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Journal des traducteurs
Translators' Journal
Volume 40, Number 3, septembre 1995 La traduction, qu’est-ce à dire? Phénoménologies de la traduction Guest-edited by Alexis Nouss
Table of contents (21 articles)
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La traduction comme OVNI
Alexis Nouss
pp. 335–342
AbstractEN:
In view of the shaky foundations of translation studies as a discipline, the author suggests an hermeneutic epistemology of translation. Of two possible approaches, which are described using the analogy of the "water diviner" (sourcier) and "well maker" (puisatier), the author opts for the former, and justifies his choice by defining translation as a transformation process, a primary, not secondary, language operation. He cites contemporary literary and philosophical theories to look at the issues of identity and alterity in translation, as well as the role of the history and the uncertainty of meaning. According to Nouss, translation is in essence an always Unidentifiable Flying Object (UFO).
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Entretien sur la traduction avec Edgar Morin
Alexis Nouss
pp. 343–351
AbstractFR:
Penser la complexité est une des visées majeures de l'oeuvre et de la réflexion d'Edgar Morin. au carrefour des sciences physiques, biologiques et humaines. À cette fin, il tente de dégager les niveaux et les systèmes d'organisation du réel ainsi que de la connaissance du réel. Épistémologue autant que sociologue, l'auteur de La méthode (Seuil, 1973, 1977, 1980) est un infatigable poseur de ponts interdisciplinaires. Analysant ainsi le principe du savoir dans un monde mû par un "désordre organisateur", régi par un principe d'incertitude et un jeu général d'interactions, il examine au cours de cet entretien la place de la traduction dans sa pensée et aussi dans son itinéraire personnel.
EN:
One of the primary objectives of the work of Edgar Morin - a theorist at the crossroads of the physical, biological and social sciences - is to reflect on the notion of complexity. He seeks to reveal the systems and levels ofhoth the organization and the knowledge of reality. An epistemologist and a sociologist, the author of La méthode (Seuil, 1973, 1977. 1980) spares no effort in his quest to build bridges between disciplines. Analysing the principles of knowledge in a world fuelled by "organizational chaos." and subjected to uncertainty and the general rules of interaction, the author shares his thoughts on translation and discusses its place in his own intellectual and personal pursuits.
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Qu'est-ce que la traductologie ?
E. V.
pp. 352–353
AbstractFR:
L'auteur, qui travaille dans une maison d'édition parisienne, a accepté de faire paraître cet extrait d'une correspondance échangée avec Alexis Nouss à propos de la nature de la traductologie.
EN:
The author, who works in a publishing house in Paris, has agreed to publish this excerpt of his correspondence wilh Alexis Nouss on the nature of translation studies.
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On Translation: Some Unfinished Thoughts
Rajendra Singh
pp. 354–355
AbstractFR:
Poursuivant sa réflexion critique dans la perspective sociolinguistique, l'auteur s'attache ici à dégager les traits distinctifs du phénomène de la traduction dans l'éclairage apporté par les notions de bilinguisme et de multilinguisme, rapport interlingual et langues maternelles. Il conclut sur la problématique de l'enseignement de la traduction.
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Towards a Naive Characterization of Translation
Probal Dasgupta
pp. 356–358
AbstractFR:
L'auteur réexamine la définition habituelle de la traduction comme transfert sémantique en posant un regard critique sur la théorie même de la signification (meaning) à travers trois problématiques. Le discours scientifique prétendant exercer une rationalité supérieure débouche sur l'impasse de la spécialisation. Le discours logique se heurte à la difficulté de trouver un système de principes de signification satisfaisant pour l'ensemble des usages linguistiques. Ce qui mène à la dernière problématique : la négociation rendue impossible, faute de base logique commune, entre les discours scientifiques et les discours empiriques.
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Shoring up the Fragments of the Translator's Discourse: Complexity, Incompleteness and Integration
Michael Cronin
pp. 359–366
AbstractFR:
L'auteur analyse le paradoxe que constituent, en théorie de la traduction, la nécessaire reconnaissance de l'inachèvement de toute traduction et l'exigence d'une approche globale. Il commence par poser que le phénomène de perte ne doit pas être stérilement dénoncé mais compris comme inhérent à la nature de la traduction marquée par ses limites. La notion de séparation lui sert à préciser ce point sur le plan psychologique, de même que l'exemple politique du cosmopolitisme et la métaphore du voyage comme forme de retour à soi. Le faible rayonnement de la traductologie peut, quant à lui, être corrigé par la recherche d'une théorie synthétique, cohérente et interdisciplinaire qui, à l'instar des théories du chaos en physique, saura rendre compte de la complexité du processus traductif sans en ignorer la créativité.
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La fidélité, cet éternel questionnement : critique de la morale de la traduction
Jacqueline Henry
pp. 367–371
AbstractEN:
Since the beginnings of translation, fidelity has generally been considered the goal to strive for, yet this concept has never been clearly defined. This article questions the validity of the term and its paradigmatic value. To this end, the author analyses how the notion has been used in translation studies, focuses on its moral and religious assumptions, and concludes by voicing the need for a new terminology.
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Communication, traduction et transparence : de l'altérité du traducteur
Bernard Vidal
pp. 372–378
AbstractFR:
Cet article présente un schéma de la communication adapté à la traduction, schéma qui se dédouble au point de jonction qu'est la conscience traduisante : émetteur A (langue A) -> récepteur B (langue A) = traducteur = émetteur B' (langue B) -> récepteur C (langue B). La reconnaissance du sujet traduisant et de la pragmatique de son acte doit non seulement nous permettre de récuser, une fois pour toutes, le mythe de la transparence, mais encore de définir et d'élaborer une nouvelle compétence du traduire. Voilà les données primaires à partir desquelles devra à l'avenir œuvrer la traductologie.
EN:
This article introduces a model of communication adapted for translation. This model divides itself in two at the junction point represented by the translator: Sender A (language A) -> Receiver B (language A) = Translator = Sender B' (language B) -> Receiver C (language B). Acknowledging the translator and the pragmatic nature of his/her act will not only make it possible to challenge, once and for all. the myth of transparency, but furthermore, to define and generate a new ethics of translation. Such are the primary building blocks from which Translatology will develop in the future.
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What's the English for Approche floue?
Marilyn Gaddis Rose
pp. 379–387
AbstractFR:
L'auteur commence par s'interroger sur les difficultés d'une définition de la traduction et sur les inévitables variations qu'entraîneront les différentes perspectives. Donnant l'exemple d'un travail traductif à partir de l'expression « approche floue », proposée par Alexis Nouss, elle conclut à la nécessité d'une orientation à la fois rigoureuse et ouverte. Elle donne à cet égard trois exemples de classification possible du champ théorique : Europe/Amérique (linguistique/sciences humaines), empirisme (scientifique) / pragmatisme (subjectif) et approche traductologique de l'extérieur/approche de l'intérieur. En guise d'application, elle s'attache enfin à l'étude d'un cas : la réception en anglais de Jean-Paul Sartre, à propos de la traduction de son Idiot de la famille. Elle montre ainsi le développement du courant qu'elle baptise néo-littéralisme, nourri de deux modes d'écriture qu'elle désigne comme existentialisme et déconstruction, offrant comme nouvelle norme de traduction l'authenticité.
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Notes on the Epistemology of Translation Theory
Mariano García-Landa
pp. 388–405
AbstractFR:
La théorie de la traduction, qui commence par poser la question de savoir pourquoi ce texte-ci est la traduction de ce texte-là, doit se situer dans le champ conceptuel véhiculé par l'histoire millénaire du « sens ». Mais dans le paradigme philosophique actuel, il faut ajouter un autre principe épistémologique que l'auteur appelle le principe du deuxième objet, lequel établit une coupure cartésienne entre les objets des sciences naturelles et ceux des sciences sociales dans un dualisme seulement méthodologique car l'auteur pense que l'épistémologie du « deuxième objet » — et sa première pierre, qui est la théorie de la traduction — constituent la prima philosophia ou fondement de tout savoir.
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La traduction à quatre roues
Robert Larose
pp. 406–408
AbstractEN:
Translation has been associated to traitors, mirors, unfaithful women... and, more recently, to a large-scale means of mass transportation: the automobile. But is translation a four-wheel drive? How does one go about approching his/her object of inquiry, whether it be an automobile or translation? What are the access roads, the bumps and dead ends? Shouldn't researchers take a driver's seat approach to the open road? Finally, is translation merely a vehicule for traveling between places, or can it also be a metonymical figure for something else?
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Traduire, c'est à dire... Phénoménologies d'un concept pluriel
Jean-René Ladmiral
pp. 409–420
AbstractEN:
The author proposes a three-dimensional analysis, which he refers to as "trois phénoménologies distinctes", to discuss the thorny issue of defining translation. First, within the framework of a linguistic or semantic phenomenology, he looks at the different uses of the term "translation". Second, he uses a psychological phenomenology to examine the psycho-linguistic functions. Finally, he resorts to a philosophical phenomenology to study the parameters and the limits when it comes to conceptualizing translation.
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Towards a Taxonomy for the Study of Translation
Steven Tötösy de Zepetnek
pp. 421–444
AbstractFR:
Cet article propose une taxinomie pour l'étude de la traduction. Les bases théoriques en sont l'œuvre d'Anton Popovit (notamment son Dictionary for the Analysis of Literary Translation, 1976), la théorie du polysystème, ainsi que la théorie systémique et empirique. Le but en est d'offrir un cadre opératoire et fonctionnel afin d'étudier la traduction considérée comme un acte de communication au sein de la communication littéraire, elle-même considérée comme un sous-système de la communication sociale.
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Translating and Studying Translation: the View from the Agent
Daniel Simeoni
pp. 445–460
AbstractFR:
La mise à distance objectivante induite par le « regard éloigné » du chercheur ès-sciences humaines nostalgique des sciences naturelles et physiques classiques occulte le rapport nécessairement engagé et distant du chercheur à son objet, tel que ce rapport est inscrit dans l'étude savante des pratiques. La traduction et la traductologie sont deux de ces pratiques qui gagnent à être reconceptualisées de façon cohérente en s'inspirant de travaux sociologiques de type réflexif (Elias, Bourdieu) et de linguistiques structurales phénoménologiques du type « théories des opérations énonciatives ». Ainsi replacé au coeur du dispositif scientifique, le point de vue de l'agent assumé par le chercheur (i) assurerait la validité du projet traductologique, et (ii) tempérerait la fragmentation naturelle de l'interdiscipline en « îlots de connaissance » (Bruner), à l'image de ce qui s'est produit dans les autres sciences humaines.
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Pas de deux : le mésocosme de la traduction comme matrice d'une sémantique frontalière
Laurent Lamy
pp. 461–477
AbstractEN:
This paper deals with the idea that translation constitutes a reality sui generis, functioning as a manifold matrix sustaining a relation whose openness can not be mastered to form a closed system. Drawing from the core intuition of romantic Kunstsprache, the argument considers the paradoxical notion of nine Sprache put forth by Walter Benjamin, suggesting that its unsolved implications break towards a critical resistance to any semantic-saturation of the contact between tongues formed by diasporic process: the debt of the translator is an involvement towards a "survival" of this plural disclosure.
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Le préconscient traducteur
René Kaës
pp. 478–481
AbstractEN:
Freudian psychoanalysis suggests the existence of a mechanism for interpreting and signifying the reactions of others. For the author, this is a type of translation activity occurring in the preconscious, which he examines from the viewpoint of intersubjectivity, that is, as a vehicle for creativity and interpretation. His analysis is based on experiments of group interdiscursivity and of crosscullural encounters.
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Gratok. Langue de vie et langue de mort
Régine Robin
pp. 482–487
AbstractFR:
Ce texte s'inscrit dans la réflexion générale menée par l'auteur sur les relations entre identité et langue(s), mémoire et histoire, avec notamment ses deux dernières parutions : Le deuil de l'origine. Une langue en trop, la langue en moins (Presses de l'Université de Vincennes, 1993). Le naufrage du siècle (Berg International, 1995).
EN:
In this text the author pursues his reflection on the relationships between identity and language(s), and between memory and history, which she deals with in two recently published works: Le deuil de l'origine. Une langue en trop, les langues en moins (Presses de l'Université de Vincennes, 1993), and Le naufrage du siècle (Berg International, 1995).
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Is Ethnocentrism an Obstacle to Finding a Comprehensive Translation Theory?
Paul F. Bandia
pp. 488–496
AbstractFR:
La mondialisation de la communication et des échanges rend nécessaire une approche de la traduction, acte culturel, qui soit moins ethnocentrique et plus universelle, plus complète. Les débats qui opposent depuis longtemps les sourciers aux ciblistes n'ont fait qu'accentuer le penchant ethnocentrique de diverses écoles en traductologie. On remarque ainsi la faiblesse d'une approche cibliste dans la traduction entre deux univers culturels et linguistiques éloignés, dans le cas de la traduction d'une oeuvre africaine vers une langue européenne par exemple. Cet article a pour but de démontrer qu'il ne s'agit pas de favoriser l'une ou l'autre des approches, mais plutôt de trouver un compromis qui tienne compte de l'ensemble des objectifs communicatifs de l'oeuvre à traduire.
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L'ethnologue, le traducteur et l'écrivain
François Laplantine
pp. 497–507
AbstractEN:
Grappling with the issue of ethnography caught between identity and alterity. the author sets the limits and refutes the assertions of the dominant scientific model of rationality. He argues in favour of the use of language in keeping with the nature of the phenomena under study and socio-cultural diversity, citing as an example the "writing" of Latin America. Translation is therefore considered as a model for internalizing that which originates on the outside, without removing the traces of distance and difference, for complete equivalence does not exist. Like an ethnographer, the translator is confronted with a primary referent, whereas literature, translation and ethnography are used as an experiment of limits, as ways of approaching the Other and as the methodical ahandonment of identity as sameness.
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Comment le dieu biblique peut « aller au hasard » en hébreu mais pas en traduction
Henri Atlan
pp. 508–513
AbstractEN:
Medical doctor, biologist and professor in Paris and Jerusalem, the author has developed theories on the complexity and the self-organization of living organisms (Entre le cristal et la fumée, Seuil. 1979). Drawing on his profound knowledge of Jewish thought, the author has also studied the problems relating to bio-ethics as well as having analysed the existence of various fields of knowledge, thus confronting different models of rationality in their quest for truth (A tort et à raison. Seuil. 1986). In this article, he analyzes the polysemous nature and the philosophical implications of the concept of chance based on the translation of two verses in the hook of Leviticus, thus underscoring the hermeneutic virtues of translation, which are similar to those of scriptural commentary.
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Traduire ce que les mots ne disent pas, mais ce qu'ils font
Henri Meschonnic
pp. 514–517
AbstractEN:
Continuing his reflection and work on rhythm, the author shows how a poetics of translation can overcome the limits of a theory of sign based on the meaning/form dichotomy. As an alternative to this approach, which situates the poem and the translation in a logic of discontinuity, the author proposes that language and translation he reconsidered from the viewpoint of the continuity of discourse and the unity of rhythm. Consequently, translation consists in translating not what words say, hut what they do. As an example, the author applies this approach to the translation of the famous first two verses of Psalm 22.