Abstracts
Résumé
Dans cette communication l’accent est mis sur les problèmes que posent en général les rapports entre langage et émotions et plus particulièrement ceux que rencontrent un traducteur ou un interprète. L’expression des émotions constitue un défi au langage mais les huamins ne renoncent pas. Le rapport implicitation/explicitation, l’usage des métaphores et l’articulation intermodale des types de signes, constituent la panoplie de moyens d’expression particulièrement utiles pour relever un tel défi. Mais lorsque l’interprète ou/et le traducteur tentent de traduire un discours ou un texte émotif, leur tâche risque d’être difficile. Toutefois malgré les limites inévitables de l’entreprise quand il s’agit de traduire des textes émotifs, la situation n’est pas désespérée pourvu que l’on adopte une perspective pragmatique. Un traducteur (interprète) qui pratique son art dans une perspective pragmatique, peut déjà contribuer beaucoup au partage des émotions. En ce cas, son art ressemble à une paraphrase dans une autre langue, paraphrase qui sait s’adapter aux implicites et aux contextes des publics et lecteurs réels ou potentiels. Certes il faut prendre en compte les différences de conditions de référenciation pour la traduction et pour l’interprétation.
Il est ainsi pertinent de partir d’une réflexion sur les problèmes que pose la traduction et de l’interprétation des discours et textes émotifs, pour renouveler l’étude psycholinguistique de la complexité du langage. Il importe d’élaborer en effet, une problématique pluridisciplinaire (traductologie et psycholinguistique) afin de définir ces « universaux psychologiques » qui en deçà des variétés de langues et de cultures fondent le passage d’une langue à l’autre.
Mots-clés/Keywords:
- émotion,
- implicitation,
- métaphore,
- intermodalité,
- référenciation
Abstract
In this paper, the accent is on the problems posed by the relations between language and emotions, especially those encountered by a translator or an interpreter. Expressing emotions presents a challenge to language, but human beings keep trying. The relation between the implicit and the explicit, the use of metaphors, and the intermodal articulation of types of signs constitute the set of expressive tools best adapted to this challenge.
When, however, the interpreter and/or translator tries to translate an emotional discourse or text, their task is likely to be difficult. Nevertheless, despite the inevitable limitations on possible success, the situation is not hopeless, provided one adopts a pragmatic perspective. A translator or interpreter who applies such a perspective can contribute considerably to the sharing of emotions. In this case, his art resembles paraphrasing in another language, but these are paraphrases adapted to the implicit knowledge and contexts of their real or potential audiences. In addition, of course, one must take into account the differences in referential conditions between translation and interpretation.
Thus we see the relevance of taking this set of problems as a starting point for a renewed interest in the psycholinguistic study of the complexity of language. One must in fact establish a multidisciplinary framework, combining translation studies with psycholinguistics, in order to define the “psychological universals” which, at a deeper level than the variation among languages and cultures, form the basis of expressing one language in another.
Appendices
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