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Lombez, Christine, dir. (2012) : Traduire en langue française en 1830. Arras : Artois Presses Université, 208 p.[Record]

  • Brigitte Lépinette

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  • Brigitte Lépinette
    Valencia, Universitat de València – IULMA, Espagne

Ce volume comprend 13 textes qui ont d’abord fait l’objet d’une présentation orale lors du colloque « Traduire en langue française en 1830 » tenu à Nantes les 13, 14 et 15 novembre 2008. Malgré cette origine, qui suppose toujours une plus grande variété thématique et méthodologique que dans un volume dont les parties ont initialement été conçues comme complémentaires, présentant donc a priori une cohérence forte, l’ensemble ici décrit a néanmoins une unité, assurée en premier lieu par une délimitation chronologique très précise (1830) et, ensuite, par le fait que la langue d’arrivée des textes pris en compte est, dans tous les cas, le français. Comme nous le verrons, les objets d’étude sélectionnés y sont néanmoins variés  – presse, roman, etc. mais aussi réflexions autour du phénomène de la traduction dite historique ou encore contextualisation sous divers points de vue (culturel, littéraire, etc.), de traductions, etc. –, tout comme l’est le traitement qu’on leur assure. Pourtant, les experts en traductologie historique, mais aussi les historiens et les spécialistes en littérature et en littérature comparée y trouveront amplement leur compte, comme nous essaierons de le montrer. Dans un texte liminaire à caractère introductoire, Yves Chevrel retrace à grands traits le panorama de la production littéraire autour de 1830, montrant que les traductions sont loin d’en être absentes, même si dans l’histoire littéraire française elles n’y apparaissent d’ordinaire que rarement. Il explique ainsi le fait : Cependant, Y. Chevrel insiste, à juste titre, sur le fait que l’histoire du livre actuelle, et, entre autres, l’étude bibliométrique très documentée de Martyn Lyons (Lyons 1987), fournit un tableau éloquent des lectures des Français (et de celles qui sont traduites de l’anglais, en particulier). Il montre aussi la lente, mais incessante pénétration des littératures étrangères en France : les Français sont loin de ne lire alors que des créations françaises, comme la presse de l’époque permet de le constater. L’année 1830, prise comme référence centrale de l’ensemble des études, est évidemment explicable d’un simple point de vue historique, mais, comme l’indique l’auteur de l’introduction du volume, elle marque le début du « changement des mentalités qui est en train de s’opérer en France à l’égard des oeuvres traduites » (p. 19). Ainsi est justifiée dans l’étude traductologique cette référence à l’année 1830, qui voit : « de nouvelles impulsions, de nouvelles questions, suscitées par un appel de l’étranger, de plus en plus entendu – et rendu plus accessible par les traductions » (p. 20). Dans l’étude intitulée « Traductions de textes étrangers dans les périodiques français en 1830 » (p. 21-34), Patrick Berthier s’intéressera aux périodiques français dont Chevrel avait montré, quelques pages plus haut, l’importance croissante. La littérature n’est pas le genre le mieux représenté dans ces traductions. La manière de traduire des journalistes est aussi examinée, et l’auteur souligne la fréquence de l’attitude qu’il qualifie (de façon euphémistique) d’« interventionniste ». Ainsi, par exemple, Le correspondant (mars 1831) offre à ses lecteurs une lettre à propos de laquelle il n’hésite pas à préciser : De même, ainsi que le souligne l’auteur de l’article (mais sans en offrir une explication), les traductions anonymes ne sont pas rares dans cette presse de 1830. En tout cas, ce qui se dégage de cette étude de Berthier, c’est l’ampleur du champ de la traduction dans la presse qu’il y découvre, bien que, pour lui, les incursions qui y ont été faites jusqu’à maintenant par les chercheurs sont encore trop peu nombreuses pour que l’on puisse en tirer des conclusions définitives. Pourtant, c’est à très juste titre qu’il conclut : « Si partiel que soit l’examen proposé …

Appendices