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Karpinski, Eva C. (2012) : Borrowed Tongues : Life Writing, Migration, and Translation. Waterloo : Wilfred Laurier University Press, 282 p.[Record]

  • Kornebari B. Kumbe

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  • Kornebari B. Kumbe
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Eva C. Karpinski, professeure de la théorie féministe et de l’autobiographie à l’École des études féminines, Université York, a dirigé Pens of Many colours : A Canadian Reader et co-dirigé Trans/acting Culture, Writing, and Memory : Essays in Honour of Barbara Godard (2013). Borrowed Tongues : Life Writing, Migration, and Translation figure dans la collection « Life Writing Series » publiées par WLU Press qui édite exclusivement des (auto)biographies d’individus qui n’auraient pas facilement accès à la publication. « Life Writing » promeut aussi des recherches théoriques sur l’(auto)biographie. L’introduction, intitulée « Migrations of Theories : Autobiography and Translation », commence par une épigraphe : « Why does everything have to be translated ? » (un commentaire anonyme inscrit dans la marge d’un livre que l’auteure a emprunté d’une bibliothèque). Karpinski s’inspire de ce commentaire anonyme pour introduire la problématique des concepts liés à l’immigration tels que l’identité, la langue, la traduction et l’hybridité culturelle. Pour elle, la langue empruntée (borrowed tongue) est une langue seconde ou une langue autre que la maternelle, utilisée par des migrants, immigrants ou des sujets déplacés pour communiquer ou travailler. De même, celle des auteurs qui écrivent dans la langue du colonisateur, ou des personnes engagées dans des activités discursives contre des idéologies dominantes de racisme, sexe, classe, religion, citoyenneté ou d’ethnicité, ou encore des femmes qui écrivent dans un environnement patriarcal. Les chapitres du livre sont organisés autour de quelques questions générales : quelles mutualités et affinités existent entre l’(auto)biographie et la traduction ? Comment l’(auto)biographie est-elle présentée comme un projet de traduction dans chacune de ces narrations ? Quel rapport est construit et articulé entre les langues et les identités dans ces textes ? Quelles conceptions de subjectivité, d’altérité et de genre de ces auteures révèlent les paradigmes éthiques et philosophiques de traduction ? Karpinski considère les pratiques de traduction des auteures analysées comme symptomatiques de différentes possibilités pour la construction de la subjectivité, l’altérité et la textualité dans le continuum des choix entre l’hétérogénéité et l’homogénéité, le pluralisme et l’ethnocentrisme, multilinguisme (ou le bilinguisme) et le monolinguisme, le dialogisme et le monologisme (p. 37). Pour établir un rapport entre la traduction et l’(auto)biographie, l’auteure s’appuie sur l’idée de Derrida qui réfute l’unité du système linguistique. « As Derrida further reminds us, there is no unity of the linguistic system ; there is no purity in language ; rather, ‘there are in one linguistic system, perhaps several languages and tongues’ » (The Ear 100, cité dans Karpinski 2012 : 4). Dans le premier chapitre intitulé, « Literacy Narratives », Karpinski présente le paradigme autobiographique des écrivaines du début du XXe siècle Mary Antin et Laura Goodman Salverson. En s’inspirant de Berman, Ricoeur et Schleiermacher pour dénoncer l’ethnocentrisme culturel en traduction, Karpinski décrit les stratégies de résistance employées par Antin et Salverson. La problématique identitaire chez Antin et Salverson se traduit par l’ambivalence exprimée à travers l’instabilité d’appartenance soit à la communauté d’origine, soit à la culture du pays d’accueil. L’analyse de The Promise Land : The Autobiography of a Russian Immigrant de Mary Antin (1932) met en évidence les problèmes de discrimination et de racisme aux États-Unis à l’époque de la deuxième grande migration entre 1880 et 1920, composée d’immigrants paysans et illettrés de l’Europe du Sud et de l’Est. Dans Confessions of an Immigrant’s Daughter, Laura Goodman Salverson (1939) raconte sa jeunesse passée à Winnipeg et à Duluth. Karpinski décrit le texte de Salverson comme une traduction ethnographique. Le chapitre deux, intitulé « Immigrant Crypto(auto)graphy : Akemi Kikumura and Apolonja Maria Kojder », présente deux femmes de …

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