sciences humaines et sociales nous semble pour l’essentiel justifiée. Elle néglige toutefois le fait que certaines perspectives théoriques, loin d’entretenir cette rhétorique de l’a-responsabilité, débouchent au contraire sur l’idée que la réalité n’est pas quelque chose qui s’impose à nous de l’extérieur, mais que nous contribuons activement à la produire et que nous en sommes par conséquent responsables. Un certain nombre de travaux en sciences humaines s’inscrivant dans cette perspective sont utilisés en sciences de gestion depuis un moment déjà, et sont donc assez bien connus. Nous pensons notamment aux recherches menées par Harold Garfinkel, Peter Berger et Thomas Luckmann, Paul Watzlawick ou encore Karl Weick[2].
Nous voudrions ici attirer l’attention des lecteurs de Management international sur un travail qui, tout en participant de ce courant de pensée, reste à ce jour relativement ignoré nous semble-t-il, y compris en sociologie, bien que son auteur soit l’un des « grands noms » de la discipline. Il s’agit de l’ouvrage d’Erving Goffman intitulé Les cadres de l’expérience, paru aux États-Unis pour la première fois en 1974, sous le titre « Frame Analysis ».
Que se passe-t-il ici ?
Dans les premières pages de ce gros livre, bien moins souvent cité que La mise en scène de la vie quotidienne ou Asiles, Erving Goffman annonce, avec l’autodérision dont il est coutumier, son intention de traiter à son tour, et après bien d’autres, de la question de la réalité. Mais, au lieu de se demander tout simplement ce qu’est la réalité, le sociologue reprend à son compte une question posée par William James il y a plus d’un siècle : « Dans quelles circonstances pensons-nous que les choses sont réelles ? ». Le présupposé de cette question est que l’être humain a besoin d’être convaincu de la réalité des situations qu’il rencontre pour pouvoir s’y engager, y compris en tant que simple observateur.
Selon Goffman, la conviction qu’un événement possède bel et bien cette qualité particulière que l’on appelle « réalité » suppose la mise en oeuvre de cadres de références – ou schèmes interprétatifs - pertinents, c’est-à-dire susceptibles d’être confirmés par la suite des événements dans lesquels on se trouve engagé, au minimum en tant qu’observateur (l’observation n’étant qu’une forme d’action parmi d’autres, une forme d’engagement parmi d’autres). Plus précisément, pour le sociologue, la sensation d’avoir affaire à un événement « réel » dépend de notre capacité à appliquer à ce qui se passe un « cadre primaire ». « Est primaire un cadre qui nous permet, dans une situation donnée, d’accorder du sens à tel ou tel de ses aspects, lequel autrement serait dépourvu de signification. » (p. 30).
Ces cadres primaires sont, en quelque sorte, des réponses « toutes faites » à la question « que se passe-t-il ici ? ». Ils constituent un stock acquis lors de la socialisation ou l’éducation de l’être humain. Notons également que ces « schèmes interprétatifs » présentent des degrés d’élaboration très divers : « Certains se présentent comme des systèmes cohérents d’entités, de postulats et de règles, alors que d’autres, plus nombreux, n’ont aucune apparence de forme articulée et ne véhiculent qu’une interprétation de type traditionnel, une approche, une perspective. » (p. 30). Enfin, ces « schèmes mentaux » sont inséparablement des « schèmes d’action ». Non seulement, ils fournissent des hypothèses permettant de « comprendre » ce qui se passe, mais ils contiennent également des indications, plus ou moins précises selon les cadres, sur la conduite à adopter face aux événements en question.
Toujours selon Goffman, les humains « modernes » interprètent et structurent les événements de leur quotidien selon deux grandes classes de cadres primaires : les « cadres naturels » et les « cadres sociaux ». Nous appliquons un « cadre social », suggère Goffman, lorsqu’il nous semble que les événements dans lesquels nous sommes impliqués sont d’abord le fait d’« actions pilotées ». Ces événements nous paraissent porter la marque d’une « volonté » ou d’un « objectif » et requérir « la maîtrise d’une intelligence ». Le « pilote » par excellence que nous connaissons est l’agent humain, à qui nous reconnaissons la capacité à agir de façon intentionnelle, à contrôler son action et à veiller à la mener à son terme. Goffman ne le dit pas explicitement, mais ce pilote est un être libre, capable de faire des choix, de prendre des décisions. Par là même, il est alors considéré comme responsable de la suite des événements.
Lorsque l’événement que nous percevons nous paraît en revanche « produit d’un bout à l’autre par des déterminants ‘naturels’ », sans qu’intervienne aucune conscience « comme cause ou intention », nous mobilisons des « cadres naturels » pour donner un sens à cet événement. « L’une des différences fondamentales entre les cadres naturels et les cadres sociaux tient au rôle qu’y occupent les acteurs individuels. Dans les premiers, ils n’ont pas de statut particulier; à l’instar des autres éléments de la scène, ils sont déterminés, sans intentions et dépourvus de toute valeur morale. En revanche, dans les seconds, ce sont des êtres autonomes, légalement compétents et moralement responsables de leurs actes. Du coup, ils occupent une fonction décisive dans l’activité, ils l’imprègnent en quelque sorte de manière diffuse. » (p. 189).
Les faits ne parlent pas d’eux-mêmes
Tout le problème vient du fait que les événements dont nous faisons l’expérience n’imposent jamais le cadre dans lequel il convient de les interpréter. Toute situation est susceptible de faire l’objet de multiples cadrages, y compris contradictoires. Les faits ne parlent pas d’eux-mêmes. Il nous revient toujours de les « faire parler » ou, en d’autres termes, de conférer un sens aux événements. « Lorsque James se demandait : « Dans quelles circonstances estimons-nous que les choses sont réelles ? », il faisait l’hypothèse, suggère Goffman, que la réalité seule ne suffit pas, et que la mobilisation de nos convictions est déterminante. » (p. 245).
A l’appui de sa thèse, Goffman multiplie les exemples de situations dans lesquelles le ou les participants éprouvent des difficultés à donner un sens aux événements dont ils font l’expérience. Qu’il s’agisse d’un doute ou d’un conflit sur la réponse à donner à la question « Que se passe-t-il ici ? », la difficulté est la même. Quand de telles circonstances se produisent, assure le sociologue américain : « l’expérience (…) reste sans forme et disparaît comme expérience. La réalité flotte de manière anomique ». Et, par conséquent, le cours de l’action est généralement suspendu.
On peut illustrer une telle situation par les discussions actuelles concernant l’interprétation de certains phénomènes climatiques. Ces phénomènes attestent-ils d’un réchauffement global et durable de l’atmosphère terrestre ? Si oui, ce réchauffement est-il la manifestation d’un cycle naturel – « cadre naturel » - ou le produit de l’activité humaine – « cadre social » ? Ici, la « réalité » nous échappe et l’action s’avère du coup impossible. « Nous tolérons l’inexpliqué, remarque Goffman, mais pas l’inexplicable ». D’où les moyens mis en oeuvre actuellement, tels que le GIEC par exemple, pour que l’on parvienne à s’entendre sur le cadre qu’il convient de projeter sur ces événements climatiques.
Lorsqu’il y a, comme dans cet exemple, ambiguïté ou conflit de cadrage, à quelles conditions une définition de la situation finit-elle par s’imposer ? Goffman n’aborde pas de front ce problème crucial[3]. Il note toutefois que l’on touche ici à la question du pouvoir (p. 438), en observant que l’imposition d’un cadre à une situation donnée nécessite souvent de mobiliser d’autres êtres – humains ou non-humains - susceptibles de soutenir ce cadre. Une chose est certaine : dans la perspective présentée ici, le « réel » est la conséquence du cadre que l’on réussit à projeter sur les événements en question et non pas sa cause. La définition de la situation qui finalement s’impose n’est pas celle qui « correspond » à la « réalité » ou aux « faits ». Cette définition produit la « réalité », elle établit les « faits ». Elle s’impose dans la mesure où elle « convient » aux parties prenantes de cette situation[4].
Une « réalité » trop vulnérable
Ce qui rend la « réalité » d’autant plus précaire et fuyante, selon Goffman, est que les « cadres primaires » que nous mobilisons sont susceptibles de faire l’objet de « transformations ». Ils sont « vulnérables », dit le sociologue. Ces transformations sont de deux sortes. Il peut s’agir d’une « modalisation » ou d’une « fabrication ».
Dans le premier cas, le « cadre primaire » sert de modèle à une activité qui ne constitue qu’une imitation, une simulation, de la situation à laquelle est généralement appliquée ce cadre primaire. La capacité des humains à opérer ce genre de « transformation » ajoute une difficulté supplémentaire lorsqu’il s’agit de répondre à la question « que se passe-t-il ici ? » Par exemple, le déclenchement de la sirène d’alarme indique-t-il qu’il y a effectivement incendie ou qu’il ne s’agit que d’un exercice, d’une simulation ? Ou bien, ces deux jeunes hommes qui se tiennent par le col en s’invectivant sont-ils en train de se battre ou de jouer à se battre ?
Dans le cas de ce que Goffman appelle les « fabrications », on a affaire là encore à une simulation ou une imitation d’une « activité franche », mais seuls le ou les responsables de cette transformation sont au courant et il s’agit pour eux de faire en sorte que les autres personnes impliquées dans les événements leur applique un « cadre primaire ». Entrent dans la catégorie des « fabrications », tout ce que nous appelons escroquerie, machination, complot, manipulation, tromperie, imposture, fraude, abus de confiance, mais aussi certaines activités moins compromettantes tels que le fait de « faire marcher » quelqu’un ou de monter un canular. A chaque fois, il s’agit pour le « combinard » d’inciter ses victimes à projeter sur la situation un certain cadre, tout en poursuivant des « activités franches » qui relèvent d’un autre cadre – tel est le comportement du soldat qui « fait le mort » sur un champ de bataille, par exemple.
En somme, non seulement la situation n’impose jamais un cadre, mais les indices sur lesquels nous prenons appui pour faire notre choix peuvent fort bien nous être présentés dans le but de nous manipuler ou de nous égarer. Notre capacité à rendre « réels » les événements dont nous faisons l’expérience est toujours susceptible d’être la cause de notre perte…
Dans la perspective développée par Goffman, le problème de l’être humain n’est donc pas d’avoir à s’adapter à une « réalité » s’imposant à lui de l’extérieur et ne lui laissant au mieux qu’une étroite marge de manoeuvre. Tout le travail de ce sociologue consiste à montrer au contraire que cette « réalité » est fuyante, évanescente, équivoque et vulnérable. Elle ne se constitue comme telle qu’au prix d’un travail constant de notre part, qui suppose de procéder en permanence à des choix, toujours risqués, concernant le sens à attribuer aux événements que nous vivons.
Condamnés à être libres ?
S’il nous appartient de produire ce que nous appelons la « réalité » et si ce travail de production reste fondamentalement indéterminé – un même événement peut toujours être interprété selon une infinité de cadres – peut-on en conclure que, dans la perspective proposée ici, les humains sont libres ? Goffman ne s’avance pas sur ce terrain, qui n’est plus celui de la sociologie, mais de la philosophie. La liberté n’est pas démontrable (pas plus que son contraire d’ailleurs). Il s’agit d’un postulat philosophique. Cela étant dit, les thèses de Goffman nous semblent pleinement compatibles avec les philosophies fondées sur ce postulat, et en particulier avec les philosophies existentialistes.
Notamment, une lecture sartrienne de ce travail de cadrage longuement analysé dans Les cadres de l’expérience serait sans doute tout à fait praticable. On peut ainsi considérer que ces humains décrits par Goffman, qui sont au prise avec la nécessité de choisir, à chaque instant, un « cadre » à projeter sur les événements dont ils font l’expérience, sont « condamnés à la liberté », comme le disait Sartre. Et lorsque ces mêmes humains choisissent de projeter sur leur propre comportement un « cadre naturel », c’est-à-dire décident de se considérer comme objet plutôt que comme sujet, il est envisageable d’y voir une manifestation de ce que l’auteur de L’Être et Néant appelait de la « mauvaise foi ».
Il faudrait bien entendu explorer plus systématiquement ces éléments de compatibilité entre le travail de Goffman et celui d’un philosophe tel que Sartre[5]. Mais ces premières indications, et ce qui précède, suffisent à montrer, nous l’espérons, que la perspective offerte par Les cadres de l’expérience rend possible des recherches en sociologie, et donc en sciences de gestion, qui soient respectueuses de l’idée de liberté.
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Several authors in this thematic issue of InternationalManagement maintain that social science and humanities, on which the management sciences are largely based, have a tendency to employ relativism, and even to deny human freedom. We must admit that indeed, these sciences generally set as their goal “realities” - economic, social, political, psychological or other – that are supposed to limit the “margin for manoeuvre” of human beings or even to determine their behaviour. In so doing, these disciplines feed a rhetoric of “non-responsibility,”[1] that involves presenting a decision as not really being one, since the “deciders” are subject to forces that impose themselves on the deciders, forces like the market, globalization, culture, resistance to change, and so on.
This philosophical criticism of humanities and social science seems to us to be justified for the most part. However, it neglects the fact that some theoretical perspectives, far from upholding this rhetoric of non-responsibility, on the contrary promote the idea that reality is not something that imposes itself on us from the outside, but is something that we actively contribute to producing and that we are consequently responsible for. A certain number of humanities works that subscribe to this perspective have been used in management sciences for some time now, and are therefore quite well known. We are thinking in particular of the research conducted by Harold Garfinkel, Peter Berger and Thomas Luckmann, Paul Watzlawick, Karl Weick.[2]
We would like to draw InternationalManagement readers’ attention to a work that, while part of this thinking, remains relatively unknown, including in sociology, even though its author is one of the “great names” in the discipline. It is the work by Erving Goffman entitled Frame Analysis: An Essay on the Organization of Experience, first published in the United States in 1974, and published in French under the title Les cadres de l’expérience.
What is going on?
In the first pages of this long book, much less often cited than The Presentation of Self in Everyday Life (La mise en scène de la vie quotidienne) or Asylums (Asiles), Erving Goffman, with his customary self-deprecation, announces his intention to deal in his turn, and in the footsteps of many others, with the question of reality. But, instead of simply asking what reality is, the sociologist returns to a question posed by William James more than a century ago: “Under what circumstances do we think things are real?” The assumption behind this question is that human beings need to be convinced of the reality of situations they encounter to be able to be involved in them, even as simple spectators.
According to Goffman, the conviction that an event really possesses this particular quality we call “reality” implies the implementation of relevant frames of reference – or interpretive schemes – meaning frames that are likely to be confirmed by the subsequent events in which we find ourselves involved, at the least as observers (observation being just one form of action among others, one form of involvement among others). More specifically, for the sociologist, the feeling of being involved in a “real” event depends on our capacity to apply to what is going on a “primary framework.” A primary framework gives meaning to events that would otherwise be meaningless. (p. 30 in the French version).
In a way, these primary frameworks are ready-made answers to the question “What is going on?” They are a stock acquired during the socialization or the education of the human being. We should also note that these “interpretive schemes” are elaborated to varying degrees: Some are presented as coherent systems of entities, postulates and rules, while others, more numerous, have no apparent articulated form, conveying only a traditional type of interpretation, an approach, a perspective. (p. 30, French version). Finally, these “mental schemes” are inseparable from “action schemes.” Not only do they provide hypotheses allowing us to “understand” what is going on, but they also contain indications, more or less precise depending on the frames, about the behaviour to adopt in the face of the events in question.
Also according to Goffman, “modern” humans interpret and structure the events in their daily lives based on two major classifications of primary frames: “natural frames” and “social frames.” We apply a “social framework,” suggests Goffman, when it seems to us that the events in which we are involved are primarily “piloted actions.” These events seem to bear the mark of a “will” or an “aim” and require the controlling effort of human intelligence. The “pilot” par excellence that we know is the human agent, in whom we recognize the capacity to act intentionally, to control his or her action and to see that the action is concluded. Goffman does not explicitly say so, but this pilot is a free being, capable of making choices, making decisions. Thus, he is considered to be responsible for the outcome of events.
On the other hand, when the event that we perceive seems to be “produced” from start to finish by ‘natural’ determinants, with no conscience intervention “as cause or intention,” we employ natural frameworks to give meaning to this event. One of the basic differences between natural frameworks and social frameworks has to do with the role individual actors occupy in them. In the former, the actors have no particular status; like other elements of the scene, they are determined, without intention and lacking any moral value. However, in the latter, they are autonomous beings, legally competent and morally responsible for their actions. Thus, they occupy a decisive function in the activity. (p. 189, French version).
The facts do not speak for themselves
The problem arises from the fact that the events we experience never impose the framework in which they should be interpreted. Any situation is likely to have many frames, including contradictory ones. The facts do not speak for themselves. It is always up to us to make them talk or, in other words, to confer meaning on the events. Goffman suggests that when James asked: ‘Under what circumstances do we think things are real?’, he was hypothesizing that reality alone is not enough, and that the mobilization of our convictions is determinative (p. 245, French version).
In support of his thesis, Goffman gives many examples of situations in which the participant or participants have difficulty giving meaning to the events they experience. Whether it’s a doubt or a conflict about the answer to give to the question “What is going on?” the difficulty is the same. When such circumstances occur, assures the American sociologist: the experience (…) “finds no form and is therefore no experience.” Reality begins to “flutter anomically.” And, consequently, the course of the action is usually suspended.
We can illustrate this kind of situation with actual discussions about the interpretation of certain climatic phenomena. Are these phenomena proof of the global and ongoing warming of Earth’s atmosphere? If so, is this warming the manifestation of a natural cycle – “natural frame” - or the product of human activity – “social frame”? Here, the “reality” escapes us and action proves impossible. “We tolerate the unexplained,” remarks Goffman, “but not the inexplicable.” Hence the methods currently undertaken, such as setting up the IPCC, so that we can agree on the proper frame to project on these climatic events.
When there is framing ambiguity or conflict, as in this example, under what conditions is a definition of the situation finally imposed? Goffman does not deal with this crucial problem head on.[3] However, he notes that this involves a question of power (p. 438, French version), observing that the imposition of a frame on a given situation often necessitates using other beings – human or non-human – that are likely to support this frame. One thing is certain: in the perspective presented here, the “real” is the consequence of the frame that we project on the events in question and not its cause. The definition of the situation that finally is imposed is not the one that “corresponds” to the “reality” or to the “facts.” This definition produces the “reality,” it establishes the “facts.” It imposes itself to the extent that it “fits” for the stakeholders of this situation.[4]
A too vulnerable “reality”
What makes “reality” even more precarious and illusive, says Goffman, is that the primary frameworks that we use are at risk of undergoing “transformations.” They are “vulnerable,” says the sociologist. There are two sorts of transformations: keying and fabrication.
In keying, the “primary framework” serves as a model for an activity that is just an imitation, a simulation, of the situation to which this primary framework is usually applied. Humans’ capacity to operate this type of “transformation” is an additional difficulty when we are trying to answer the question “What is going on?” For example, when an alarm bell goes off, does it indicate there is actually a fire or is it just an exercise, a simulation? Or, are those two young men holding each other by the collar and swearing having a real fight or play fighting?
In what Goffman calls “fabrications,” we are again dealing with a simulation or an imitation of a straightforward activity, but only the people responsible for this transformation are aware of it, and it is up to them to see that the other people involved in the events apply a “primary framework” to them. The “fabrications” category includes everything that we call pretence, skullduggery, conspiracy, manipulation, deceit, impersonation, fraud, abuse of trust, as well as some less prejudicial activities like playing practical jokes or pulling someone’s leg. Each time, the “schemer” has to induce his or her victims to project on the situation a certain frame, while pursuing straightforward activities that belong to another frame – as in the conduct of the soldier who “plays dead” on a battlefield, for example.
In summary, not only does the situation never impose a frame, but the clues on which we rely to make our choice might very well be presented to us with the aim to manipulate or mislead us. Our capacity to make “real” the events we experience is always at risk of being the cause of our loss.
In the perspective developed by Goffman, the problem for human beings is not that they have to adapt to a “reality” imposed on them from the outside and that leaves, at best, only a narrow margin for manoeuvre. On the contrary, all of this sociologist’s work consists in showing that this “reality” is illusive, fleeting, equivocal and vulnerable. It is only constituted as such at the cost of constant work on our part, which implies continually making choices, which are always risky, about the meaning to attribute to the events we are living.
Condemned to be free?
If it is up to us to produce what we call “reality” and if this production work is fundamentally indeterminate – the same event can always be interpreted according to an infinite number of frameworks – can we conclude, in the perspective proposed here, that humans are free? Goffman does not address this issue, which belongs not to the field of sociology, but philosophy. Freedom is not demonstrable (no more than is its opposite, in fact). It is a philosophical postulate. That being said, Goffman’s theses seem to be fully compatible with the philosophies based on this postulate, and in particular with the existential philosophies.
A Sartrean reading of this framing work, analyzed at length in Frame Analysis (Les cadres de l’expérience), would no doubt be quite practicable. We might consider that these humans described by Goffman, who are wrestling with the need to choose, at every instant, a “frame” to project on the events they are experiencing, are “condemned to freedom,” as Sartre said. And when these same humans choose to project on their own behaviour a “natural frame,” that is to say they decide to consider themselves as objects rather than subjects, it is possible to see in this a manifestation of what the author of Being and Nothingness called “mauvaise foi” (bad faith).
Of course one would have to more systematically explore these elements of compatibility between Goffman’s work and that of a philosopher like Sartre.[5] But we hope these first readings, and what precedes, are enough to show that the perspective offered by Frame Analysis (Les cadres de l’expérience) makes possible research in sociology and therefore in management science that is respectful of the idea of freedom.
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Varios autores de este número temático de Gestión Internacional sostienen que las ciencias sociales y humanas, en las que se basan en gran medida las ciencias de gestión, tienden a relativizar – y hasta negar- la libertad humana. Tenemos que admitir, en efecto, que a menudo esas ciencias tienen como objeto « realidades » económicas, sociales, políticas, psicológicas u otras que supuestamente limitan el « margen de maniobra » de los seres humanos o que incluso determinan su conducta. Al hacerlo, estas disciplinas alimentan una retórica de la « arresponsabilidad »[1], que consiste en presentar une decisión como si no lo fuera verdaderamente y en la que el « decididor » está sometido a fuerzas tales como el mercado, la mundialización, la cultura, la resistencia al cambio, etc, que se le imponen y lo superan.
Esencialmente, esta crítica filosófica de las ciencias humanas y sociales nos parece justificada. Sin embargo, la misma descuida el hecho de que ciertas perspectivas teóricas, lejos de sustentar esa retórica de la « arresponsabilidad », desembocan más bien en la idea de que la realidad no es algo que se nos impone desde el exterior, sino algo que contribuimos a producir activamente y de lo que, en consecuencia, somos responsables. Una cierta cantidad de trabajos en ciencias humanas inscritos en esa perspectiva son utilizados en ciencias de gestión desde hace un tiempo y bastante bien conocidos, como por ejemplo, las investigaciones de Harold Garfinkel, Peter Berger y Thomas Luckmann, Paul Watzlawick o Karl Weick[2].
Quisiéramos introducir para los lectores de Gestión Internacional un trabajo que forma parte de esa corriente de pensamiento, pero que sigue siendo relativamente desconocido, incluso en sociología y aún cuando su autor es una de las grandes figuras de esa disciplina. Se trata del libro de Erving Goffman titulado Frame Analysis. Los marcos de la experiencia, publicado por primera vez en Estados Unidos, en 1974, con el título de Frame Analysis.
¿Qué pasa aquí?
En las primeras páginas de este libro, mucho menos citado que La presentación de la persona en la vida cotidiana o que Internados, Erving Goffman anuncia, con la acostumbrada autoderisión, su intención de tratar a su vez, y después de muchos otros, el tema de la realidad. Pero en lugar de preguntarse simplemente qué es la realidad, este sociólogo retoma una pregunta que William James se hiciera hace más de un siglo: « ¿En qué circunstancias pensamos que las cosas son reales? ». La presuposición de este interrogante es que el ser humano necesita estar convencido de la realidad de las situaciones que enfrenta para poder participar en ellas, aun como simple observador.
Según Goffman, la convicción de que un evento posee claramente esa calidad particular llamada « realidad » supone la puesta en práctica de marcos de referencia – o esquemas interpretativos – pertinentes, es decir susceptibles de ser confirmados por la serie de eventos en los cuales se participa, al menos como observador (siendo la observación una forma de acción o una forma de participación entre tantas otras). De manera más precisa, para este sociólogo, la sensación de enfrentar un evento « real » depende de nuestra capacidad para aplicar un « marco primario » a lo que está pasando. « Un marco primario es el que permite, en una situación determinada, dar sentido a uno u otro de sus aspectos, los cuales, en caso contrario, estarían desprovistos de significación. » (p. 30).
Esos marcos primarios son, en cierto modo, respuestas « prefabricadas » a la pregunta « ¿qué pasa aquí? ». Los mismos constituyen un inventario acquirido en el proceso de la socialización o de la educación del ser humano. Notemos también que esos « esquemas interpretativos » presentan grados de elaboración muy diversos : « Algunos aparecen como sistemas coherentes de entidades, postulados y reglas, mientras que otros – la mayoría – no tienen ninguna apariencia de forma articulada y vehiculan solamente una interpretación de tipo tradicional, un enfoque, una perspectiva. » (p. 30). Por último, esos « esquemas mentales » son, de manera indisociable, « esquemas de acción ». No sólo proveen las hipótesis que permiten « comprender » lo que pasa, sino que también contienen las indicaciones, más o menos precisas según el marco, acerca de la conducta que se debe adoptar frente a los eventos en cuestión.
Según Goffman, los humanos « modernos » interpretan y estructuran los eventos de su vida cotidiana conforme a dos grandes clases de marcos primarios : los « marcos naturales » y los « marcos sociales ». Aplicamos un « marco social », sugiere Goffman, cuando nos parece que los eventos en los que estamos involucrados son, en primer lugar, un producto de « acciones orientadas ». Dichos eventos parecen llevar la marca de una « voluntad » o de un « objetivo », y requerir « el control de la inteligencia ». El « piloto » por excelencia es el humano, al que le reconocemos la capacidad de actuar de manera intencional, de controlar su acción y de velar para llevarla a término. Goffman no lo explicita, pero ese piloto es un ser libre, capaz de elegir, de tomar decisiones, y por esa razón se lo considera responsable de la continuación de los eventos.
Del lado contrario, cuando observamos un evento que nos parece « producto de determinantes ‘naturales’ », sin la intervención de ninguna conciencia « como causa o intención », movilizamos los « marcos naturales » para darle sentido. « Una de las diferencias fundamentales entre los marcos naturales y los sociales reside en el rol que juegan los actores individuales. En los primeros, estos actores no tienen un estatus particular; al igual que otros elementos de la escena, no tienen intenciones y están determinados y desprovistos de valor moral. En cambio, en los segundos, son seres autónomos, legalmente competentes y moralmente responsables de sus actos. De repente , ocupan una función decisional en la actividad, la impregnan de manera difusa. » (p. 189).
Los hechos no hablan por sí mismos
El problema deriva del hecho de que los eventos de nuestra experiencia nunca imponen el marco con el cual conviene interpetarlos. Cualquier situación es susceptible de ser el objeto de múltiples encuadres, incluso de encuadres contradictorios. Los hechos no hablan por sí mismos. Siempre nos corresponde « hacerlos hablar » o, en otras palabras, conferir un sentido a los eventos. « Cuando James se preguntaba : ‘¿En qué circunstancias estimamos que las cosas son reales?’, él elaboraba la hipótesis de que la realidad por sí sola no es suficiente y que la movilización de nuestras convicciones es determinante. », sugiere Goffman. (p. 245).
Para ilustrar su tesis, Goffman multiplica los ejemplos de situaciones en las cuales el o los participantes tienen dificultad para otorgar un sentido a los eventos que experimentan. Ya sea que se trate de una duda o de un conflicto acerca de la respuesta que se dará a la pregunta « ¿Qué pasa aquí ? », la dificultad es la misma. Cuando se producen esas circunstancias, afirma el sociólogo estadounidense, « la experiencia (…) queda sin forma y desaparece como experiencia. La realidad flota de manera anómica ». Por consiguiente, generalmente se suspende el curso de la acción.
Se puede ilustrar ese tipo de situación mediante los debates actuales relacionados con la interpetación de algunos fenómenos climáticos. ¿Dichos fenómenos atestiguan el calentamiento global y durable de la atmósfera terrestre? En caso afirmativo, ¿ese calentamiento es la manifestación de un ciclo natural– « marco natural » - o el producto de la actividad humana – « marco social »? Aquí, la « realidad » se nos escapa y por ello la acción resulta imposible. « Toleramos lo inexplicado, señala Goffman, pero no lo inexplicable ». Y de allí provienen todos los medios puestos en marcha actualmente – como el GIEC, por ejemplo- para lograr ponerse de acuerdo sobre el marco con que conviene tratar los eventos climáticos.
Cuando, como en el ejemplo que nos ocupa, existe una ambigüedad o un conflicto de encuadre, ¿a condición de qué terminará imponiéndose una definición de la situación? Goffman no aborda directamente ese problema crucial[3], sin embargo, señala que aquí se toca la cuestión del poder (p. 438), observando que, con frecuencia, la imposición de un marco a una situación dada necesita movilizar otros seres – humanos o no - susceptibles de sostener ese marco. Una cosa es segura: en la perspectiva presentada, lo « real » es la consecuencia del marco que se logra aplicar a los eventos, y no la causa. La definición de la situación que termina por imponerse no es la que « corresponde » a la « realidad » o a los « hechos ». Esa definición más bien « produce » la realidad, establece los hechos. Se impone en la medida en que « conviene » a los partícipes de la situación[4].
Una «realidad» demasiado vulnerable
Según Goffman, lo que hace que la « realidad » sea aún más precaria y huidiza es que los « marcos primarios » que movilizamos son susceptibles de sufrir « transformaciones ». Éstos son « vulnerables », afirma el sociólogo. Esas transformaciones son de dos tipos: « modalización o keying » y « fabricación ».
En el primer caso, el « marco primario » le sirve de modelo a una actividad que constituye una imitación, un simulacro de la situación a la cual es aplicado. La capacidad de los seres humanos para operar ese tipo de « transformación » añade una dificultad suplementaria cuando de trata de responder a la pregunta « qué pasa aquí ? ». Por ejemplo, ¿la activación de la sirena de una alarma indica que efectivamente hay un incendio, o se trata sólo de un ejercicio, de un simulacro? O bien, esos dos jóvenes que se toman por el cuello, insultándose, ¿se están peleando o juegan a pelearse?
En los casos en que Goffman llama « fabricaciones », también nos encontramos frente a una imitación, a una simulación de una « acción franca », pero solamente él o los responsables de esa transformación están al tanto de ello y tratan de hacer que las otras personas implicadas en los eventos le apliquen un « marco primario ». En esa categoría se encuentran las « fabricaciones », todo lo que llamamos estafa, dolo, maquinación, complot, manipulación, engaño, impostura, fraude, abuso de confianza, pero también algunas actividades menos comprometedoras, como « embrollar o liar » a alguien, o aparentar y fingir. En cada caso, el « farsante » incita a las víctimas a aplicar a la situación un marco, prosiguiendo esa acción que en realidad concierne a otro marco – tal es, por ejemplo, el comportamiento de un soldado que « se hace el muerto » sobre el campo de batalla.
En suma, no sólo la situación nunca impone un marco, sino que los indicios sobre los que nos basamos para elegir uno pueden habernos sido presentados con la finalidad de manipularnos o desviarnos. Esa capacidad que tenemos de volver « reales » los eventos que experimentamos es susceptible de ser también la causa de nuestro propio extravío.
En la perspectiva desarrollada por Goffman, el problema del ser humano no es entonces el tener que adaptarse a una « realidad » que viene impuesta desde afuera y que le deja un margen de maniobra estrecho. Todo el trabajo de este sociólogo consiste en demostrar que esa « realidad » es huidiza, evanescente, equívoca y vulnerable. Dicha realidad se constituye como tal gracias a un trabajo constante de nuestra parte, trabajo que implica hacer elecciones permanentemente – siempre arriesgadas- relacionadas con el sentido que vamos a atribuir a los eventos que vivimos.
¿Condenados a ser libres ?
Si producir lo que llamamos « realidad » nos incumbe, y si ese trabajo de producción sigue siendo indeterminado ya que el mismo evento puede ser interpretado con un número infinito de marcos, ¿podemos llegar a la conclusión de que los humanos son libres? Goffman no avanza sobre ese terreno, que ya no es el de la sociología, sino el de la filosofía. La libertad no es demostrable (y lo contrario tampoco, por cierto). Se trata de un postulado filosófico. Aclarado esto, las tesis de Goffman nos parecen compatibles con las filosofías fundadas sobre ese postulado, y en particular con las existencialistas.
Por ejemplo, una lectura sartreana de esa tarea de encuadre, profundamente analizada en Frame Analysis. Los marcos de la experiencia, sería totalmente praticable. Se puede considerar entonces que los seres humanos descritos por Goffman, los cuales a cada instante necesitan o deben elegir un « marco » para aplicar a los eventos que experimentan, están « condenados a la libertad », como lo diría Sartre. Y cuando esos mismos seres eligen aplicar a su propio comportamiento un « marco natural », es decir que deciden considerarse como objeto en vez de sujeto, es factible ver en ello una manifestación de lo que el autor de El ser y la nada llamaba la « mala fe ».
Es obvio que se debería explorar de manera más sistemática esos elementos de compatibilidad entre la obra de Goffman y la de un filósofo como Sartre[5]. Pero estas primeras indicaciones, y lo que precede, habrán bastado para mostrar – así lo esperamos – que la perspectiva ofrecida por Frame Analysis. Los marcos de la experiencia posibilita las investigaciones en sociología y, por lo tanto, en las ciencias de gestión respetuosas de la idea de libertad.
Appendices
Notes
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[1]
Voir Andreu Solé (1997; 13-28).
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[2]
De cette liste d’auteur, Weick est le plus souvent cité dans les sciences de gestion. Pour une étude des relations entre ses thèses et celles de Goffman, voir notamment Czarniawska (2006).
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[3]
Dans la mesure où les scientifiques et les experts sont, dans notre monde, les principaux spécialistes du travail d’imposition de cadres, la sociologie des sciences et des techniques développée par Callon et Latour nous semble ici parfaitement complémentaire de la thèse de Goffman. Ces deux auteurs reprennent d’ailleurs à leur compte la notion de « cadre », mais en s’efforçant de montrer que le travail de cadrage n’est pas seulement idéel et prend le plus souvent appui sur des objets. Voir notamment Callon (1997, 1999) et Latour (1988, 1994).
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[4]
La distinction que nous proposons ici entre les notions de « correspondance » et de « convenance » est empruntée à Ernst Von Glasersfeld. Dans la perspective constructiviste proposée par Von Glasersfeld, la question ne peut être de savoir si une connaissance « correspond » (match) ou pas à la réalité extérieure. Au mieux, une connaissance « convient » (fit) pour faire face à une situation donnée. « (…) une clef convient si elle ouvre la serrure qu’elle est supposée ouvrir. La convenance décrit dans ce cas une capacité : celle de la clé, pas celle de la serrure. (…) D’un point de vue constructiviste radical, nous tous – savants, philosophes, profanes, écoliers, animaux et, en fait, toute espèce d’organismes vivants – nous trouvons face à notre environnement comme le cambrioleur face à une serrure qu’il doit ouvrir pour atteindre le butin qu’il espère emporter. ». Voir Glasersfeld (1988).
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[5]
Pour aller plus loin sur ce point, voir Peter Berger (1973). Berger, dont la perspective théorique est proche de celle de Goffman sous bien des aspects, consacre plusieurs pages de Comprendre la sociologie (1973, p. 197 et suiv.) à rendre compte en termes sartriens du type de sociologie qu’il pratique.
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[1]
See Andreu Solé (1997; 13-28).
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[2]
Of this list of authors, Weick is the most often cited in management sciences. For a study of the relationships between his theses and those of Goffman, see in particular Czarniawska (2006).
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[3]
Inasmuch as scientists and experts, in our world, are the main specialists in the work of imposing frames, the sociology of sciences and techniques developed by Callon and Latour seem to us to be perfectly complementary with Goffman’s thesis. These two authors also return to the notion of “frame,” but by endeavouring to show that the work of framing is not just built on “ideas,” and that most of the time it is built on “aims.” See in particular Callon (1997, 1999) and Latour (1988, 1994).
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[4]
The distinction that we propose here between the notions of “correspondence” and “fit” is borrowed from Ernst Von Glasersfeld. In the constructivist perspective proposed by Von Glasersfeld, the question cannot be to know if a knowledge corresponds or not to the external reality. At best, a knowledge “fits” to face a given situation. “A key fits if it opens the lock. The fit describes a capacity of the key; not of the lock. (…) From the radical constructivist point of view, all of us – scientists, philosophers, laymen, school children, animals and, indeed, any kind of living organism –face our environment as a burglar faces a lock that he has to unlock in order to get at the loot.” See Glasersfeld (1984, p.21).
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[5]
For more on this point, see Peter Berger (1973). Berger, whose theoretical perspective is similar to Goffman’s in many respects, devotes several pages of Comprendre la sociologie (1973, p. 197 et seq.) to reporting in Sartrean terms the type of sociology he practices.
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[1]
Ver Andreu Solé (1997; 13-28).
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[2]
De esta lista de autores, Weick es el más citado en ciencias de la gestión. Para un estudio de la relación entre sus tesis y las de Goffman, ver Czarniawska (2006).
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[3]
En la medida en que los científicos y los expertos son, en nuestro mundo, los principales especialistas del trabajo de imposición de marcos o cuadros, la sociología de las ciencias y de las técnicas desarrollada por Callon y Latour nos parece perfectamente complementaria de la tesis de Goffman. Esos dos autores retoman por su cuenta la noción de « marco », pero se esfuerzan en demostrar que el trabajo de encuadre no es solamente ideal y que se apoya a menudo en objetos. Ver, por ejemplo, Callon (1997, 1999) y Latour (1988, 1994).
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[4]
La distinción que proponemos entre las nociones de « correspondencia » y de « conveniencia » han sido tomadas de Ernst Von Glasersfeld. En la perspectiva constructivista propuesta por Von Glasersfeld, el asunto no puede ser el saber si un conocimiento « corresponde » (match), o no, a la realidad exterior. En el mejor de los casos, un conocimiento « conviene » (fit) para enfrentar una situación determinada. « (…) una llave conviene si abre la cerradura que supuestamente debe abrir. La conveniencia describe en este caso una capacidad: la capacidad de la llave, no la de la cerradura. (…) Desde un punto de vista constructivista radical, todos – investigadores, filósofos, neófitos, estudiantes, animales y, de hecho, cualquier especie de organismo viviente – nos encontramos frente a nuestro entorno como el ladrón frente a una cerradura que deberá abrir para alcanzar le botín que desea llevarse. » Ver Von Glasersfeld (1988).
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[5]
Para profundizar este punto, ver Peter Berger (1973). Berger, cuya perspectiva teórica, en varios aspectos, es cercana a la de Goffman, consagra muchas páginas de Comprendre la sociologie (1973, p. 197 y ssgtes.) a dar cuenta, en términos sartreanos, del tipo de sociología que practica.
Bibliographie
- Berger, P. (1973). Comprendre la sociologie, Paris : Éditions du Centurion, 263 p.
- Callon, Michel; Latour, Bruno (1997). « ‘Tu ne calculeras pas !’ ou comment symétriser le don et le capital », Revue du MAUSS semestrielle, n° 9, septembre 1997, pp. 45-70.
- Callon, M. (1999). « La sociologie peut-elle enrichir l’analyse économique des externalités ? Essai sur la notion de cadrage-débordement » dans D. Foray et J. Mairesse (sous la direction de), Innovations et performances. Approche interdisciplinaires, Paris : Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, pp. 399-431.
- Czarniawska, B. (2006). «A Golden Braid: Allport, Goffman, Weick», Organisation Studies, n° 27 (11), pp. 1661-1674.
- Glasersfeld (Von), E. (1988). « Introduction à un constructivisme radical », dans P. Watzlawick (sous la direction de), L’invention de la réalité. Contributions au constructivisme, Paris : Éditions du Seuil, p. 19-43.
- Goffman, E. (1968). Asiles. Études sur la condition sociale des malades mentaux, Paris : Éditions de Minuit, 447 p.
- Goffman, E. (1973). La mise en scène de la vie quotidienne.1. La présentation de soi, Paris : Éditions de Minuit, 251 p.
- Goffman, E. (1991). Les cadres de l’expérience, Paris : Les Éditions de Minuit, 573 p.
- Latour, B. (1988). La vie de laboratoire. La production des faits scientifiques, Paris : La Découverte, 300 p.
- Latour, B. (1994). « Une sociologie sans objet ? Remarques sur l’interobjectivité », Sociologie du travail, n°4, p. 587-607.
- Latour, B. (1995). La science en action. Introduction à la sociologie des sciences, Paris : Gallimard, 663 p.
- Solé, A. (1997). « A propos de l’‘A-responsabilité’ du dirigeant d’entreprise », Éthique des affaires : le phénomène éthique, octobre 1997, p. 13-28.
- Solé, A. (2000). Créateurs de mondes. Nos possibles, nos impossibles, Paris : Éditions du Rocher, 313 p.