Comptes rendus

Gambier, Y. and H. Gottlieb (eds.) (2001) : (Multi)Media Translation, Concepts, Practices and Research, Amsterdam/Philadelphia, John Benjamins, Benjamins Translation Library, vol. 34, xx-298 p.[Record]

  • Christian Balliu

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  • Christian Balliu
    Haute École de Bruxelles, Bruxelles, Belgique

Cet ouvrage reprend 26 articles, extraits de l’ensemble des exposés présentés lors de deux rencontres, le Séminaire de Misano en 1997 et le Colloque de Berlin en 1998. Les conférenciers sont issus de nombreux pays, dont les États-Unis, l’Espagne, la Belgique, le Portugal, la Pologne, la Grèce et l’Angleterre. Le Séminaire de Misano avait pour thème Multimedia and Translation et le Colloque de Berlin était consacré à Quality and Standards in Audiovisual Language Transfer. Le titre du livre est très révélateur : les éditeurs ont choisi de l’intituler (Multi)Media Translation, indiquant d’entrée le passage presque naturel des médias au multimédia et la volonté d’étudier les deux activités ensemble, comme un tout homogène, au sein de la traductologie. S’il est vrai que le sujet est à la mode, il est tout aussi vrai que le nombre d’études qui y sont consacrées restent peu nombreuses. C’est à cette lacune que les organisateurs du colloque et les éditeurs ont voulu remédier en rassemblant des praticiens d’horizons très différents (traducteurs et interprètes professionnels, enseignants, spécialistes du sous-titrage, des médias et de la communication, etc.) et en colligeant des points de vue très variés. Comme les éditeurs se plaisent à le souligner dans leur « Avant-propos », les nouvelles technologies de l’information et de la communication changent non seulement notre vie quotidienne, mais modifient aussi notre perception de la langue, tout en favorisant la diffusion des connaissances et le développement des identités culturelles. Ce fait est pourtant encore peu pris en considération et on peut même dire que la localisation semble échapper pour le moment aux professionnels de la traduction ainsi qu’à l’enseignement universitaire qui devrait s’y intéresser. Outre son apport théorique non négligeable, ce livre propose ainsi une réflexion sur un possible recentrage de la traduction et lance dans tous les cas un cri d’alarme. Une des raisons de ce phénomène est à rechercher dans la crise d’identité que traverse actuellement l’activité traduisante et qui se manifeste d’ailleurs dans les différents secteurs qui s’occupent aujourd’hui de traduction au sens large. Ces secteurs préfèrent qualifier leurs activités autrement : localisation, transfert linguistique, adaptation, révision, médiation langagière, etc. Sans doute parce qu’ils ne font pas appel à des traducteurs au sens classique du terme, ces derniers étant assimilés à un simple transcodage linguistique ou semblant démunis face à des « textes » qui ne sont plus une somme d’éléments linguistiques, mais qui intègrent des images, du son ou des graphiques. On peut dire que depuis le xve siècle, le texte imprimé est le lot quotidien du traducteur. Il l’a été pendant près de six siècles, et ce n’est qu’à la fin du xxe siècle que le support a radicalement changé, grâce aux progrès de l’informatique. Ne pas adapter les filières de formation en ce sens, ne pas proposer des cours de formation continue signifierait à terme écarter les traducteurs de l’univers de plus en plus polymorphe de la traduction. Une véritable aliénation par manque d’adaptation. Tout cela demande, les éditeurs ont raison, une étude de marché pour prédire les besoins de demain et, en conséquence, les compétences des futurs traducteurs que les écoles formeront. Cela demande aussi un effort théorique et terminologique pour préciser les champs d’application de cet éventail d’activités. On peut raisonnablement affirmer que les traductions audiovisuelle et multimédia partagent quatre caractéristiques : L’interdisciplinarité est sans doute le mot-clé de l’ouvrage, tous les auteurs insistant sur l’éventail des compétences à mettre en oeuvre dans la traduction (multi)média. Ce livre est aussi un appel à une ouverture de la traductologie à des domaines annexes, comme la sémiologie, la sociologie, l’anthropologie, les …