Documentation

Janzen, T. (ed.) (2005) : Topics in Signed Language Interpreting : Theory and Practice, Philadelphia, John Benjamins, 362 p.[Record]

  • Danielle-Claude Bélanger

…more information

  • Danielle-Claude Bélanger
    Université du Québec à Montréal, Montréal, Canada

Russell, Malcolm, Stratiy, Demers, les grands noms de la scène canadienne en matière d’interprétation en langue des signes, conjuguent leurs visions à celles de Wilcox et Shaffer du Nouveau-Mexique et de Leeson de Dublin dans un ouvrage qui est d’ores et déjà une référence pour qui veut cerner les problématiques essentielles du domaine. Terry Janzen, directeur de Topics in Signed Language Interpreting, présente l’état le plus achevé des réflexions théoriques et pratiques dans le champ de l’interprétation impliquant au moins une langue des signes au Canada. Au Canada anglais, devrions-nous préciser. Le livre se divise en trois parties. La première se résume à une introduction et une présentation des auteurs. La deuxième aborde le champ de la théorie et la troisième, celui de la pratique. Les deux premiers textes de la section théorique traitent du processus cognitif qui préside à l’interprétation. Wilcox et Shaffer reformulent une présentation archiconnue des différents modèles utilisés pour représenter le rôle de l’interprète en langue des signes : modèle mécaniste, biculturel, sociolinguistique… S’ensuit une critique du concept de neutralité en interprétation que nous pourrions dépasser par une approche constructiviste de la communication que les auteurs nomment « toolmakers paradigm ». Ce modèle situe l’interprète comme un agent porteur de biais dont il peut se distancer et tendre vers la neutralité dans la mesure où il est conscient de son engagement dans la communication. Pour n’être pas nouveau, le propos des auteurs n’en demeure pas moins clair et bien argumenté. Leeson prolonge la discussion au chapitre troisième en statuant également que l’interprète est un agent actif dans la communication et que la qualité de son travail dépend des stratégies qu’il déploie. En s’appuyant sur le modèle des efforts de Gile (1995), l’auteure présente les différentes stratégies permettant de maintenir l’équilibre des efforts alors que plusieurs d’entre elles, telles que l’ajout ou l’omission, sont traditionnellement vues comme étant des erreurs. Il est de première importance pour l’interprète, explique l’auteure, de faire les choix stratégiques les plus respectueux des normes éthiques de la profession tout en permettant à la rencontre de se dérouler avec succès. L’apport de Leeson est intéressant même si cette exploration du modèle de Gile appliquée à l’interprétation en langue des signes reste quelque peu superficielle et paraît tardive. Tardive, d’une part, si nous considérons l’écart qui sépare cette analyse de la publication de Basic Concepts and Models for Interpreter and Translator Training (Gile 1995) et, d’autre part, si nous établissons un parallèle avec ce « nouveau » regard et les pratiques dans la formation des interprètes en langue des signes au Québec. En effet, les travaux de Gile sont couramment utilisés dans l’enseignement de l’interprétation français/langue des signes québécoise (LSQ) depuis plus d’une dizaine d’années, les enseignants étant aidés en cela par la langue, car le premier article de Gile sur l’équilibre des efforts a trouvé une première forme française dans un article de Meta paru en 1985. Il est ici question, nous semble-t-il, de passerelles à bâtir entre les traductologues des langues orales et ceux des langues des signes tout comme entre les milieux anglophone et francophone. Les chapitres 4 et 5 empruntent à la linguistique le cadre de référence pour traiter du rapport que l’interprète entretient avec les langues de travail. Janzen compare l’anglais et la langue des signes américaine (ASL) pour en faire ressortir les traits convergents et divergents. Il examine avec beaucoup d’acuité la problématique du bilinguisme des interprètes en langue des signes dont l’une des particularités est de travailler vers une langue seconde, l’ASL, rarement apprise dans l’enfance. Il avance plusieurs hypothèses pour expliquer l’influence de l’anglais sur …

Appendices