DocumentationComptes rendus

Banoun, Bernard et Enderle-Ristori, Michaela, dir. (2021) : Le Tournant des rêves. Traduire en français en 1936. Tours : Presses Universitaires François-Rabelais, 324 p.

  • Véronique Bohn

…more information

  • Véronique Bohn
    Université de Genève, Genève, Suisse

Access to this article is restricted to subscribers. Only the first 600 words of this article will be displayed.

Access options:

  • Institutional access. If you are a member of one of Érudit's 1,200 library subscribers or partners (university and college libraries, public libraries, research centers, etc.), you can log in through your library's digital resource portal. If your institution is not a subscriber, you can let them know that you are interested in Érudit and this journal by clicking on the "Access options" button.

  • Individual access. Some journals offer individual digital subscriptions. Log in if you already have a subscription or click on the “Access options” button for details about individual subscriptions.

As part of Érudit's commitment to open access, only the most recent issues of this journal are restricted. All of its archives can be freely consulted on the platform.

Access options
Cover of Nouvelles études en traduction économique et spécialisée, Volume 68, Number 3, December 2023, pp. 501-701, Meta

Dans cette exploration détaillée de l’activité traductive en France en 1936, le lecteur est invité, après avoir été mis en condition par une introduction, à une découverte en trois étapes, définies selon la dimension politique saillante des contextes. Il parcourra ainsi les sections « Une Europe en crise : quelles perspectives pour la traduction ? », « Le ressourcement des formes et genres littéraires par la traduction » et « Ouvertures culturelles extra-européennes ». L’introduction, rédigée par les deux directeurs de l’ouvrage, Bernard Banoun et Michaela Enderle-Ristori, est en réalité une contribution à part entière extrêmement riche. Elle permet une triple mise en contexte. Tout d’abord, elle précise l’orientation générale de l’ouvrage, notamment en explicitant les filiations que nous venons de mentionner. Ensuite, elle rappelle le contexte politique et littéraire de l’époque. Enfin, elle offre un premier panorama bibliométrique de la production traductive. La première section, « Une Europe en crise : quelles perspectives pour la traduction ? », s’intéresse aux « traductions venues de pays dont la situation politique était alors brûlante : Allemagne, Espagne, Italie, URSS » (p. 26). C’est également, avec six contributions, la section la plus importante de l’ouvrage. Elle s’ouvre par un article intitulé « “Une urbanité cannibale”. Walter Benjamin, L’Oeuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique : version de 1936 ». Dans ce texte, Robert Kahn s’intéresse à la traduction de L’Oeuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique effectuée par Walter Benjamin lui-même, en collaboration avec Pierre Klossowski. Plus particulièrement, il explore trois aspects : premièrement, les relations entre Benjamin et l’équipe éditoriale, qui se sont révélées houleuses, la revue à laquelle l’essai était destiné poussant à une dépolitisation du texte ; deuxièmement, les relations entre Benjamin et Klossowski, qui, elles, étaient sereines ; troisièmement, la traduction en tant que telle. La deuxième contribution, « Réseaux rouges et filets bruns. Traductions et traducteurs de l’allemand en 1936 », de Michaela Enderle-Ristori, est une étude bibliométrique recensant les traductions d’ouvrages allemands. L’analyse proposée a pour point de départ une polémique lancée en 1934 dans les milieux littéraires français : on se demandait alors si les ouvrages traduits de l’allemand étaient représentatifs de l’âme allemande ou si les auteurs traduits étaient ceux promus par le régime nazi. L’étude montre que c’est dans les écrits relevant des sciences sociales plutôt que dans les oeuvres littéraires que résidaient les enjeux idéologiques. Michaela Enderle-Ristori clôt son article en dressant le portrait de trois traducteurs aux allégeances politiques très variées. Dans son article « “Il faut faire à Heine une place exceptionnelle…” Réception et traduction des oeuvres de Heinrich Heine par les militants et sympathisants communistes », Claire Placial invite quant à elle le lecteur à s’interroger sur la quasi-absence de traductions de Heine, alors même qu’Aragon avait lancé un appel à traduire l’écrivain allemand en 1936. Pour la chercheuse, ce désintérêt pour Heine s’explique principalement de deux manières : premièrement, en 1936, la préférence est accordée à des auteurs allemands contemporains ; deuxièmement, un article d’Anatole Lounatcharski paru la même année critique Heine, l’accusant d’avoir une compréhension erronée du marxisme. Il faudra attendre encore quelques années avant que Heine ne soit (re)traduit. Dans le quatrième article, « Les fronts de la pensée et le sang de la culture. L’Espagne de 1936 en guerre et en traduction », de Carole Fillière, le lecteur tourne son regard vers l’Espagne. La guerre civile espagnole et les réactions qu’elle a pu susciter en France sont ici au coeur de la réflexion. Carole Fillière remarque que, dans un premier temps, l’élan de solidarité des milieux intellectuels français envers les républicains espagnols se …

Appendices